Élections locales : La caution fixée à 15 millions
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Après la fixation du montant de la caution à 15 millions pour les élections locales, l’opposition parle de «glissement vers une démocratie censitaire». La majorité, elle, applaudit et parle de «protection du système électoral».Par Souleymane THIAM
– Pour les Municipales et Départementales du 23 janvier 2022, il faudra débourser 15 millions pour chaque type d’élection. Ainsi en a décidé hier le ministre de l’Intérieur par arrêté 027880 fixant le montant de la caution. Antoine Diome avait convié vendredi dernier les acteurs politiques pour recueillir leurs propositions sur cette question. Il avait assisté aux divergences entre la majorité et le duo opposition-non alignés.
Benoît Sambou et compagnie de la majorité proposaient 20 millions pour chaque élection tandis que Aldiouma Sow du pôle de l’opposition et Déthié Faye des non-alignés poussaient pour 5 millions. «Le ministre de l’Intérieur a abondé dans le même sens que son camp politique. Sa posture nous renforce dans cette idée qu’un ministre partisan ne doit pas organiser les élections. Cette décision remet au grand jour le débat sur l’organisation des élections par une autorité indépendante», a réagi à chaud Aldiouma Sow, porte-parole du pôle de l’opposition, joint par téléphone. L’opposition considère que la décision ministérielle sonne la mort du mouvement associatif et «fait dangereusement glisser le Sénégal vers une démocratie censitaire». Le responsable des Elections de Pastef d’expliquer : «Le ministre de l’Intérieur nous dit que ce n’est pas la compétence pour servir son pays ou sa localité qui prime, ce sont les moyens financiers qui comptent.»
Le camarade de Ousmane Sonko estime que le montant de la caution est en déphasage avec les recommandations des experts évaluateurs du processus électoral. «Ils avait demandé que le montant de la caution puisse favoriser la liberté de candidature. Avec 30 millions, le ministre de l’Intérieur compromet la liberté de participation aux élections.»
Au sein de la majorité, on juge ce montant «normal» car, analyse Cheikh Sarr, le ministre en charge de l’organisation des Elections a coupé la poire en deux. L’ancien maire de Guédiawaye estime qu’une caution faible pourrait porter atteinte au système électoral et réfute au passage la thèse d’une démocratie censitaire. «Ce montant sera un filtre. C’est pour protéger le système électoral sénégalais avec une organisation normale des élections. Une pléthore de listes aurait pu être une atteinte à notre démocratie. Une commune avec 50 listes, techniquement et matériellement, ce n’est pas possible dans une salle de classe ou sous une tente avec les représentants des candidats, les membres du bureau de vote… Ça risque de fragiliser le système. On aura aussi beaucoup de problèmes sur l’arbitrage des couleurs», explique M. Sarr, leader du parti Niak jarinu.
Stagiaire