Lors de la nuit du 29 janvier 2024, les Lions abandonnent leur titre à Yamoussoukro face aux Eléphants aux tirs aux buts. Cette élimination fait vaciller le fauteuil de Cissé, qui ne sera pas conservé à la fin de son contrat. Après avoir atteint les étoiles en 2022, l’ancien sélectionneur est mis à la porte sans égard à son parcours et à ses résultats.

C’était le rêve de Remontada, qui devait passer par un doublé. Après le sacre lors de la Can 2021 jouée 2022, Aliou Cissé et ses hommes débarquent en Côte d’Ivoire avec des certitudes dans leur jeu, le statut de favoris assumé et un effectif XXL qui fait tomber en pâmoisons les supporters des Lions… Mais, les belles histoires s’achèvent souvent dans le déchirement.

Il est plus de 22h le 29 janvier 2024 à Yamoussoukro quand la nuit enveloppe de son manteau les prétentions et les ambitions du Sénégal de conserver sa couronne. Après une défaite face à la Côte d’Ivoire ! C’est foot et cruel à la fois. Mais, cette incertitude donne au foot toute sa noblesse.

A Yamoussoukro, les Lions règnent en maîtres au Stade Charles Konan Banny. Ils battent la Gambie, le Cameroun et la Guinée. C’est du 3/3 qu’ils sont les seuls à avoir réalisé parmi les 24 équipes. Un signal envoyé aux autres sélections ? Pour les observateurs et les consultants des différentes chaînes de télévision, les Lions sont au-dessus des autres : talents, vécu, expérience et certitudes dans le jeu.

Face à eux, les Eléphants, humiliés en phase de groupe par les Equato-Guinéens, les Nigérians, arrivent avec un coup sur la tête. Mais, ils restent motivés face à leurs supporters et veulent relancer leur compétition après avoir été repêchés à la limite du hors-jeu comme la dernière équipe classée meilleure troisième. Ils sont malmenés par les Lions en ce début de 1/8 de finale. Ces derniers ouvrent le score dès la 3ème minute. Le Stade Charles Konan Banny est plongé dans un silence de cathédrale après avoir été incandescent plusieurs heures avant le match.

Mais, les hommes de Cissé décident de reculer en laissant le ballon aux Ivoiriens, revigorés par cette subite peur de leurs adversaires. Ils tentent de forcer le verrou sénégalais dont les attaquants réagissent par des contre-attaques qui mettent les Eléphants au bord de la rupture. Mais, ils tiennent et poursuivent leur chasse aux Lions qui résistent avant de craquer en seconde période sur penalty. Au bout de la séance des tirs aux buts, ils finiront par éjecter le Sénégal de la compétition. En dépit d’un arbitrage controversé, le changement de stratégie de Cissé face aux Eléphants miraculés fut illisible pour les experts. Et cette élimination fut vécue comme un trauma au niveau national.

Cette défaite va faire voler en éclats toutes les certitudes autour de Cissé, certes contesté depuis des années, mais il a été protégé par ses résultats. Désormais, il est dans le viseur de ses détracteurs qui ont plus de minutions avec cette défaite. Pourtant, la Fédération sénégalaise de football (Fsf) lui renouvelle sa confiance et repart avec lui pour un nouveau cycle des éliminatoires de la Coupe d’Afri­que des nations et du Mondial.

Avec la fin du régime Benno, il perd la protection de Macky Sall qui l’avait surnommé El Tactico et aussi avait revalorisé son salaire de sélectionneur pour services rendus au pays. Au mois d’octobre, la ministre des Sports annonce que son contrat ne sera pas prorogé pour risque de désaffection de l’Equipe nationale. Il est mis à la porte sans égard à son parcours et à ses succès par l’Etat qui paie son salaire. Mise devant le fait accompli, la Fsf se plie à la mesure et intronise Pape Thiaw comme intérimaire. Puis, il le confirme comme coach principal : c’est la fin d’une histoire pour Cissé à la fois adulé et honni. Mais, son ombre va planer au-dessus de la Tanière pour l’éternité. A jamais le premier !