Supprimer la rubrique «Appartenance syndicale» des fiches de renseignements et autres documents administratifs concernant les enseignants : C’est ce qu’exige le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants (Sudes) au ministère de l’Education nationale. Selon le Sudes, ce recensement est une grave menace pour les libertés syndicales.
Le Syndicat unitaire et démocratique des enseignants du Sénégal (Sudes) dit avoir constaté «l’organisation, par le ministre de l’Education nationale, d’une enquête nationale sur l’appartenance syndicale ou la non syndicalisation de chaque enseignant (e)». Dans un communiqué, cette organisation informe que «sur toutes les fiches de renseignements sur le personnel, dans le cadre du recensement exhaustif du personnel à tous les niveaux, il existe désormais une rubrique «Appartenance syndicale»». Le Sudes qui fustige cette attitude s’interroge sur l’importance de connaître l’appartenance syndicale des travailleurs. «L’identification de l’appartenance syndicale de l’agent est-elle utile, voire indispensable dans la gestion administrative du personnel enseignant ? En d’autres termes, quelle est la pertinence d’un tel recensement pour disposer des outils de gestion efficace du personnel ?», a-t-on demandé. Partant de ce constat, le Sudes «exige du ministère de l’Education nationale la suppression à jamais de la rubrique ‘’Appartenance syndicale‘’ dans les fiches de renseignements et autres documents administratifs». «Un tel recensement, quelle qu’en soit la motivation, est en effet une grave menace pour les libertés syndicales acquises de haute lutte», a-t-on fait savoir.
Pour les camarades de Amadou Diaouné, «ce genre de recensement rappelle la gestion politico-clientéliste du personnel qui a prévalu dans le système éducatif au cours des décennies 1970 et 1980». Dans son document, le Sudes considère «que les enquêtes administratives actuelles sur l’appartenance syndicale ou la non syndicalisation de l’enseignant sont susceptibles d’ouvrir la voie à de graves dérives dans la gestion du personnel comme le clientélisme, le favoritisme, l’ostracisme et la discrimination, en somme, des injustices plus ou moins voilées, attentatoires aux libertés syndicales». Dans la même veine, les syndicalistes rappellent que «l’expérience historique, de par le monde, atteste que tout recensement administratif pour identifier sur la base de la race, de l’ethnie, de la religion, mais aussi de l’appartenance politique et syndicale est tout naturellement suspect» parce que, souligne-t-on, «potentiellement porteur de diverses formes de discrimination inacceptable dans l’exploitation des résultats».
Par ailleurs, il est précisé dans le document que «l’enquête administrative sur l’appartenance syndicale est contraire à l’esprit des dispositions pertinentes des conventions de l’Organisation internationale du travail (Oit)». «Il s’agit entre autres de la Convention 98 sur le droit d’organisation et de négociation collective, de la Convention 151 relative à la protection du droit d’organisation et les procédures de détermination des conditions d’emploi dans la Fonction publique. Ces conventions protectrices des libertés syndicales stipulent que ‘’les organisations d’agents publics doivent bénéficier d’une protection adéquate contre tous actes d’ingérence des autorités publiques dans leur formation, leur fonctionnement et leur administration’’», a-t-on expliqué.
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