Emergence de la gouvernance «Walakaana» et demi-tour démocratique

Quand on se rend compte qu’on a pris la mauvaise route, il faut avoir le courage de faire demi-tour. Il est évident que ce n’est pas un Premier ministre qui a tous les pouvoirs mais aucune vision, qui ne sait pas où il va, qui se cherche au point de s’occuper de détails comme des imprimantes, des machines à café ou des micro-ondes, qui va accélérer notre marche vers l’émergence.
«Christophe Colomb fut le premier socialiste : il ne savait pas où il allait, il ignorait où il se trouvait… et il faisait tout ça aux frais du contribuable», disait Churchill.
Le Premier ministre Sonko est dans la même situation que Colomb. Par chance, Colomb découvrit l’Amérique, mais l’Emergence ne se joue pas sur un coup de chance mais sur une vision, une stratégie et une méthode, et surtout sur une grande ambition pour son pays, qui est l’antithèse de la gouvernance «Walakaana». C’est parce que Sonko est dans la même situation que Colomb, qu’il ruse avec les institutions pour ne pas faire sa Dpg. L’Emergence, c’est le culte de la grandeur, qui est consubstantiel à la création de richesses. Le culte de la grandeur fait les grandes nations mais pas le misérabilisme.
Donc, concomitamment à l’inquisition fiscale, le duo Diomaye-Sonko doit s’atteler à la création de richesses ou au moins l’encourager. Ce n’est pas avec les économies d’épicier faites sur les imprimantes et les machines à café qu’on va construire les plus grandes tours ou les plus grands malls d’Afrique de l’Ouest.
Wade, qui avait le sens de la grandeur, a lancé la marche vers l’Emergence en ouvrant la boîte de Pandore de l’hubris. Wade a posé les jalons de l’Emergence et Macky Sall a accéléré la cadence, mais cette gouvernance «Walakaana», au lieu de nous faire gagner 5 ans dans notre marche vers l’Emergence grâce au pétrole et au gaz, va nous faire perdre 5 ans, sauf si on fait demi-tour aux Législatives, qui vont être un «mortal Kombat» démocratique entre des experts qui ont accéléré en 12 ans la marche vers l’Emergence et les stagiaires qui, en 5 mois, ont montré toutes leurs limites. Quand les Egyptiens ont commis l’erreur de confier démocratiquement leur pays aux stagiaires «Frères musulmans», ils ont payé le prix en acceptant de faire demi-tour avec le bonapartisme du Maréchal Sissi.
Le Sénégal étant une vieille democratie, le demi-tour ne peut être que démocratique et les prochaines Législatives en seront l’occasion.
Les Législatives sont une bonne occasion pour faire demi-tour et limiter les dégâts des conséquences économiques de Pastef qui se trompe de route. On voulait aller à Dubaï et Sonko, avec sa gouvernance «Walakaana», nous achemine vers le Venezuela immensément pauvre malgré son immense potentiel pétrolier. A la grande différence de l’Egypte, les conséquences du règne des stagiaires de Pastef seront plus économiques que politiques, car Pastef est soluble dans nos institutions comme Trump l’a été aux Etats-Unis. C’est pourquoi le patriotisme doit aussi être institutionnel. Nous devons être fiers de la solidité de nos institutions qui sont le fondement de l’exception sénégalaise. Nous sommes le seul pays d’Afrique de l’Ouest à n’avoir jamais connu de rupture anticonstitutionnelle. Donc notre Premier ministre doit arrêter de donner l’impression qu’il regrette que l’insurrection n’ait pas réussi avec cette instrumentalisation de la question des martyrs, qui rappelle le culte nazi du drapeau de sang, le fameux drapeau taché du sang d’un nazi mort lors de la tentative de coup d’Etat de Munich. Les nazis ont toujours gardé le drapeau taché de sang au siège de leur parti, jamais à la Chancellerie du Reich. Qui est plus martyr que les deux filles calcinées dans le bus Tata ? Si les Grecs qui ont inventé la democratie, ont aussi inventé l’amnistie, c’est pour éviter la comptabilité et la concurrence entre martyrs. N’est pas Mandela qui veut. Dieu aime bien le Sénégal. Tout le monde constate que c’est Sonko qui gouverne et qu’il est donc comptable de cet échec flagrant. Le mythe s’effondre, la bulle se dégonfle et son ambition présidentielle devient chaque jour un peu plus une «illusion au passé» pour le plus grand intérêt du Sénégal.
Dr Yoro DIA