La diplomatie française ne tient visiblement à travailler aux côtés des Russes pour maintenir la paix au Mali. Même si aucun accord n’a été signé avec Wagner, la France fait de l’élimination du chef de l’Etat islamique dans la zone une preuve de l’importance de sa présence militaire.Par Malick GAYE – 

Les forces françaises ont tué le chef du groupe jihadiste Etat islamique au Grand Sahara (Eigs), Adnan Abou Walid al-Sahraou. Cette menace écartée, quoi que salutaire, interpelle à plus d’un titre. En effet, alors que le Mali semble se tourner vers la Russie pour régler ses problèmes d’ordre sécuritaire que Serval et Barkhane n’ont pas su régler, Paris qui ne veut pas en entendre parler, annonce l’élimination du chef de l’Etat islamique. La France tente-t-elle de démontrer son importance dans cette partie de l’Afrique connue pour sa richesse en uranium ? Si la question reste légitime, elle demeure une indication sur les relations qu’entretient la junte au pouvoir au Mali avec Paris. Il est même annoncé que des experts russes sont actuellement au Mali pour baliser le terrain avant l’arrivée de Wagner. «Le Mali entend désormais diversifier et à moyen terme ses relations pour assurer la sécurité du pays. Nous n’avons rien signé avec Wagner, mais nous discutons avec tout le monde», a déclaré le ministre de la Défense du Mali. Une coopération entre la junte au pouvoir au Mali et la société privée russe Wagner serait «incompatible» avec le maintien d’une force française dans ce pays, a averti le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian.
«C’est absolument inconciliable avec notre présence», a estimé Jean-Yves le Drian. Le ministre s’exprimait devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale. «Une intervention d’un groupe de ce type au Mali serait incompatible avec l’action des partenaires sahéliens et internationaux du Mali», a-t-il ajouté.
De source française proche du dossier, la junte au pouvoir à Bamako étudie la possibilité de conclure avec Wagner, un contrat sur le déploiement d’un millier de paramilitaires russes au Mali pour former ses forces armées (Fama). Ces mercenaires devront également assurer la protection des dirigeants. Les autorités maliennes ont admis que des discussions avec le groupe russe étaient en cours, mais que «rien n’est signé».
«Ils se sont illustrés dans le passé singulièrement en Syrie, en Centrafrique beaucoup avec des exactions, des prédations, des violations en tous genres (et) ne peuvent pas correspondre à une solution quelconque», a affirmé le ministre français des Affaires étrangères. «En Centrafrique, ça a provoqué une détérioration de la situation sécuritaire», a-t-il insisté.
mgaye@lequotidien.sn