Le Président sortant et candidat à sa succession n’est pas sûr de sortir vainqueur de la Présidentielle en Angola, qui se tient aujourd’hui en même temps que les élections législatives dans un contexte économique très difficile. João Lourenço est talonné par le candidat du principal parti de l’opposition, Adalberto Costa Júnior.Par Mamadou T. DIATTA –

Aujourd’hui est jour de scrutin pour les élections législatives et présidentielle en Angola. D’ores et déjà, le Mouvement populaire de libération de l’Angola (Mpla), au pouvoir depuis l’indépendance en 1975 de cette ancienne colonie portugaise d’Afrique centrale, n’est pas assuré de la victoire lors de ces joutes électorales. La raison : on semble assister à un vent de renouveau. C’est du moins le point de vue développé par de nombreux citoyens angolais, qui se sont confiés à la presse.
Si l’on s’en tient aussi aux sondages, on peut s’attendre à un duel serré entre le parti au pouvoir, le Mpla, dirigé par le Pré­sident João Lourenço, et l’Unita (Union nationale pour l’indépendance totale de l’An­gola), dont le candidat à la Présidentielle est Adal­berto Costa Júnior, âgé de 60 ans.
Deux candidatures majeures s’offrent aux Angolais. D’abord, celle de João Lourenço. Ce dernier, qui a hérité d’un pays frappé par la récession et confronté à des problèmes de gestion de ses revenus pétroliers, ayant succédé à José Eduardo Dos Santos, en 2017, avait remporté le scrutin avec un taux de 61% des suffrages exprimés. Cet ancien général d’artillerie avait été désigné comme dauphin par Dos Santos, après 38 ans de pouvoir du Mpla. Dès après son installation, Lourenço tourna le dos à son mentor en jetant, à la surprise générale, les bases d’une vigoureuse campagne anticorruption. Malgré les constats cités plus haut, le Président sortant est candidat à un second mandat et conserve de bonnes chances d’être réélu ce mercredi. Même si, de l’avis de beaucoup d’observateurs, celui qui est taxé d’autoritaire par bon nombre de ses compatriotes peine à respecter les promesses de son premier mandat. Ce, dans un pays toujours gagné par la pauvreté, après la chute des cours du baril et la prévalence du Covid-19.
Même la mort, au mois de juillet dernier, de son prédécesseur et mentor, José Eduardo Dos Santos, n’a pas arrangé les choses pour le Président sortant. Cela a provoqué une querelle publique, informe-t-on, avec les enfants du défunt dirigeant.
La lutte anti-corruption est aussi décriée puisqu’elle est jugée comme «sélective et politiquement motivée». Ce qui suscite des divisions dans les rangs du Mpla, au pouvoir.
De l’autre côté, le candidat de l’opposition, Adalberto Costa Júnior. Celui-ci est présenté comme quelqu’un de posé, un pédagogue, qui s’est illustré en particulier au début de la campagne électorale. Très célèbre sur les réseaux sociaux, le candidat de l’Unita est crédité d’avoir donné un nouveau souffle à l’opposition. Cadre de son parti, Costa Júnior n’a pas pris part à la très longue guerre civile ayant mis aux prises le Mpla et l’Unita. Après son retour au pays, en 2005, il s’implique davantage dans les activités de sa formation politique au point d’en devenir le porte-parole et le candidat à la Présidentielle, aujourd’hui.
Déclinant ses ambitions en décembre dernier, lors de son investiture, le candidat de l’Unita déclarait : «Le temps est venu de construire un pays meilleur, sans promesses irréalistes et sans projets mégalomanes.»

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