«Le Parquet lorsqu’il a requis, je pensais qu’il était pris par l’effet du Ramadan», a raillé Me Bamba Cissé de la défense. Une peine de 2 ans de prison dont 3 mois ferme venait d’être requise contre son client, Mouhamadou Moustapha Falilou Tall. Le prévenu a été condamné à 2 ans de prison avec sursis pour extorsion de fonds. Il doit allouer à la partie civile 3 millions de francs de dommages et intérêts.
Le mis en cause a été attrait à la barre par le père de son ex-copine, M. C. K, âgée seulement de 15 ans. Les deux sortaient ensemble dans le cadre d’une relation amoureuse. En 2017, le papa de la fille qui devrait se rendre en France lui avait laissé la somme d’un million de francs Cfa. Et M. C. K offrira le montant à son copain sans hésiter. Chaque semaine, elle graissait Mouha­madou M. F. Tall de 150 mille francs, parfois 200 mille francs. Au fil du temps, elle couvrait son garçon de «cadeaux» de luxe : deux iPhone 6, un iPhone 8, un iPad, des bijoux en or. Un préjudice estimé à 4 millions de francs Cfa. Pour que Tall soit arrêté par la gendarmerie, le papa s’est fait passer pour sa fille en demandant au prévenu de venir récupérer la somme de 400 mille francs.
«Au début, il n’y avait pas de menace. C’est lorsque je lui ai envoyé une photo sur Snapchat qu’il a commencé à me menacer. Il me menaçait de la divulguer», a laissé croire M. C. K. Selon elle, c’est après qu’elle a mis fin à leur relation que son copain a commencé à exercer une pression sur elle. Sous la contrainte, dit-elle, elle donnait le matériel au garçon. Mais selon le prévenu, la dernière et seule fois qu’il a proféré des menaces c’est lorsqu’il a dit à la fille : «Vous avez 30 mn pour vous exécuter, sinon ça sera le pire» écrivait-il. Il a déclaré avoir menacé d’envoyer l’image peu orthodoxe au frère de la victime. «Vous êtes bien entretenu. 4 millions de francs Cfa comme ça dans une relation», ainsi s’adressait le représentant du ministère public au prévenu.
A la question de savoir pourquoi avez-vous préféré garder la photo ? Tall dira : «je l’ai gardée, parce que je m’attendais pas à cette situation», faisant référence à la rupture de leur relation, décrétée par la fillette qui ne pouvait plus supporter de voir son copain sortir avec d’autres filles. «Elle était amoureuse de moi, mais je ne l’aimais pas», a soutenu l’élève en classe de Terminale à l’école Lucie Leclerc. Surprise, M. C. K écarquille les yeux. Mains croisées, elle effectue un petit mouvement pour fixer un coup d’œil à son ex.
L’avocat de la partie civile, Me Arona Basse, a fait savoir que les faits sont rigoureusement assis, indiquant que sa cliente a été victime d’un préjudice financier, mais aussi moral. Pour toutes causes et préjudices subis, il a réclamé la somme de 30 millions de francs. La défense avait plaidé une application extrêmement bienveillante de la loi pénale.