Les travaux de recherche sur les stratégies optimales en matière d’efficacité énergétique pour promouvoir la justice énergétique ont été rendus publics hier, trois ans après le lancement du projet. Pour un meilleur développement économique et social, le gouvernement compte résoudre la question de la justice énergétique dans le monde rural.

«La pauvreté énergétique occupe une place très importante dans le développement durable. Et dans les pays à faibles revenus, l’accès à l’électricité demeure instable, surtout dans les milieux ruraux, et ralentit la marche au progrès économique et social», a-t-il été affirmé hier.
Pour remédier à cette situation qui touche les pays africains exposés aux impacts du changement climatique, il a été tenté de trouver des alternatives en vue de faire face à la question de l’alternative de l’efficacité énergétique, car il a été constaté que les femmes ont encore moins accès à l’énergie que les hommes, et moins d’opportunités d’emplois dans le secteur énergétique. C’est pour cette raison que le Centre de recherche pour le développement international (Crdi) du Canada a financé en 2017 ce projet pour identifier les «stratégies optimales en matière d’efficacité énergétique permettant de promouvoir la justice énergétique des femmes dans les zones rurales en Afrique subsaharienne». Ce projet de trois ans, piloté par la firme Econoler, en collaboration avec des chercheurs et universitaires du Bénin, du Sénégal et du Togo, et dont des enquêtes ont été menées sur plus de 2 000 ménages ruraux, avec plus d’une centaine d’interviews, est arrivé cette année à son terme ; d‘où la tenue hier d’un atelier de partage et de réflexion sur les principaux résultats et des principales recommandations aux décideurs publics, afin d’avancer «vers une plus grande justice énergétique en Afrique de l’Ouest». Interpellé sur la question, le coordonnateur dudit projet, le Professeur Ibrahima Diop Guèye, a expliqué : «On a l’habitude de dire que la pauvreté se féminise. Cette féminisation est observée également par un manque d’accès à l’énergie. C’est ce que nous avons constaté. Nous avons constaté en milieu rural que les femmes accèdent au type d’énergie le moins important, c‘est-à-dire le bois pour les problèmes de cuisson. Nous avons constaté que l’accès à l’énergie est inégal au sein même du ménage. Les hommes se réservent le type d’énergie le plus confortable en matière d’usage, alors que les femmes continuent à braver énormément de risques pour aller chercher du bois, à être victimes d’un certain nombre de chocs de santé, notamment les fumées dans les cuisines. En général, il y a des petits enfants qui sont avec elles. Tout cela constitue de véritables problèmes que nous avons et qui nous interpellent», expliquera-t-il, avant de lancer un plaidoyer pour changer les choses.
Dans la même lancée, le Professeur Guèye préconise des solutions. «La proposition la plus évidente, compte tenu de l’ampleur de l’utilisation de bois de chauffe pour tout ce qui est cuisson, nous amène à dire qu’il faut tout faire pour éliminer cela». Et pour ce faire, «il faut procéder à une très bonne diffusion de ce que l’on appelle dans le langage courant les foyers améliorés», dit-il. Selon lui, «il faudrait que ces foyers améliorés soient accessibles à travers une subvention, mettre aussi l’accent sur la chaîne de distribution, faire que le courant accède aux foyers améliorés et que les femmes puissent l’utiliser».

Pour une réduction des inégalités d’accès à l’énergie 
Une initiative que le gouvernement est prêt à accompagner. Selon Adama Diallo, son secrétaire général, «le ministère du Pétrole et des énergies s’engage à accompagner les initiatives de tous les acteurs en faveur de l’atteinte des objectifs du secteur». A l’en croire, le Sénégal, dans le cadre de sa vision d’émergence en 2035, a placé le secteur de l’énergie au cœur de l’atteinte de ses objectifs.
D’ailleurs, il n’a pas manqué de rappeler les enjeux du secteur de l’énergie à l’horizon 2023. Lesquels consistent en la mise en place des préalables à la production du pétrole et du gaz au niveau local et la sécurisation de la logistique d’approvisionnement en hydrocarbures dans le pays, à l’accès universel et double à des services de l’électricité à moindre coût, à la sécurisation de l’approvisionnement des ménages en énergie durable et optimale de cuisson et au parachèvement  de la réforme du cadre légal et réglementaire du secteur, et l’amélioration du dispositif de régulation et de suivi. Le secrétaire général du ministère dirigé par Mouhamadou Makhtar Cissé n’a pas passé sous silence les changements climatiques qui sont un défi de notre époque pour le secteur de l’énergie. Pour mettre l’énergie à la portée des populations, il faut «réduire les inégalités d’accès à l’énergie entre les villes et les campagnes et permettre aux femmes du monde rural de bénéficier d’un accès régulier et suffisant à l’énergie», car une satisfaction des besoins spécifiques des hommes et des femmes en énergie pour transformer leur vie est une question de droit et de justice, conclut-il.