Il ne faut pas s’étonner qu’il y ait des perturbations durant cette année scolaire, qui vient d’être entamée. C’est la conviction de l’Useq, qui dans une déclaration, dénonce «l’absence d’une vision d’anticipation sur les problèmes et le déficit de volonté politique du gouvernement». Cette organisation, qui regroupe six syndicats d’enseignants, va déposer un préavis de grève dans les prochains jours pour amener le gouvernement à réagir.

L’Union syndicale pour une éducation de qualité (Useq) constate que la rentrée s’est effectuée sous de mauvais auspices. L’organisation, qui regroupe six syndicats (Sudes, Uden, Saes, Sypros, Sels, Sneel-Cnts), soutient que «de lourdes hypothèses pèseront sur le déroulement correct de l’année scolaire et universitaire». L’Useq, qui prédit «une situation explosive», dénonce «l’absence d’une vision d’anticipation sur les problèmes et le déficit de volonté politique du gouvernement». Dans un communiqué, l’organisation renseigne que «Ubby tey jang tey dans l’élémentaire, le moyen et le secondaire a été quasiment réduit à un slogan creux en l’absence de mesures fortes d’accompagnement de la part de l’Etat et des collectivités territoriales». Dans l’enseignement supérieur public, elle constate que «les 57 130 bacheliers attendent toujours leur orientation dans les 8 universités publiques en proie depuis des années à des difficultés de tous ordres : insuffisance notoire d’infrastructures d’accueil au plan pédagogique et social, d’enseignants-chercheurs, sureffectifs d’étudiants, budgets insuffisants etc.». Analysant la situation, les membres de cette organisation soutiennent que «tout porte à faire croire que les belles déclarations solennelles des autorités en faveur de l’éducation et de la formation ne sont en fait que de la poudre aux yeux». L’Useq ne comprend pas qu’en dépit «des conclusions consensuelles des concertations nationales sur l’éducation et la formation et les engagements internationaux du gouvernement dont entre autres, la réalisation de l’Odd 4, qu’il persiste depuis des années, un net recul dans le recrutement d’enseignants qualifiés (en français et arabe), des inspecteurs de l’éducation et d’enseignants-chercheurs». Cela «au moment où c’est la massification dans les cycles d’enseignement». Cette organisation syndicale, qui fustige ainsi le «déficit structurel de plus de 30 000 enseignants», informe qu’il en résulte «une politique de bricolage par le recours à des solutions de pis-aller comme la multiplication des classes à double flux et classes multigrades, les réductions horaires dans des disciplines fondamentales, des fermetures de classes». Ce qui est plus grave, d’après les syndicalistes, c’est le recours à des répétiteurs qui suppléent les maîtres titulaires absents. D’après l’Useq, cette situation va conduire à «la crise des apprentissages, c’est-à-dire le faible niveau d’acquisition des connaissances et des compétences par le plus grand nombre d’élèves». Dans le supérieur public, l’organisation dénonce «le recours massivement aux jeunes vacataires surexploités, méprisés et démotivés». A ces problèmes s’ajoutent, «les chantiers d’infrastructures d’accueil et d’équipements dans toutes les universités publiques en souffrance depuis plus cinq ans, les abris provisoires qui continuent de meubler l’espace scolaire national». Pour les six syndicats de l’Useq, l’attitude des autorités traduit «une politique de sabotage et d’abandon de l’Ecole et de l’Université publiques». Ils appellent ainsi le gouvernement à changer «impérativement de cap, par respect pour les engagements librement pris devant le Peuple et la communauté internationale en matière d’éducation et de formation».

«Une politique de sabotage et d’abandon de l’Ecole et de l’Université publiques»
Par ailleurs, les syndicalistes fustigent «le dilatoire et les louvoiements quant à la mise en œuvre intégrale des points essentiels du protocole d’accord de 2014, revu avec de nouvelles échéances notamment, le 30 avril 2018». Ils constatent ainsi, «la persistance des lenteurs administratives qui bloquent les perspectives de carrière de dizaines de milliers d’enseignants, l’incurie du gouvernement à formuler sur la base de l’étude qu’il a commanditée, des propositions pertinentes, courageuses et objectives de correction des inacceptables distorsions en vue d’un système de rémunération rénové, équitable». Considérant ainsi que «la défense conséquente et intransigeante de l’Ecole et de l’Université publiques est devenue un impératif historique incontournable», l’Useq a décidé de déposer un préavis de grève dans les jours à venir.
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