La dernière Tabaski a largement montré que l’élevage de moutons est devenue une activité largement pratiquée à Dakar et dans les grandes villes, et bien rentable, même si les contraintes sont nombreuses, et rejaillissent sur les prix des bêtes. Un reportage de l’Aps, réalisé à quelques jours de la Tabaski, le démontre.

Quelques jours avant la Tabaski qui vient juste de passer, les artères de Dakar s’étaient remplies de moutons. Une bonne partie de vendeurs présentaient des bêtes de qualité, dont la robe et la taille attiraient les regards et la convoitise de tous les passants, et arrachaient des soupirs aux différents chefs de famille qui songeaient à s’acquitter du sacrifice de Ibrahim en immolant le traditionnel mouton. L’ennui est que les bêtes exposées étaient pour une bonne partie hors de portée du portefeuille du Sénégalais moyen. Et pour cause, c’était pour la plupart des bêtes élevées à Dakar ou dans sa banlieue proche. Des animaux nourris avec de l’aliment de qualité, et sur lesquels leurs propriétaires ont consacré beaucoup d’efforts et d’attention. Et qu’ils entendaient rentabiliser.
Cela a fait que pour beaucoup, de nombreuses familles ont attendu le plus tard possible, avec l’arrivée d’éleveurs de l’intérieur du pays, pour acheter leur mouton. Néanmoins, il faut croire que les éleveurs domestiques ont été pour autant perdants. Même en ne vendant pas tout leur cheptel, certains ont affiché des mines réjouies malgré tout. Il faut dire que l’élevage de moutons est un véritable gagne-pain pour un bon nombre d’éleveurs à Dakar qui invitent toutefois l’Etat à «accompagner ce secteur» face à l’insécurité et la cherté de l’aliment de bétail. «Je m’active dans l’élevage de moutons depuis presque une trentaine d’années et je peux dire que c’est une activité très lucrative, parce qu’elle vous permet de gagner votre vie», déclare Ousseynou Ndiaye, un éleveur trouvé à la Médina, un quartier proche du centre-ville dakarois.
Cette année, même si «la vente de moutons marche bien», dit-il, l’aliment de bétail «est très cher parce que le sac de foin se vend actuellement entre 9 500 à 10 000 F Cfa».
«Nos principaux soucis aujourd’hui sont relatifs à la sécurité et à la cherté de l’aliment de bétail, parce qu’on est obligé de veiller pour protéger le bétail. Mais pour dire vrai, la vente de moutons marche bien», déclare-t-il.
A côté de lui, un autre éleveur, Mbaye Ndiaye, embouche la même trompette. «Si les éleveurs étaient bien assistés, affirme-t-il, ils pourraient gagner tranquillement leur vie sans l’aide de personne en améliorant considérablement leurs conditions de vie».
«Moi, je viens de Linguère. Je suis dans l’élevage depuis 1998, mais je trouve que c’est un secteur qui a besoin d’être accompagné par les autorités», indique-t-il, déplorant la cherté de l’aliment de bétail qui rejaillit sur le coût du mouton.
«L’aliment de bétail est très cher parce que si le kilogramme de fourrage de graines céréalières coûte entre 300 à 350 francs Cfa, force est de s’attendre à ce que l’éleveur qui a 100 têtes à nourrir soit confronté à d’énormes difficultés pour nourrir son bétail», a-t-il expliqué.
Il estime que le gouvernement «doit aussi veiller sur la sécurité des éleveurs». Selon lui, «s’il y a un combat de lutte, on mobilise plus de 100 policiers. Le gouvernement doit également protéger les éleveurs et leurs biens parce qu’ils participent au développement du pays».
Trouvé dans son enclos, Bouba Mbaye, la trentaine, dit s’adonner à l’élevage par «amour», une activité qui lui permet aussi de gagner sa vie. «Je fais de l’élevage depuis 2009 parce que j’ai l’amour du bétail, mais aussi ça vous permet de gagner votre vie», dit-il.
«Nous rendons grâce au Tout-puissant, car nous parvenons à joindre les deux bouts grâce à l’élevage», explique-t-il.
«Nous nous débrouillons avec les moyens du bord pour vivre notre passion qu’est l’élevage de moutons et pour dire vrai nous n’attendons rien de l’Etat», explique-t-il.
Avec l’Aps