Parti de Wuhan en décembre 2019 dans la province chinoise de Hubei, le Coronavirus a frappé aux portes du Sénégal le 2 mars 2020.
Cette pandémie a fini par installer au plan mondial une double crise à la fois sanitaire et économique sans précédent, de l’avis de bon nombre d’observateurs.
Ainsi le Sénégal, à l’instar de la communauté internationale, connait un ralentissement économique du fait de la pandémie et le secteur de la microfinance est frappé de plein fouet.
Malgré leur profond ancrage dans l’écosystème financier avec ses 3 434 000 clients, son encours d’épargne de 363,9 milliards de F Cfa, et son encours de crédit de 440 milliards de Fcfa soit 10% du crédit à l’économie et 3,8% du Pib au 31/12/2019, les Sfd sénégalais sont profondément affectés par la crise.
Les principaux indicateurs sont à la baisse, le crédit et l’épargne, qui constituent les mamelles du secteur, ont reculé de plus de 20%. A côté de ces deux grandeurs s’ajoute la baisse drastique des envois des migrants.
Le Covid-19 a engendré des conséquences incommensurables qui se ramènent principalement à la baisse des dépôts, au retrait massif des épargnes, une montée des impayés, une baisse de la production des crédits et une perte énorme sur les produits financiers liée au report d’échéance.
Aujourd’hui, si l’Etat, dans le cadre du Plan de résilience économique et sociale Fonds Covid-19, ne perfuse pas ce secteur, ce sont des pans entiers de l’économie solidaire qui vont s’écrouler, avec des milliers de pertes d’emplois directs et indirects.
Certes, les 500 millions F Cfa du Fimf (01) pour les Sfd isolés et les 5 milliards logés au Fongip constituent une bouffée d’oxygène mais il faut un engagement plus fort au regard des enjeux et de l’importance du secteur dans «l’économie réelle», pour reprendre l’expression du président de la République dont il faut saluer le leadership et la clairvoyance dans la gestion de cette crise unique et cynique tant au niveau national qu’au niveau régional.
Au regard de son apport dans la bancarisation des populations, de son rôle moteur dans l’inclusion financière des femmes et des jeunes et sa contribution dans l’atteinte des Odd, le secteur de la microfinance mérite plus de considération de la part des autorités monétaires et politiques.
L’implication des Sfd dans la réalisation des politiques publiques en matière de financement de l’agriculture, du renforcement du pouvoir économique des femmes et l’entreprenariat des jeunes, n’est plus à démontrer. En effet des projets et programmes comme le Fongip, le Papej, le Padef Ej, le Fncf, le Padaer, la Der (02) pour ne citer que ceux-là, sont exécutés en partenariat avec les Sfd.
Il en est de même dans le domaine de la sécurité alimentaire avec le Pam (05) pour la distribution des bons alimentaires dans les régions les plus reculées.
Donc, il urge de la part de l’Etat et de la Bceao de revoir le mécanisme de refinancement du secteur et de considérer l’Apsfd (03) au même titre que l’Apbef (04) car les Sfd jouent leur partition dans l’émergence économique.
Mohamadou KANDE
Chef Service Marketing & Gestion
Performance Sociale
Uimcec-Sénégal
mkande2000@gmail.com
1-FIMF : Fonds d’Impulsion de la Microfinance
2- FONGIP (Fonds de Garanti des Investissements Prioritaires), PAPEJ (Projet d’Appui à ‘Entreprenariat et l’Emploi des Jeunes), PADEF EJ (Projet d’Appui au Développement de l’Entreprenariat Féminin et de l’Emploi des Jeunes), FNCF (Fonds National Crédit Femmes), FNPF(Fonds National de Promotion de l’Entreprenariat Féminin), PADAER (Projet d’Appui au Développement Agricole et de l’Entreprenariat Rural), DER (Délégation à l’Entreprenariat Rapide)
3-APSFD : Association Professionnelle des Systèmes Financiers Décentralisés
4-APBEF : Association Professionnelle des Banques et Etablissements Financiers
5-PAM : Programme Alimentaire Mondial
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