Conformément aux dispositions de l’article 1er de la loi n° 2021-24 du 12 avril 2021 portant report des élections territoriales, le président de la République, Macky Sall, a, par décret n° 2021 – 562 du 10 mai 2021, fixé la date du prochain scrutin pour le renouvellement général du mandat des conseillers départementaux et municipaux au dimanche 23 janvier 2022 sur l’étendue des 557 collectivités territoriales du Sénégal. Dès lors, le compte à rebours a commencé et les populations voient leurs «fantômes» de leaders politiques se faire plus présents et pressants. Les batailles mystico-politiques, les guerres de positionnement et de leadership ont repris de plus belle et de forte manière. A l’approche de ces élections ô combien importantes dans la vie de nos collectivités territoriales, quoi de plus légitime dans un contexte de crises financière, économique et infrastructurelle d’aborder les enjeux de ce scrutin ?
Notre mission, à travers cette contribution citoyenne, est de guider les populations dans leur choix pour orchestrer l’efficacité et envisager un avenir florissant. Et aussi, de permettre à la population d’identifier des profils de candidats adaptés au développement. Ces élections doivent être celles de la rectification de nos choix passés : le choix malin.
L’érection, en communes de plein exercice en 2014, de plusieurs communautés rurales et communes d’arrondissement devait marquer un tournant décisif dans la vie des localités. Elle devait permettre l’émergence d’une gouvernance locale forte, plus proche des populations et à même de mieux connaître et comprendre les problèmes spécifiques et de les résoudre à l’échelon local.
Aujourd’hui, après un peu plus de cinq (05) années d’exercice de leur pouvoir, la gouvernance locale est au bas. Les élus locaux ont consommé paisiblement leur mandat, plongeant des communes dans un immobilisme économique et social. De surcroît, les élus locaux ont engendré des problèmes fonciers. Toutes ces carences ont fini de créer un manque à gagner à la population et à la localité qu’ils prétendent «représenter». La commune de Boutoupa/Camaracounda (sud-Est de Ziguinchor) en est une parfaite illustration : 24 villages, aucune électrification, aucune infrastructure socioéconomique de base, aucun projet structurant de développement. Pourtant les politiciens locaux sont dans une guerre de positionnement et dans des querelles de leadership personnel. Mais diantre ont-ils réellement compris qu’est-ce que le développement local qui a pour socle l’inclusion et la participation ? Quelle déception !
Pourtant, selon le principe de la démocratie représentative, les élus représentent l’ensemble des citoyens sans coloration politique pour un changement mélioratif de leur quotidien.
Or, les collectivités territoriales butent à se développer. Pourquoi. Selon notre analyse, le blocage se situe à deux (02) niveaux : d’une part, l’Etat central, à travers un accompagnement moribond et partisan. D’autre part, force est de constater que le mal vient principalement des équipes municipales. Ainsi, plusieurs effets se conjuguent : l’absence de vision et de politiques locales de développement, le manque de compétences nécessaires du personnel à l’accès au pouvoir local et à son exercice (connaissances des dossiers, capacité à porter des projets, détention de savoir-faire professionnalisés…), la professionnalisation croissante de la politique, une incompréhension des textes régissant la vie d’une collectivités territoriale, la partisannerie ou clientèle politique à laquelle les équipes font focus… Toutes ces logiques provoquent la confiscation du pouvoir par une élite sociale et politique locale bloquée entre une majorité soumise à son chef de file et une opposition soumise également à son chef de file dont les critiques ne visent que le fauteuil du maire. C’est l’intérêt personnel, celui d’un clan qui est mis en avant, l’intérêt de la population n’a aucun sens.
Tous ces éléments cités ci-dessus concourent à freiner l’essor local qu’il faut redynamiser si nous voulons un Sénégal développé. L’émer­gence tant chantée dans ce pays passera si et seulement si le développement à la base est réel. Pour cela il faut des équipes compétentes portées par des édiles aux têtes pleines (savoir, savoir-faire, expérience et expertise en développement). Des élus ayant une capacité de la gestion locale, le dynamisme et l’engagement méthodique des commissions techniques et la capacité à capter les multiples opportunités de la coopération décentralisée. Des élus locaux qui ont la compréhension et l’aptitude de la mobilisation financière locale à travers la multiplication, sur leur territoire, d’infrastructures marchandes polarisant des rentrées fiscales et la rationalisation du recouvrement de la taxe municipale. Il faut une véritable politique de développement visant à mettre des ressources humaines adaptées à la gestion même de la tâche loin des choix typiquement politiciens.
En dépit de quelques plans locaux de développement conçus grâce à l’appui financier et méthodologique des partenaires au développement et dont la mise en œuvre est hypothéquée par l’absence de mobilisation financière locale optimale, les communes n’ont pas de programmes cohérents de développement étalés dans le temps et dans l’espace pour accompagner des choix économiques et sociaux intelligibles, l’écrasante majorité des élus locaux persistent dans un attentisme déconcertant qui n’a d’égal que leur faible capacité à imprimer et impulser un développement.
Leur gestion s’accomplit au jour le jour et les initiatives prises çà et là prennent des trajectoires incompatibles et parfois opposées, parce que peu articulées à un programme cohérent. Peu d’efforts sont accomplis pour canaliser les forces économiques vers des choix pertinents, faute de compétence requise pour la gestion d’une telle entité.
Par conséquent, les élections de janvier 2022 doivent être le pas décisif pour amorcer le développement dans nos localités respectives sur de nouvelles bases : ressource humaine compétente. Le choix des hommes et femmes doit ainsi être porté plus sur les compétences qu’autres considérations car ce n’est pas Macky Sall qui sera maire de notre localité avec Bby, ce n’est non plus Sonko qui sera maire de notre localité avec le Pastef.
Une relecture des enjeux et des forces présentes s’impose, prenant en compte les spécificités et les réalités locales en corrélation avec les compétences des personnalités censées diriger : leurs capacités d’imprimer, d’impulser ou d’impacter la marque de leur ambition propre, de leurs choix politiques, leur expérience en mobilisation financière et surtout leur vision à mettre en place une politique de développement local avec des programmes et projets soutenables.
Chers (ères) Sénégalais (ses), l’efficacité de l’action publique locale a pâti de la multiplicité d’élus locaux sans aucune formation préalable de développement, sans aucune expérience professionnelle dans un domaine de la gestion. Ce qui expli­que souvent la tenue irresponsable de propos comme : «…un opposant ne doit pas diriger…» ; «je suis du pouvoir donc le Président viendra faire…» et des promesses irréalistes, dénudées de sens et ridicules. La campagne électorale locale, loin d’être le moment de dérouler des programmes ambitieux et pertinents, se résume à des promesses d’actions, parfois louables dans le principe, mais isolées et sans liens fonctionnels susceptibles de les rendre harmonieuses.
En résumé, les équipes municipales de 2022 devront être des équipes qui auront une valeur ajoutée. Si lors du choix devant les conduire à la gouvernance locale la population se basera sur la responsabilité dépassionnée de l’héritage d’appartenance à un parti politique. Si uniquement pour l’intérêt général du territoire, ces élections seront la rectification et la mise hors état de nuire des nuls
En somme, depuis 2014, le constat d’échec de cette communalisation est palpable au Sénégal. Au-delà de l’insuffisance de leurs ressources financières, les collectivités locales souffrent d’un sous-équipement logistique, matériel, infrastructurel et d’un déficit en ressources humaines compétentes. Au-delà du dénuement financier, l’absence de gestion organisée au sein de l’institution ayant conduit à sa banalisation. Elle est le signe le plus manifeste du manque de fonctionnalité et de l’oisiveté. A quand des collectivités territoriales avec des équipes compétentes et responsables ?
«Osons le changement»

Nicolas Silandibithe – BASSENE
Coordinateur mouvement citoyen
Agir Maintenant pour une Emergence Nouvelle (Amen)
nicolas.bassene@yahoo.fr
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