Dans le cadre de la journée morte décrétée par Aar sunu élection, les syndicats d’enseignants vont paralyser, ce mardi, l’Ecole sénégalaise pour dénoncer le report de la Présidentielle. Par Dieynaba KANE –
Aar sunu élection a appelé à une journée morte aujourd’hui pour exiger le strict respect de la légalité constitutionnelle et du droit des citoyens. Dans ce cadre, les syndicats, qui font partie de cette plateforme, vont observer une journée de grève. Ce n’est pas seulement l’école qui est concernée. Toutes les organisations professionnelles membres de la plateforme ont décrété, ce mardi «27 février 2024, journée villes mortes sur toute l’étendue de territoire national, en guise de protestation contre la confiscation de la volonté populaire». «Les syndicats membres de la plateforme appellent également à une journée de grève générale et invitent tous les citoyens au strict respect du mot d’ordre», ont déclaré les membres de cette plateforme lors d’une conférence de presse.
Dimanche, les soubresauts qui ont suivi le report de la Présidentielle étaient au cœur d’une rencontre axée sur la pacification et la sécurité du pays, notamment dans les écoles et les universités. Dans un document commun, le Cusems, le Saems, le Sels, l’Uden, le Snelas-Fc, le Siens et la Cosydep «ont formulé des recommandations urgentes et consolidantes». Lesdites organisations ont ainsi demandé de manière urgente, «en vue de contribuer à dépasser la crise socio-politique actuelle», au Conseil constitutionnel, «d’assumer, en toute responsabilité, conformément aux attentes des Sénégalais, son rôle d’arbitre sage, indépendant et éclairé, pour faire respecter sa décision d’organiser l’élection présidentielle dans les délais prévus par la loi fondamentale». De même, il lui est recommandé de «préserver la crédibilité, la légitimité ainsi que la transparence du processus électoral». Pour ce faire, indiquent les signataires dudit document, «le président de la République, gardien de la Constitution, est invité à renforcer davantage l’autorité du Conseil constitutionnel, seul repère stable dans ces moments troubles». Il est aussi «invité à respecter et à faire respecter les délibérations». S’agissant des acteurs politiques et candidats, les membres de ces organisations attendent d’eux qu’ils s’engagent «pour un respect strict des délibérations et à décliner leurs ambitions pour l’éducation». Se projetant sur l’avenir, les acteurs de l’éducation «demandent aux candidats à cette élection présidentielle de s’engager en cas de victoire à consolider les fondements de la démocratie sénégalaise, à œuvrer à une dépolitisation de l’Administration publique, à refonder l’Ecole et l’Université conformément aux aspirations du Peuple». En outre, il est aussi attendu du prochain Président élu qu’il renforce «significativement la résilience du système en termes de sécurité des infrastructures, de mise aux normes des établissements, de protection des apprenants et des personnels». «En vérité, des écoles sous abris provisoires, sans murs de clôture et sans gardiens ne résistent pas aux crises», ont-ils relevé dans le document.
Les auteurs du document rappellent que «les expériences démocratiques vécues par les organisations syndicales, à travers l’organisation réussie d’élections de représentativité depuis 2011, démontrent à suffisance qu’elles peuvent valablement inspirer la classe politique dans la production de réponses pertinentes aux différentes problématiques auxquelles le pays est confronté dans le cadre de cette crise». Selon eux, les crises passées et les conséquences sur le système éducatif justifient «à suffisance, la nécessité d’organiser la famille de l’éducation en vue d’engager une analyse situationnelle objective, d’impulser une dynamique de dialogue inclusif pour la production d’évidences, de bâtir des positions concertées sur les enjeux de l’heure et de formuler des recommandations urgentes sur la crise que traverse la République». Par ailleurs, ces acteurs de l’éducation «encouragent les mesures de dégel qui sont prises avec l’autorisation de manifestations citoyennes et la libération de prisonniers dits politiques parmi lesquels des enfants et jeunes». Concernant ces derniers, ils estiment qu’ils «doivent bénéficier d’un dispositif de prise en charge psycho-sociale et de mesures pour l’effectivité de leur droit à l’éducation». En outre, prenant «acte du retour des enseignements en présentiel à l’Ucad», ils signalent «l’urgence de prendre les dispositions idoines pour combler les lacunes et dissiper l’angoisse des nouveaux bacheliers». Déplorant «la longue période de campagne électorale permanente», ils appellent à la dépasser «afin d’adresser d’autres priorités et d’assurer le fonctionnement normal de l’institution scolaire et universitaire». Dans ce cadre, «les acteurs de l’éducation s’engagent à lancer des messages publics pour une union sacrée autour de la protection et de la sécurité des écoles, des élèves, des étudiants et de leurs enseignants».
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