A quelques jours de la rentrée scolaire, l’Education nationale a un nouveau ministre après la mise en place du gouvernement. Interrogés sur ce changement, les secrétaires généraux du Sels et du Sels/A ont défini leurs attentes pour un climat apaisé.Par Dieynaba KANE –

Cheikh Oumar Anne, qui quitte l’Enseignement supérieur pour l’Education nationale, a fait réagir certains syndicalistes. Avec la hausse des salaires dans le secteur, l’année scolaire qui arrive devrait être apaisée. Si le Secrétaire général du Sels a d’emblée précisé n’avoir pas «d’appréhension sur le nom des ministres», il reste encore quelques doléances à satisfaire. Pour Hamidou Diédhiou, l’essentiel c’est de rester dans la logique du respect des accords signés et les projets entamés. Et le Secrétaire général du Sels de lister ses attentes : «Nous nous attendons à ce que les questions résiduelles sur la table du ministre de l’Education nationale soient réglées, qu’il reste ouvert à la négociation, au dialogue, accessible par rapport aux questions qui concernent le système éducatif, qu’il travaille à ce que le dispositif de dialogue social ne soit pas rompu.» Outre le ministre de l’Education nationale, le syndicaliste a lancé aussi un message aux autres ministres comme ceux de la Fonction publique, des Finances et du Budget. «Pour nous, s’ils sont sur ces axes, l’Ecole sénégalaise en tirerait le maximum de profit, parce que ça nous permettra d’anticiper sur les difficultés et ça permettra, s’il y a une question fondamentale qui se pose, de l’adresser et de trouver solution. L’objectif pour tout le monde étant d’arriver à une école apaisée», a-t-il déclaré.

Convaincu que l’Etat est une continuité, M. Diédhiou affiche son optimisme.
«Le président de la République, qui a suivi les troubles que l’école a connus l’année dernière et qui a participé à la décrispation de la situation, a pris le soin de rappeler à chacun, le défi qui l’attend dans son secteur et les enjeux. Nous considérons que la continuité de l’Etat va aider, encore que dans les différents ministères, les techniciens, les directeurs sont là, ils doivent pouvoir les mettre à profit afin qu’ils contribuent à trouver des solutions aux problèmes», a-t-il confié. Et d’avertir : «Nous sommes favorables à un climat apaisé, cela a été une des priorités du ministre sortant, Mamadou Talla. Si Cheikh Oumar Anne en fait une priorité, il faudra matérialiser les choses dans les actes. Il ne sert à rien, devant les syndicats, de jouer aux politiciens ou au plus rusé. Il faut poser les problèmes sur la table et y trouver des solutions.»

Faty : «L’école devrait être soustraite des pratiques politiques politiciennes»
Si le Secrétaire général du Sels s’est montré optimiste face aux changements, ce n’est pas le cas de son collègue du Sels/A. Abdou Faty regrette la nomination d’un nouveau ministre à la tête de ce département à quelques jours de la rentrée scolaire. Le Secrétaire général du Sels/A aurait souhaité que l’Education, qui est un département stratégique, soit épargnée «des jeux de siège». «A quelques encablures de la rentrée, changer un ministre comme celui de l’Education nationale, c’est bouleversé tout un système. On n’a pas fait de Crd de rentrée, le secteur de l’éducation est conflictuel. Le ministre Talla a réussi à bâtir un dialogue avec les acteurs», a-t-il déploré. Pour lui, «l’Ecole devrait être soustraite des pratiques politiques politiciennes». Au-delà de cet aspect, le syndicaliste émet des réserves sur la continuité des chantiers engagés avec le ministre sortant.

«Ensemble on s’était engagé à des réformes en profondeur par rapport aux curricula, au programme pour la gestion des enseignants. Maintenant est-ce que le nouveau ministre va s’approprier tout cela ? Dans le secteur de l’Education, on a besoin que ça aille vite. Est-ce que ce monsieur va s’adapter, le temps de changer de cabinet ? L’Education est une priorité et une priorité doit être gérée de manière prioritaire», a-t-il fait savoir. Tout comme M. Diédhiou, Abdou Faty attend beaucoup du nouveau gouvernement. Ainsi le secrétaire général du Sels/A veut «que les questions résiduelles sur l’Education nationale, relatives au protocole d’accords, soient réglées». A la tutelle il demande : «Que le ministre soit notre porte-parole devant le gouvernement sur des questions qui touchent la Fonction publique, le ministère des Finances et celui de l’Urbanisme.»

Rappelant les premiers mots du Pm soutenant que c’est un gouvernement de combat qui est mis en place, M. Faty souhaite que cela se matérialise «sur le plan de la dématérialisation des actes administratifs». «Comme d’habitude, quand il y a changement de gouvernement, tous les actes administratifs retournent à l’initiateur et le circuit administratif est trop long. Ce que nous attendons d’eux c’est qu’ils nous montrent que c’est un gouvernement de combat en trouvant des alternatives à ces actes qui vont revenir à la case départ. Sinon on va retomber dans le cercle vicieux des lenteurs administratives qui nous a valu des mois de grève. Le ministre de l’Urbanisme qu’il fasse moins de débat et qu’il soit à la pratique. Depuis des mois, nous l’attendons sur le terrain des actes de délibération des actes qu’il doit nous céder», a-t-il alerté.
Pour sa part, Abdou Faty soutient qu’en tant que syndicalistes, «en temps opportun», ils se positionneront et dénonceront «publiquement s’il y a des lenteurs dans l’exécution des projets entamés avec son prédécesseur».
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