En 2015, quand le Magazine Forbes Afrique révélait que l’homme le plus riche d’Afrique francophone s’appelait Baba Ahmadou Danpullo, peu de gens le connaissaient, même dans son Cameroun natal. L’homme d’affaires self-made-man est pour ainsi dire parti de rien pour frôler aujourd’hui, les cimes. Avec une fortune estimée à 550 milliards de francs Cfa, le Peul anglophone du Cameroun s’est construit un empire économique diversifié. Entre la téléphonie, l’agro-industrie ou l’immobilier, Baba Ahmadou Danpullo est devenu un miroir de l’Afrique qui réussit.
Il a fallu que le Magazine Forbes Afrique en parle en 2015 pour que l’homme d’affaires camerounais Baba Ahmadou Danpullo se retrouve sous le feu des projecteurs. Désigné homme le plus riche d’Afrique francophone avec une fortune estimé à plus de 550 milliards de francs Cfa, l’homme évoluait jusque-là dans une discrétion absolue. Peul et originaire de la partie anglophone du Cameroun, Baba Ahmadou Danpullo s’est construit un empire colossal dans son pays et un peu partout en Afrique et dans le monde. Aujourd’hui, son empire économique qui emploie plus de 10 000 personnes a des intérêts éparpillés entre l’agroalimentaire, le coton, le thé, l’audiovisuel ou la téléphonie. Il y a quelques mois, il confiait dans une de ses rares interview : «Au Cameroun, il suffit d’un peu d’efforts et de persévérance même sans moyens financiers importants pour que vous puissiez prospérer en affaires.» Self-made-man, Baba Ahmadou débute comme camionneur et avec quelques boutiques. Il bénéficie alors d’un prêt sans garantie de 500 millions de francs Cfa et obtient une licence d’importation pour le riz et la farine. Ses affaires peuvent alors décoller dans le pays de Paul Biya. Par la suite, il investit dans l’agroalimentaire avec l’acquisition d’une minoterie à la fin des années 70. Il acquiert les Minoteries du Cameroun qui sont en cours de privatisation au franc symbolique. Aujourd’hui, son usine de farine «Le Coq rouge», entièrement modernisée informatisé, produit 400 tonnes par jour.
Par la suite, il s’intéresse au coton avec la Sodecoton mais prend également des participations à Aéroports du Cameroun dont il détient des parts. Mais depuis quelques années, l’homme d’affaires s’est fait une place dans le secteur de la téléphonie en lançant sa marque Nexttel en septembre 2014. Dans un reportage diffusé il y a quelques mois sur le magazine Réussite de Canal plus, le Directeur général de cette société de téléphonie révélait une des recettes du succès de la boite devenue aujourd’hui 3e opérateur derrière Mtn et Orange. Selon Moise Dayi, c’est parce que le groupe a fait le pari de se positionner dans les zones rurales qu’il enregistre d’aussi bon résultats. Avec 85% de couverture, Nextell a développé une stratégie très agressive dans ces régions, confiait-il.
Self-made-man discret
Si Baba Ahmadou Danpullo est resté anonyme aussi longtemps, c’est sans doute grâce à sa discrétion. L’homme d’affaires, qui évite les medias, mène ses activités depuis son village de Ndawara dans la région de Bamenda au Nord Cameroun. Dans son fief, «le roi du thé» comme on le surnomme, est actionnaire de Cameroon Tea Estates. A Ndawara, il vit entouré de ses champs de thé qui s’étalent sur une superficie de 5 500 hectares. Sur ces vastes espaces, 600 cueilleurs travaillent tout au long de l’année à cueillir les feuilles de thé. Transformé et conditionné sur place, le thé de Ndawara tend à devenir un label prisé dont les 80% sont destinés à l’exportation dans la sous-région principalement.
A côté des champs de thé, il développe également de l’élevage conformément à ses racines peules. Des milliers de vaches et de bœufs mais aussi plus de 8 000 chevaux caracolent sur ses terres. Sur une image prise en 2011 lors du comice agropastoral d’Ebolawa dans le Sud du pays, on le voit montrer un énorme bœuf au Président camerounais. C’est que Danpullo est fier de son cheptel.
Un géant de l’immobilier
Loin de ses terres ancestrales, c’est en Afrique du Sud qu’il réalise l’essentiel de son chiffre d’affaires dans l’immobilier. L’on dit même qu’il possède le plus grand portefeuille immobilier du pays. Dans le pays arc-en-ciel, Baba Ahmadou possède une compagnie aérienne régionale mais c’est surtout son patrimoine immobilier qui attire l’attention. Grace à des placements immobiliers très fructueux, il est aujourd’hui propriétaire de 2 centres commerciaux à Cape Town. Il est également, le propriétaire de plusieurs gratte-ciel dont la 3e plus haute tour du pays, la Marble Tower à Johannesburg. Selon certaines estimations, ses actifs dans ce pays dépassent les 400 millions de dollars, soit plus de 224 milliards de francs Cfa. «Un homme d’affaires doit investir partout où se trouvent des opportunités», confiait l’homme d’affaires au Point Afrique. Aujourd’hui, le groupe qu’il a mis en place s’est également déployé au Nigeria, en France ou en Suisse où il possède des biens immobiliers. Mais l’on parle également d’intérêts dans le secteur pétrolier en Angola.
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