Seydou Sané porte deux casquettes : président du Casa Sports et homme politique. Ancien adjoint au maire de Ziguinchor, il dissèque, dans la deuxième et dernière partie des Marches du Quotidien, la situation politique à Ziguinchor, ses relations avec Ousmane Sonko, les Législatives, la tension et violence politiques dans le pays,… Sans langue de bois, il dit tout !Parmi vos frustrations, il y a le fait que le Casa joue sa finale sans la présence des élus locaux ?

Je me suis senti seul un moment, il faut le reconnaître …. A un certain moment, il y a quelqu’un qui me demande : «Mais Sané, est-ce que tu ne vas pas laisser la politique ?» Je lui réponds : «Qu’est-ce que la politique d’ailleurs ?» Ce que je fais, c’est de la politique. Gérer une équipe, ce n’est pas de la politique ? Il y a la politique sportive, culturelle, économique, sociale. Aujourd’hui, la plupart des présidents de club sont des hommes politiques. Le maire de Louga, il est président de Ndiambour, le maire de Kaffrine, Abdoulaye Seydou Sow, dirige Asc Kaffrine, le maire de Gorée est le président de la Fédé. Je peux vous en citer mille. Chaque fois que je parle, on dit que c’est politique, je ne dois pas parler.

Est-ce que ce n’est pas lié à la région ?
Non ! Est-ce qu’il y a une politique réservée à une région ? On doit se comporter à Ziguinchor différemment à Louga où le président de Louga est ministre. Personne n’en a jamais parlé.

Peut-être parce que vous n’avez pas la même casquette politique que votre maire ?
J’étais là avant lui. Je suis président du Casa Sports depuis 2014. Bien en avant qu’il ne soit maire.

Peut-être que le Casa n’a pas eu un président politicien avant vous ?
Si. Mon prédécesseur est politicien. Nouha Cissé, il est d’And Jëf.

Vous avez reçu la prime de la mairie ?
Non pas encore. On a reçu l’annonce de la prime.

Mais est-ce que vous attendez plus de Ousmane Sonko que de Abdoulaye Baldé que vous avez eu à côtoyer ?
Tantôt j’ai dit que j’opte pour l’autonomie financière. Je ne veux pas rester là à attendre des choses que je ne maîtrise pas. C’est vrai, il (le maire) a exprimé la volonté de nous soutenir avec 20 millions. J’ai salué ce geste, s’il s’accomplit, je vais le remercier. Au­jourd’hui (l’interview a eu lieu mardi dernier), nous allons partir avec la Coupe à Ziguinchor, je vais passer à la Gouvernance, passer à la mairie, au Conseil départemental. Parce que le chef de l’Etat l’a fait quand le Sénégal a gagné la Can. Il a invité tout le monde. Tout le monde est venu toucher le trophée quelles que soient les sensibilités des gens. Donc moi, je vais le faire, je vais dire à M. le maire : «Nous étions en mission, nous sommes revenus de la mission, voilà ce que nous avons rapporté de la mission, je donne la Coupe, je m’en vais.» Et pour les questions politiques, on se trouvera sur le terrain politique.

Par rapport aux partenariats que vous avez signés, il y a celui avec Aibd dirigé par Doudou Ka…
Il y a deux types de partenariat. Il y a des partenaires qui sont considérés comme des sponsors comme Aibd pour 75 millions l’année. Nous avons déjà reçu le chèque de 50 millions. Les 25 millions nous allons les recevoir quand les compétitions africaines vont commencer. Il y a un bus qu’ils vont remettre à Ziguinchor et il y a l’accompagnement des supporters pendant le tournoi africain. C’est l’occasion de remercier Doudou Ka parce que ce n’est pas facile. Je le disais et vous les journalistes vous allez nous aider à ce que les sociétés, au moins dans le cadre de la Rse, puissent donner 0.5%. A côté des efforts de l’Etat, les entreprises doivent participer aussi. Nous avons aussi la Casamançaise avec Sodeca qui nous donne 25 millions par an. Entre Doudou Ka et Mody Sara, on a 100 millions.

Quelles démarches avez-vous entreprises en direction des établissements hôteliers ?
A un moment, ils nous ont dit qu’avec le Covid-19, les choses ne marchaient pas. Je pense que le Covid est fini. J’ai rendez-vous avec quelques hôteliers. Quand vous allez en Afrique, vous portez l’image du Sénégal mais vous faites aussi du tourisme sportif. Aibd est connu, mais en portant le maillot avec son emblème, on porte son image très loin. C’est ça qui est important. Aidez-nous à convaincre les autres pour qu’ils comprennent qu’il faut soutenir le sport. C’est un facteur de stabilité. Avant-hier, (jour de la finale) les gens ont dansé à Ziguinchor, ils ont oublié même qu’il y avait une marche non autorisée. Quand on parle de marche non autorisée, c’est qu’il y a déjà un certain degré de violence. Quand spontanément des gens chantent, qui va demander une autorisation ? Les gens chantent parce qu’ils sont contents, est-ce qu’il y a une autorisation pour cela ? C’est spontané. Les gens suivaient la télé et quand l’arbitre a donné le coup de sifflet final, tout le monde a dansé. Et aujourd’hui (mardi) ils vont nous accueillir de Cap-Skirring à Ziguinchor. Je n’ai pas besoin d’une autorisation pour être accompagné avec la Coupe. C’est pourquoi c’est important d’asseoir une véritable stabilité dans ce pays. Tout le monde y a intérêt.

Vous parlez des Légis­latives ?
La politique, c’est à tout moment. Quand j’ai des choses à dire, je le dis, mais je ne veux que les gens pensent que Seydou (Sané) a gagné la Coupe maintenant il insulte le maire, non. J’ai été vraiment satisfait de voir le président du Conseil départemental qui est du même bord que lui venir assister à la finale. Il a reçu l’invitation en même temps que lui. S’il n’était pas venu, je serais plus choqué parce que je vais dire ni le président ni le maire ne sont venus. Le président est venu et le capitaine lui a remis la Coupe. Car, j’ai dit : «Remettez-la au président du Conseil départemental.» J’ai été adjoint (au maire) et je sais ce que cela signifie. Je suis très républicain. Ne pas être républicain, c’est ne pas reconnaître l’Etat du Sénégal. Je reconnais la République. Quand je défends la République au plus haut niveau, je dois pouvoir la défendre au niveau local. Sinon vous serez contradictoire. Je ne vais pas dire aux gens de respecter les institutions et faire le contraire. J’ai la même considération pour toutes les institutions. Je me dis toujours que c’est le maire qui est en face de moi. Tout ce que je peux faire, je le fais pour les populations de Ziguinchor. Je suis dans la construction. Au-delà des aspects sociaux, je participe à la construction de mon pays et de mon terroir à travers le football. Quand le Casa a gagné, il y a eu des klaxons, il y a eu du Diambadong à Ziguinchor, dans les villages, un peu partout, les gens ont dansé. Je préfère cette danse aux lacrymogènes.

Vous avez été adjoint au maire de Ziguinchor. Vous avez été balayé aux dernières élections locales. Ce sera la renaissance aux Législatives ou pas ?
Ce que les gens n’ont pas compris… C’est vrai que j’ai été balayé entre guillemets. Balayé, c’est fort. Quand on balaie quelqu’un, on prend tout. Quand un balai passe, il ne reste rien…

Il reste quelque chose ?
Il reste quelque chose. L’analyse que je fais est que Yewwi askan wi nous avait battus pendant la Prési­dentielle (de 2019) avec 60%. Elle a gagné presque toutes les communes à l’exception d’une seule, Boutoupa Camara Koun­da, sur les 6 que compte le département de Ziguinchor. On vient aux Locales et Yewwi remporte 2 communes : Ziguinchor et Adeane. Ils remportent Adéane avec 18%. C’est-à-dire que si nous étions ensemble, on allait gagner. Ensemble, nous avons eu 2000 et quelques voix et Yewwi a gagné avec 900 voix. Yewwi est à 2100 voix de plus que nous dans le département de Ziguinchor. De 60%, elle est tombée à 51%. C’est pourquoi je dis que ce n’est pas un coup de balai. Ils nous ont gagnés parce qu’il y a quelques débris qui restent encore. Les 49% qui restent, c’est nous. C’est donc 2%. Si vous prenez l’ensemble des conseillers de Yewwi dans le département de Ziguinchor, ils sont à plus de 8 pour le reste. Et si on continue l’analyse, sur les plus de 90 000 inscrits à Ziguinchor, 48 000 n’ont pas voté. Des gens se sont dit que puisqu’on n’a pas réussi à s’entendre, ils n’iront pas voter. C’est pourquoi je dis que même si Yewwi a gagné, il a gagné en perdant. Je ne peux pas gagner aujourd’hui avec 60% et demain me retrouver avec 51%. Si c’est un match de football, on doit commencer à voir les tendances. Après le match nul, vient la défaite. Et c’est un indicateur important pour comprendre que si on est ensemble, on gagne.

Maintenant vous êtes ensemble ?
Aujourd’hui, nous sommes ensemble. Benno n’a jamais perdu les Législatives depuis 2012 à Ziguinchor. Quand j’étais avec Baldé, on avait gagné tous les bureaux. On a fait mieux que Yewwi.

A l’époque, Yewwi n’avait pas cette force.
Nous n’étions pas au Benno. J’étais avec Baldé dans un autre camp (Ucs). On a battu Benno aux Locales et dans tous les bureaux de vote. 2 ou 3 mois après, Benno nous a battus aux Législatives. On n’a pas pu comprendre. On est encore revenus aux dernières élections et Benno perd les Locales mais gagne les législatives. Aux Législatives, ils n’ont jamais perdu et les gens l’oublient. Aussi, c’est facile de critiquer une gestion. S’il y a bien quelqu’un qui perd en électorat, c’est bien Yewwi parce qu’elle est aujourd’hui dans la gestion. Quand vous êtes dans la gestion, vous ne pouvez pas satisfaire les attentes, les engagements pris et les gens commencent à se dire : «Si on savait.»
Si tout le monde se retrouve, si on est compacts, nous allons gagner. Nous avons une belle candidature. Nous avons une tête de liste femme (Victorine Ndèye) et c’est une première dans l’histoire de notre région. Elle a gagné, elle a prouvé, elle est admirée et aimée des populations. Elle n’a jamais perdu. Elle a gagné là où il y a des dinosaures qui ont fait 100 ans de politique. Dans le cadre de cet élan de solidarité, on a choisi la seule qui a gagné pour conduire la liste. Dans le Benno, dans nos différents démembrements, c’est Ucs Mbollo mi de Abdoulaye Baldé qui suit. Nous avons donc pris un candidat de la trempe du Dr Moussa Diédhiou. Nous qui sommes venus après, derniers, avons occupé les postes de suppléants. Et c’est objectif. Elle a gagné, elle conduit la liste. Baldé est venu avant nous, il suit, il prend l’autre tête de liste. Nous qui étions derrière, nous venons recoller les morceaux. Avec cette dynamique de solidarité, cette dynamique agissante, si tout le monde joue franc-jeu, il n’y a rien qui puisse nous retenir.

Vous avez des appréhensions que tout le monde ne puisse pas jouer franc-jeu ?
La politique reste de la politique. Il y a des gens plus forts que moi en politique, mais j’ai espoir. Je pense que tout le monde est dans la même dynamique. Quand j’analyse, je me rends compte que l’on a perdu les Locales parce que tout le monde n’a pas joué le jeu. Quand il s’agit des Législatives, on gagne parce qu’on se dit qu’il y a un seul qui y a intérêt et il est mieux positionné que nous : c’est le Président Macky Sall. On doit lui donner le confort à l’Assemblée. Les gens le comprennent. Même si on perd les Locales, on gagne les Législatives. Parce que pour ces dernières, on ne dira pas qu’il ne faut pas voter pour moi ; parce que je ne suis pas président du Conseil départemental ou parce qu’on en a après moi. Quand il s’agit des Législatives, les gens comprennent que c’est une question de légitimité pour le président de la République, au-delà de la personne de Seydou. Et tout le monde s’est mobilisé comme l’a demandé le président.

Personnellement, quelles sont vos différences fondamentales avec Ousmane Sonko ?
On n’a pas la même vision de la gestion d’un pays ou de celle d’une collectivité, de la gestion sociale ou de la relation à avoir avec une institution. C’est ça la différence.

Sonko a dit qu’il veut une autonomie, d’abord, pour sa région et pour son pays, une gestion autonome…
Je dis à chaque fois quand je parle aux journalistes, c’est le lieu de lui permettre de se rectifier. Parce que lorsqu’il a parlé de monnaie locale, j’ai fait une sortie, et il a abandonné le projet de monnaie locale. Vous ne l’entendez plus en parler. Quand ils ont aussi parlé de baptême des rues, j’ai soutenu que ce n’était pas possible. Parce que ce sont des routes et rues classées. Et quand ces dernières sont classées, elles n’appartiennent plus à la mairie ou à la municipalité. Cela remonte à Robert Sagna quand il était maire de Ziguinchor. Il a classé ces routes et c’est l’Etat qui les gère à travers le Fonds d’entretien des routes. Au temps où il était ministre de l’Equipement, il a trouvé que le budget de la mairie ne pouvait supporter une telle gestion. Il fallait donc classer ces routes et les remettre à l’Etat. Et du moment qu’on les a classées, on ne peut plus les baptiser. Sinon c’est du cinéma…

Il a quand même commencé….
Oui, mais après, ça n’a pas prospéré. Donc, c’est ça qui d’ailleurs fait la différence. Moi, je m’arrime par rapport aux textes en vigueur. J’ai eu la chance de gérer la mairie car lorsque j’étais premier adjoint au maire, je gérais presque puisque Baldé m’a doté de tous les pouvoirs pour gérer. J’ai parfois connu des difficultés dans la gestion, et j’ai appris comment se déroule l’activité municipale. C’est aussi pourquoi on ne laisse pas les dérives passer. Il faut contrôler, et si ce n’est pas bon, il faut le dire rapidement. Maintenant, il n’y a pas intérêt à monter au créneau chaque fois. Ça n’a pas de sens. Car à la longue, les gens en auront assez. Dans ce pays, il faut parler peu et beaucoup agir. Mais quand il y a à dire, il faut le dire, sans ambages et sans regrets.

Quels sont aujourd’hui les écueils pour le nouveau maire de Ziguinchor, vous qui avez été adjoint au maire ? On parle par exemple du problème de la gestion des ordures, de l’ensemble des décharges mu­nicipales à Ziguinchor. De telles situations ne vont-elles pas freiner les ambitions du maire, à votre avis ?
(Rires). J’ai géré la ville, et j’ai eu ces mêmes problèmes de gestion concernant les décharges. Il faut, déjà, être humble. On dit toujours que les maires sont d’égale dignité. Que vous soyez maire d’une grande ville comme Dakar et de Poutouba Kabara Counda…, nous sommes d’égale dignité. Et dès lors que nous sommes d’égale dignité, il faut être humble. Il faut de l’humilité parce que chaque maire est le premier magistrat de sa commune. Si vous n’êtes pas humble, et que vous pensez que porter la ville de Dakar veut dire que vous pouvez phagocyter toutes les petites mairies, vous vous trompez. Vous allez vous heurter. Aujourd’hui, le problème qui se pose est au-delà de la décharge finale. Parce qu’on ne peut à chaque fois polluer. Il faut trouver des mécanismes modernes, des centres de transformation des déchets. Pour cela, il faut une politique et cette dernière ne se fait pas seulement au niveau de l’Etat. Il peut tout juste apporter son soutien, mais, dans l’Acte 3 de la décentralisation, il permet d’avoir des contrats et des signatures avec des partenaires qui sont éligibles. Nous, avions commencé un projet. Mais souvent, lorsqu’il y a un projet inachevé et quelqu’un d’autre vient, il peut penser qu’en l’achevant, le mérite va être versé sur le compte des initiateurs. Il peut ainsi renoncer à l’achever. Il peut le mettre en veille pour en entamer un autre, malheureusement. Ce qui va se passer dans quelques mois, c’est que s’il n’y pas cette intercommunalité, au sein de laquelle chacun respecte l’autre, il sera difficile de trouver où jeter les déchets. Chacun va gérer son territoire. Quels que soient vos forces, vos moyens, votre publicité, vous ne pourrez pas tout gérer. C’est pourquoi il faut accepter de s’asseoir avec les autres maires. La plupart du temps on pense qu’il ne faut pas s’asseoir avec tel ou tel petit maire. L’autre chose, on ne peut pas parler d’intercommunalité en ne faisant pas partie de l’Association des maires du Sénégal. Si vous n’êtes pas membre au niveau supérieur, vous ne pouvez pas penser à l’intercommunalité au niveau local. Ça n’a pas de sens. Et voilà l’ensemble des erreurs qui font qu’aujourd’hui ça va être très difficile. Et la crainte que j’ai, c’est que les gens pensent que l’Etat ne permet de réaliser ceci ou cela, alors qu’il n’y est pour rien. Si vous me dites que vous n’êtes pas Sénégalais, qu’est-ce que j’y peux, même si je sais que vous êtes né ici.

Ziguinchor aussi étouffe pour son foncier, avec les contrats…
Ah oui, il paraît qu’il y a un rapport qui nous accable, nous qui étions là. J’aimerais bien le voir, et il paraît que nous avons fait beaucoup d’erreurs de gestion, qu’on a vendu les terres…mais j’aimerais bien le voir parce que jusqu’à présent, je ne l’ai pas vu. Par contre, j’ai une copie du rapport de l’Inspec­tion générale d’Etat, une aussi du rapport de la Cour des comptes, et jamais on a été épinglés pour ça. Maintenant, le maire actuel est venu et a fait un audit et il semblerait qu’il y a beaucoup de coups entre nous. Mais on attend. Parce qu’un rapport d’audit ne sort pas de la sorte. Il y a ce qu’on appelle le rapport contradictoire : quand vous dites que tel a pris 100 000 fcfa, mais permettez-lui de dire «oui, j’ai pris 100.000 F Cfa». (Inaudible). Mais si ne faites pas ça et que vous sortez un rapport sans pour autant que ceux qui ont été audités ne puissent donner leur mot, quelle est la valeur du rapport ? Je pense que c’est de la politique. C’est pour ça que…» (coupé)

Qu’est-ce qu’il faut faire pour apaiser la tension qui est là… ?
La tension ? Elle est où ?

Plusieurs voix… (Les opposants qui viennent d’être jugés). Vous ne sentez pas une tension ?
Non, je ne sens pas la tension. Je suis sportif, je ne sens pas la tension.

Un sportif ne ressent pas de pression ?
Je ne suis pas sportif de terrain. Je suis sportif par nature, mes actes sont sportifs. Je ne parle pas des sportifs du diman­che, mais, dans ma relation avec les hommes, ma manière d’être, ma manière de réfléchir, je réfléchis de manière sportive. Esprit olympique. Pour moi, tout ce qui se passe est dans la sportivité. Le pays n’est pas en tension, ni sous tension.

Mais il y a des gens qui demandent que les élections soient repoussées…
(…) La plupart des gens demandent à ce qu’on maintienne les élections. Vous rencontrez les gens qui disent le contraire. Moi, j’ai rencontré ceux qui veulent qu’on aille aux élections. C’est ça le problème de ce pays. Les gens rencontrent un petit groupuscule et se permettent de d’affirmer «les gens ont dit». Or, je rencontre les gens qui soutiennent toujours qu’il faut maintenir les élections.
Qui peut dire le contraire ?

Et vous pensez que les élections pourront se tenir dans les conditions normales ?
Pourquoi pas ? C’est-à-dire qu’il ne faut pas avoir peur. C’est comme si je devais rencontrer le Tout Puissant Mazembé et que vous me demandez si je pourrai gagner contre eux. Avec cette question, vous m’affaiblissez.

(Rires) Peut-être, c’est vous qui avez peur du Tout Puissant…
Je donne un exemple. Je veux dire que si vous faites cela, vous m’affaiblissez. Il ne faut pas apeurer les populations. Rien ne se passera. Rien du tout. Récemment j’ai été victime de menaces à Ziguinchor. Menaces d’incendier ma maison…Mais je me suis dit qu’ils ne feraient rien.

Mais, il y a eu des arrestations d’individus qui voulaient saboter des in­fras­ructures…il y a eu un rebelle qui a été arrêté à Dakar…c’est inquiétant non ?
Je répète qu’un sportif n’est jamais inquiet. Je sais que l’Etat est très puissant : on ne défie jamais un Etat. Si vous arrivez à défier un Etat et demain vous devenez Président, on va aussi vous défier. Il ne faut pas établir déjà dans la pensée des jeunes que c’est la violence qui règle les choses. Nous, en tant que sportifs, on pense le contraire. Ce n’est pas par la violence qu’on règle les problèmes d’un pays…

Ousmane Sonko a dit que…
On règle le pays dans la stabilité. Que ce soit Ousmane qui est Président, ou Macky Sall ou un autre, on ne doit jamais gouverner dans la violence. Ce n’est d’ailleurs pas bon d’inculquer ça aux jeunes de 15 ans en leur faisant croire que c’est avec les pierres et les lacrymogènes qu’on va prendre le pouvoir. Ça va emmener de l’instabilité institutionnelle. Ce n’est pas bon. Le Sénégal ne connaît pas cela, et moi, je crois aux institutions du Sénégal, de la République. (Les manifestations de la violence ?) Je les considère comme des épiphénomènes, des choses qui arrivent comme ça et qui vont passer. C’est comme un match de football où on (est dominé) en première mi-temps. En seconde, on égalise et on remonte.
Vous incarnez l’opposition à la mairie de Zi­guinchor, dans quelle logique comptez-vous ins­crire votre combat politique dans la ville par rapport à Ousmane Sonko ? Une posture républicaine ou une posture d’opposition…
On ne peut pas contester le contraire de la République et incarner une opposition non républicaine. Vous savez, jusqu’à présent, nous avons des partenaires, les anciens partenaires que nous avons connus, et qui sont venus au Sénégal. Ils m’ont appelé pour me demander comment faire dorénavant, puisque je ne suis plus maire. Je leur ai dit : «Continuez le partenariat, aidez les populations de Ziguinchor.» Tout ce que nous pouvons faire pour aider les populations, nous le ferons. Autrement dit, ce n’est pas parce que celui qui est là est de l’opposition que, maintenant, on va tuer toutes les populations parce qu’elles n’ont pas voté pour nous. Non ! Vous savez, mon grand-frère de même père et de même mère, Abdou Sané, est celui qui a pris mon bureau à la mairie. Il est avec Sonko, il m’attaque. Quand j’ai signé une convention de 90 millions F Cfa dans le cadre de l’exploitation du zircon avec une société hollandaise, il a dit que la Casamance n’était pas à vendre. Ils ont harcelé les gars, qui sont rentrés, alors que j’avais signé une convention de 90 millions F Cfa pour le Casa.

S’agissait-il d’un contrat de sponsoring ?
Oui ! Mais ils disent que j’ai usé d’un trafic d’influence avec le Casa Sports pour que les gens viennent exploiter le zircon à Kafountine. Ils ont menacé, ils ont manipulé les populations, les partenaires se sont rétractés au dernier moment et j’ai perdu 90 millions F Cfa alors qu’ils ne cotisent même pas au Casa Sports. On m’accuse aujourd’hui de faire de la politique avec le Casa Sports, mais je demande qui d’entre eux me donne de l’argent. Je leur demande de venir prendre le Casa et de faire mieux que moi. Et faire mieux que moi, c’est gagner le Championnat ainsi que la Coupe, et faire plus en Afrique. Il faudra aussi chercher l’argent pour payer les salaires continuellement et aller chercher la Ligue des Champions.

A LIRE LA PREMIÈRE PARTIE…
Les Marches du Quotidien : Seydou droit au but !