La campagne électorale bat son plein et les caravanes des leaders politiques ne cessent de sillonner le pays, au rythme des compositions musicales les plus endiablées. Mais comme souvent, ces politiciens oublient de s’acquitter des redevances dues à la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav). D’où le coup de gueule de la présidente du Conseil d’administration de l’institution, Ngoné Ndour.Par Mame Woury THIOUBOU

– Depuis bientôt dix jours, le pays tout entier vit au rythme de la campagne électorale. Dans chaque localité, les candidats rivalisent d’ingéniosité pour attirer l’attention des électeurs. Et entre caravanes et meetings, les décibels pleuvent. Mais cette agitation se fait au détriment des artistes. En effet, chaque état-major électoral use de musique pour attirer les badauds et égailler ses partisans. Mais la plupart, pour ne pas dire tous, oublient ce faisant, qu’ils doivent au préalable, s’acquitter de leurs obligations envers les artistes qui sont auteurs de ces chansons. C’est ce que leur rappelle la présidente du Conseil d’administration de la Sodav. Dans un message sur les réseaux sociaux, Ngoné Ndour attire l’attention des états-majors politiques, sur le respect des droits des artistes. «La campagne électorale bat son plein en violation totale des droits des artistes, qui sont des droits humains. Or, la bonne gouvernance commence par le respect des dispositions législatives et règlementaires. 15 jours de campagne électorale animée par les œuvres des artistes : un manque à gagner inestimable pour les créateurs sénégalais», dénonce Mme Ndour dans son message. La Pca de la Sodav achève son message par une invite à respecter les règles. «Ne tuez pas la culture. Acquittez-vous de la redevance sur le droit d’auteur auprès de la Sodav», martèle Mme Ndour.
Ce coup de gueule a très vite été repris par les artistes. Comme un feu de forêt, le message a été repris et partagé par les grands ténors comme Youssou Ndour, des artistes comme Didier Awadi, Malal Talla, Yoro Ndiaye, Lord Aladji Man, etc. Selon la Pca de la Sodav, interrogée par la Rfm, «la Sodav a envoyé des courriers à plusieurs formations politiques, mais la plupart ne répondent pas et c’est la même chose à chaque campagne. Et je pense que quand on veut diriger une commune ou un pays, la première chose à faire, c’est de respecter les textes et règlements». Mais cette situation récurrente ne risque pas de trouver solution très vite.
Les acteurs politiques en compétition ont montré la petite place qu’ils accordent à la culture dans leurs programmes, si tant est qu’ils disposent d’un programme. En tout état de cause, la balle est dans le camp des artistes. A eux de mettre en œuvre une action d’envergure pour mettre fin une bonne fois pour toute, à ces pratiques qui n’honorent pas la classe politique sénégalaise.
mamewoury@lequotidien.sn