Election à la tête des instances fédérales du basketball et du football – Deux hommes : un même but, deux stratagèmes différents

(La manière d’obtenir vaut mieux que ce que l’on obtient)
Dans une semaine pour l’un (le 22 mai 2021), dans trois mois pour l’autre (août 2021), ils vont tous les deux rempiler au poste de président de Fédération des deux disciplines phare de notre sport qu’ils occupent, pour le premier depuis 8 ans et pour le second depuis 12 ans. Pour quels résultats ? Aucun trophée continental si ce n’est pour le premier, une seule Coupe d’Afrique des Nations féminine de basketball remportée en 2015 aux dépens du Cameroun. Malgré les dissensions et divisions créées en leur sein, ainsi que les vagues de désapprobation d’une frange de la population, suscitées par leurs candidatures, ils vont se représenter tout de même. Cette outrecuidance, ils la tiennent tous les deux d’un discours clair-obscur de la tutelle sur la question, et d’un contexte politique caractérisé par un doute sur les intentions du président de la République à vouloir se représenter ou non pour un troisième mandat.
Dans un tel contexte, on comprendrait aisément que la tutelle ne puisse trancher la question en leur demandant d’arrêter leurs funestes entreprises que ni la démocratie ni la moralité, ni l’équité encore moins une quelconque justice ne trouvent louables. Or l’éventualité d’une troisième Présidentielle, sujette à des interprétations qui devront être tranchées par le Conseil constitutionnel, ne devrait en aucun cas être un obstacle pour le ministère des Sports pour dire : Arrêtez !
Effectivement, futés qu’ils sont, nos deux hommes semblent vouloir s’engouffrer dans cette brèche ouverte par l’éventualité d’une troisième candidature du Président. Ce comportement opportuniste n’a pas manqué de susciter deux interrogations auprès de l’opinion : i) Où se trouve la décence ? ii) Que vaut la parole donnée ?
En effet, si le second, le «footballeur» peut se prévaloir d’une légalité qui lui vient du fait que les textes ne le lui interdisent pas, le premier, le «basketteur», quant à lui, devra sa candidature à un tripatouillage des textes qui fait sauter le verrou de la limitation des mandats à deux.
Aussi, il ne fait l’ombre d’aucun doute que dans un tel contexte ils vont remporter ces élections haut la main. La hargne et l’outrecuidance avec lesquelles leurs affidés défendent leurs funestes projets dans les médias suffisent pour le démontrer. Aucun moyen ne sera de trop pour arriver à leurs fins. Pourquoi en serait-il autrement, au regard de tout ce que cela leur a valu en termes de reniement et d’avidité ? Comme d’habitude, c’est le pauvre peuple, le citoyen-contribuable qui attend, depuis 1986, des succès continentaux majeurs, en football comme en basketball masculin, qui trinque une fois de plus, et devra prendre son mal en patience. C’est le lieu de dire que l’injustice et les faux consensus ne généreront ni l’unité des cœurs ni l’union sacrée autour de nos formations nationales, encore moins la stabilité, l’argumentaire principal de la tutelle.
Témoins des pratiques et comportements de nos dirigeants depuis Caire 86, nous ne saurions rester insensibles à toutes ces manœuvres qui ne servent que des intérêts particuliers, au détriment du général et n’augurent rien de bon.
Le sport est un facteur d’intégration sociale et ne saurait être circonscrit sur le seul périmètre des instances fédérales qui ne sont que des délégataires des pouvoirs publics, lesquels sont eux-mêmes des mandataires du peuple.
Sous ce rapport, rien ne doit se faire au «nez et à la barbe» du peuple épris de valeurs démocratiques et de justice sociale.
Aussi, nous ne désespérons pas d’interpeller la plus haute autorité de ce pays, le président de la République, pour qu’il mette fin à ces projets qui sont aux antipodes de l’intérêt national et ne feront que générer des frustrations, susceptibles de déteindre sur la candidature de la majorité présidentielle en 2024.
Au total, l’ensemble des disciplines sportives dont l’organisation et le déroulement sont encadrés par des fédérations pose un regard profond sur le processus au moyen duquel les instances du football et du basketball tiendront leur Assemblée générale respective.
Mamadou FAYE
Grand-Yoff