Le gouverneur de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest, Tiémoko Meyliet Koné, a étalé hier, à l’ouverture de la conférence internationale sur les entreprises de technologies financières (Fintech), les performances de ces innovations financières fondées sur la technologie au sein de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa).
L’activité d’émission de monnaie électronique a connu une croissance soutenue au sein de l’Union monétaire ouest-africaine (Umoa). Le nombre de comptes de monnaie électronique, selon le gouverneur de la Bceao, «est ressorti à 62,9 millions à fin 2018 contre 25 millions en 2015, soit une hausse moyenne annuelle de 38%. En valeur, le montant total des transactions via la téléphonie mobile a été estimé à 23 534 milliards de francs Cfa contre 7 415 milliards en 2015».
Tiémoko Meyliet Koné précise que «les actions de la Bceao, qui a adhéré à l’Afi (Alliance pour l’inclusion financière) en 2011, ont permis de faire passer le taux d’utilisation des services financiers dans l’union, donc le taux d’inclusion financière, de 26% en 2010 à 57,1% en 2018, avec une contribution de services financiers numériques dépassant le tiers. L’objectif est d’atteindre, sur un horizon de 5 ans, un taux d’inclusion financière de 75%». «Le nombre d’institutions autorisées à émettre de la monnaie électronique a fortement augmenté pour s’élever à 38», a renchéri l’autorité de l’institut d’émission, qui présidait l’ouverture de la conférence internationale sur les fintech.
C’était en présence de ses collègues gouverneurs de banques centrales africaines, notamment celles des Etats de l’Afrique Centrale, de la Gambie, de la Mauritanie et de la Sierra-Leone.
Au cours des dernières années, soutient le régulateur, «l’industrie des FinTech a montré sa capacité à répondre efficacement à ces besoins, à travers l’utilisation de nouvelles technologies, notamment le Big Data, l’intelligence artificielle, la Blockchain ou la biométrie».
Mais souligne-t-il, «cette mutation, qui pourrait bouleverser l’équilibre du système financier, est également porteuse de risques pour la stabilité financière, notamment en matière de cyber-sécurité, de blanchiment de capitaux et d’exercice illégal d’activités réglementées.
Elle induit des enjeux importants, relatifs à la protection des consommateurs et de leurs données personnelles, mais aussi à ce qui concerne le droit à la concurrence».
Tout cela, pour dire que «c’est une révolution qui, si elle est maîtrisée, pourrait offrir une formidable opportunité de développement à nos pays».
C’est pourquoi, assure le Directeur régional pour l’Afrique centrale et de l’Ouest de la Banque mondiale, «avec le Fonds monétaire international, la Banque mondiale a lancé le Programme Fintech de Bali en avril 2019 pour aider les pays à tirer parti des avantages et des possibilités des progrès rapides de la technologie financière qui transforment la prestation des services financiers, tout en gérant les risques inhérents». Mme Elizabeth Huybens note que «les nouveaux acteurs Fintech contribuent à la concurrence avec les acteurs du numérique déjà en place, et en particulier avec les initiatives des géants du web…». Tout de même, indique la fonctionnaire de l’institution de Bretton woods, «la réglementation doit limiter les risques potentiels, pour que l’innovation soit toujours synonyme de protection de la clientèle, de sécurité des paiements, sécurité informatique et de stabilité financière». Cette réglementation, insiste Mme Huybens, «doit aussi être agile, car l’innovation ne doit pas être étouffée par les contraintes administratives ou une approche trop rigide».
Pour faire face à ces défis, le gouverneur de la Bceao d’assurer que des actions d’envergure ont été prises. Et la conférence à laquelle participent plus de 150 personnes se veut un cadre d’échanges fécond pour mieux appréhender les enjeux, défis et perspectives que représente l’émergence des Fintech pour les pays en développement.