Par Ousmane SOW –
Inaugurée hier, l’Ecole nationale de la marine est le dernier édifice militaire qu’il fallait construire. Elle vient compléter la carte scolaire des Armées : il y a l’Ecole de l’Armée de l’air, des sapeurs-pompiers, l’Ecole de guerre, des officiers, de l’Administration pénitentiaire,… Sans oublier l’existant comme l’Ecole nationale des officiers d’active (Enoa), l’Ecole nationale des sous-officiers d’active (Ensoa), l’Ecole nationale de police. Sous Macky Sall, les corps qui ne disposaient pas de centres de formation ont obtenu leur indépendance académique. Bref, le Sénégal veut obtenir sa propre souveraineté sécuritaire en formant sa propre élite militaire et paramilitaire.
Cette vision du Président est-elle liée à son passé de ministre de l’Intérieur ? Chez lui, il y a cet investissement dans les infrastructures et les ressources humaines, au-delà du budget toujours en hausse des Forces de défense et de sécurité, du recrutement massif d’agents, des revalorisations des indemnités, qui rappellent les urgences sécuritaires dans une sous-région agitée.
Goudiry, Fatick, Louga, Fongolimbi, Maka,… L’Armée et la gendarmerie procèdent depuis quelques mois à une réécriture de la carte sécuritaire en créant de nouveaux cantonnements militaires et brigades de gendarmerie. De l’Est à l’Ouest, du Nord au Sud en passant par le Centre, le maillage du territoire national est une réalité. Le camp militaire de Goudiry, situé à l’Est du Sénégal, à la frontière malienne, accueille le 4ème Bataillon de reconnaissance et d’infanterie de l’Armée. Par exemple, il permet, en liaison avec les autres forces de sécurité, de lutter avec plus d’efficacité contre l’insécurité et les menaces transfrontalières.
Qu’est-ce qui peut expliquer cette militarisation accélérée de plusieurs zones ? Evidemment, la situation explosive de la sous-région où se meuvent des terroristes pousse tous les pays à réajuster leur stratégie sécuritaire pour faire face aux menaces transnationales. Face à l’expansion du conflit malien dans la région du Sahel et la menace qu’elle pose aux régions côtières d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, il est évident de renforcer la capacité de réponses des soldats.
Macky Sall : «C’est un acte de souveraineté»
En perspective de l’exploitation des hydrocarbures, l’érection de l’Ecole de la Marine nationale constitue un recadrage stratégique. Sa création obéit aux mêmes impératifs sécuritaires pour une protection maximale de l’intégrité territoriale du pays, comme l’a souligné le chef de l’Etat dans son discours lors de l’inauguration de l’établissement hier. «Au regard des enjeux, ce renforcement considérable de capacités matérielles et logistiques de notre marine est un acte de souveraineté de première importance pour protéger notre sécurité et notre économie. (…) Il n’y a d’armée sans hommes et femmes qui incarnent son âme, sa force et son intelligence stratégique et tactique», note le Président Sall, qui annonce dès le début de l’année 2023, la livraison d’un navire dénommé le «Walo» doté de système extrêmement moderne et qui sera suivi de deux autres navires dans des séquences de six mois.