Le Président Umaro Sissoco Embaló n’a pas tardé à réagir après la tentative de coup d’Etat d’hier à Bissau. Dans une déclaration lue devant ses collaborateurs, le Président Embaló a fait état de beaucoup de morts et rassuré l’opinion sur son état de forme.Par Malick GAYE

– Les coups d’Etat en Afrique, sont devenus une bien mauvaise habitude. Après la Guinée Cona­kry, le Mali, le Burkina Faso, c’était au tour de la Guinée-Bissau de s’y essayer. Heureusement pour Umaro Sissoco Embaló, les putschistes ont été repoussés par les forces loyales.
Faisant état de plusieurs tirs nourris ayant duré 5 tours d’horloge, le chef de l’Etat confirme les nombreux décès qui ont été annoncés dans la journée d’hier en informant : «Il y a eu des morts, mais je vais bien». «Les assaillants auraient pu me parler avant ces événements sanglants ayant fait plusieurs blessés graves et des morts», a encore indiqué le dirigeant bissau-guinéen.
«La situation est sous contrôle gouvernemental. Je remercie la population de Guinée-Bissau et toutes les personnes, au-delà de notre pays, qui se sont inquiétées pour mon gouvernement et moi. Vive la République et que Dieu veille sur la Guinée-Bissau», avait tweeté le Président de la Guinée-Bissau hier dans la soirée, pour clôturer une journée qui a tenu en haleine toute la région.
Si pour l’heure, les motivations des assaillants sont méconnues, Embaló parle «d’un acte préparé et organisé» et qui pourrait être en rapport avec des gens liés au trafic de drogue.
Au mois d’octobre passé, un Airbus A340 a atterri en Guinée-Bissau. Un avion-cargo suspecté de transporter de la drogue et des armes, a été immobilisé depuis le 29 octobre 2021 par les autorités aéroportuaires de l’aéroport international de Osvaldo Vieira de Bissau.
Selon la Commission spécialisée du domaine de la Défense et de la sécurité du Parlement bissau-guinéen, l’avion qui a fait escale à Banjul, en Gambie, et retenu par les agents de l’aviation civile, a atterri dans le pays après une demande expresse du Président Umaro Sissoco Embaló. Cette situation sème la discorde dans le gouvernement et secoue le Madem-G15, parti de Sissoco Embaló. José Carlos Macedo Monteiro, un des députés de cette formation politique, a publiquement pointé du doigt la responsabilité de Sissoco Embaló. Ce dernier a procédé à un remaniement de son gouvernement, la semaine passée.
Si le bilan des affrontements n’est pas encore public, cette tentative de coup d’Etat vient poser le problème de la stabilité dans la région. En effet, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui a trois dossiers à gérer, semble être dépassée par la situation. En sanctionnant lourdement le Mali, la Cedeao voulait tuer dans l’œuf, toute volonté de fomenter un coup d’Etat dans l’espace communautaire. Ce qui n’a visiblement pas porté ses fruits. En effet, le Burkina Faso s’est ajouté à la liste des pays dirigés par une armée sans passer par les urnes. La Guinée-Bissau a été, hier, proche d’emboiter le pas au Burkina Faso. Ce qui pousse à s’interroger sur les méthodes de la Cedeao. Si pour l’heure, les communiqués et le gel des avoirs des putschistes n’ont pas fait effet, la Cedeao reste droite dans ses bottes. Cette position est d’autant plus difficile, que les putschistes rencontrent la sympathie des populations de l’espace Cedeao. Une situation qui ne risque pas d’améliorer l’image de la Cedeao. Qui est caricaturée comme le «syndicat des chefs d’Eta».
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