Education – Financement pour développer l’alphabétisation au Sénégal : La diaspora invitée à mettre la main à la poche

Avec l’absence de partenaires financiers et une faible part qui lui est réservée dans le budget de l’éducation, l’alphabétisation est sous-financée. La Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Sénégal (Cnept) soutient que l’heure est venue de repenser le financement du secteur en ciblant la diaspora. Pour y arriver, il est prévu panel à Paris sur la question le 7 septembre prochain dont la Cnept est co-organisatrice.Par Amadou MBODJI –
La Coalition nationale pour l’éducation pour tous au Sénégal (Cnept) dont le président est Silèye Gorbal Sy, est en train de voir comment trouver un financement alternatif au développement de l’alphabétisation au Sénégal confrontée à un faible budget dans l’éducation et l’absence de projets pour accompagner son essor, comme ce fut le cas auparavant avec des projets financés par la Banque mondiale et le Canada. Avec cette nouvelle réalité, la Cnept est convaincue que la diaspora constitue une partenaire qui pourrait aider à financer et booster le développement de l’alphabétisation, «levier de développement» pour le Sénégal. «C’est pourquoi nous sommes en train de voir d’autres moyens, d’autres voies de financement de l’alphabétisation. C’est dans ce cadre que nous organisons ce panel à Paris, pour sensibiliser nos parents qui sont là-bas, la diaspora qui a des moyens qu’elle peut investir dans l’alphabétisation. Parce que si vous constatez ici, ils investissent beaucoup dans d’autres domaines, dans l’immobilier, dans beaucoup de choses, mais pas dans le secteur de l’éducation», soutient Silèye Gorbal Sy, président de la Cnept, lors d’une conférence de presse. C’est ainsi que la Cnept compte sensibiliser la diaspora sur l’importance de financer l’alphabétisation au Sénégal, à travers un panel prévu le 7 septembre. Il sera co-organisé avec l’association l’Union de lutte contre la pauvreté de France en perspective de la célébration, le 8 septembre par la Communauté internationale, de la Journée internationale de l’alphabétisation. «Ça a contribué à réduire le taux d’analphabétisme, 5% par an. Et le Sénégal était très en avance sur la réduction du taux d’analphabétisme en Afrique. C’est pourquoi nous étions cités en exemple. Mais ces dernières années, il y a quand même un recul parce qu’il n’y a plus de financement de l’alphabétisation et l’Etat ne met pas beaucoup de moyens dans l’alphabétisation», argue M. Sy. Il précise : «L’Etat met beaucoup de moyens dans l’éducation, mais pas dans l’alphabétisation. Si vous prenez le budget de l’éducation, ce sont plus de 500 milliards. Mais dans le budget de l’éducation, vous n’avez même pas 2% pour l’alphabétisation. Et pourtant, la Conférence de Bamako avait recommandé que chaque pays consacre au moins 3% de son budget de l’éducation à l’alphabétisation. Ce qui fait qu’il n’y a plus de programme comme par le passé.» Le président de la Cnept, qui fait un plaidoyer, demande qu’«1% du budget de l’éducation soit accordé à l’alphabétisation». Elle ne «bénéficie que d’une enveloppe de 800 millions de nos francs», note Bassirou Kébé, membre de la Cnept.
Cette dernière espère «des propositions dans le contenu et les curricula qui vont intégrer nos langues nationales». La Cnept milite pour l’enseignement des langues nationales dans les programmes scolaires en application de la sixième recommandation des Assises de l’éducation, qui «est relative à l’alphabétisation». «Il a été demandé dans ces recommandations qu’on renforce l’alphabétisation et les langues nationales au Sénégal. Ça fait partie des conclusions des Assises. Maintenant, on ne peut pas renforcer l’alphabétisation et nos langues sans pour autant promouvoir nos langues et les enseigner dans les écoles», fait savoir M. Sy. L’objectif est d’en finir avec «cette féminisation de l’alphabétisation», si l’on en juge les membres de cette coalition en parlant du taux d’analphabétisme au Sénégal qui est à «54, 6%». «Dans ce taux-là, plus de 60 à 70% sont des femmes, il y a une féminisation de l’analphabétisme. Et le lien, il y a une féminisation de la pauvreté au Sénégal. Et on dit souvent que l’analphabétisme est la cause et la conséquence de la pauvreté», fait remarquer Bassirou Kébé.
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