Le souverainisme monétaire, alimentaire, énergétique ou autre logomachie réactionnaire, n’est qu’un discours emprunté, démodé, pseudo nationaliste et destiné à plaire aux masses faute de programme sérieux, comme si nous étions au début des indépendances, dans nos micro-Etats réducteurs. Ce discours politique néo-souverainiste est lamentablement utilisé par une catégorie de candidats surréalistes imposés à l’élection présidentielle du 24 mars 2024. Ce souverainisme populiste traduit une escroquerie politique grossièrement mensongère, à l’image de Joseph Goebbels qui disait : «Plus le mensonge est gros, plus il passe.»
Tous les candidats qui utilisent la thématique néo-souverainiste de la monnaie, sont dans la pure phraséologie mystificatrice, irréaliste et anhistorique ; c’est comme si on nous disait que l’Uemoa devrait disparaître dans un proche avenir, ainsi que toutes les entités d’intégration économique que nos Etats ont patiemment mises en œuvre pour vaincre la balkanisation de l’Afrique, qui est le véritable frein au développement (Omvs, Omvg, Cilss, Cedeao, etc.)
La monnaie n’est principalement qu’un moyen d’échange, un réservoir de valeur et une unité de compte. En tant que tel, elle doit avoir un pouvoir d’achat international, si bien que sa crédibilité dépend de la  capacité d’un Etat à financer ses importations par ses exportations en dégageant un surplus pouvant constituer des réserves en devises. Autrement dit, de l’existence d’une balance des paiements excédentaire. Les échanges internationaux dépendent des dotations factorielles des pays au monde en ressources et en technologies, et donc des offres et demandes internes et internationales sur les biens et services. Il n’y a pas d’Etat autarcique, au point que le commerce international a toujours régenté les relations économiques entre les nations au monde depuis Mathusalem. Si nous prenons nos Etats balkanisés en Afrique de l’Ouest, notre salut se trouve dans une monnaie commune régionale ouest-africaine, avec nos micro-Etats réducteurs où seule l’intégration économique régionale et continentale  africaine constitue la seule véritable issue viable. Cette attitude constitue la meilleure approche pour aller vers l’unité économique et politique du continent africain et pouvoir ainsi bénéficier des phénomènes d’économie d’échelle et d’une meilleure allocation des ressources.
Le souverainisme populiste ravageur est anachronique dans le contexte d’une économie mondialisée et d’une volonté des  Etats africains  de construire une Zone de libre-échange continentale (Zlecaf). Le mal-développement de la plupart des pays africains vient plus de la faiblesse des structures productives nationales que de l’existence d’une monnaie commune reliée à l’euro par une parité fixe qui, au demeurant, pourrait être ajustée, car c’est l’économique qui précède la monnaie. Nous ne sommes plus dans le temps des résistances à une néo-colonisation virtuelle. Nous sommes dans le temps des unions économiques des Etats du continent, du co-développement et d’un partenariat mutuellement bénéfique où le protectionnisme, qui s’apparente à la xénophobie, n’a pas sa place. L’Afrique espère ainsi mettre fin à une histoire de plusieurs décennies de balkanisation, avec 84 000 km de frontières qui sont autant de murs qui séparent les Africains des Africains, pour faire retrouver à notre continent les espaces homogènes précoloniaux.
Ces individus de la 25ème heure qui parlent de souverainisme monétaire, ne sont que des aventuriers dont il faudrait beaucoup se méfier.
Kadialy GASSAMA
Economiste
Rue Faidherbe X Pierre Verger
Rufisque