Emploi, changement climatique, développement homogène : Les grands défis de la Chine

Par Dialigué FAYE (Envoyé spécial à Beijing) –
«La situation nationale et la culture traditionnelle de la Chine», c’est la première thématique de la conférence inaugurale du séminaire lancé hier par le ministère du Commerce de la République populaire de Chine au profit d’un groupe de responsables médias et de journalistes sénégalais. Elle a été animée par l’ancienne consule de Chine en France et ancienne responsable de projets à l’Agence canadienne de développement international. A cette occasion, Mme Baozhen est largement revenue sur les caractéristiques, les grandes interventions, la fondation du Parti communiste chinois (Pcc)… les grandes réalisations, sans occulter les grands défis auxquels la République populaire de Chine est aujourd’hui confrontée.
Et comme premier défi, la conférencière souligne le «déséquilibre de développement entre la partie-est et la partie-ouest de la Chine». «Le Pib (Produit intérieur brut) de l’Est est deux fois plus élevé que celui de l’Ouest. Pour faire face à ce déséquilibre, beaucoup d’entreprises ont été transférées de l’Est vers l’Ouest pour absorber beaucoup de main-d’œuvre. Dans certaines grandes villes, les taxes sur l’alcool et sur le tabac ont été augmentées, afin de renflouer les caisses dans les villes de l’Ouest. Ce qui a permis de réduire drastiquement la pauvreté dans cette partie-ouest», a indiqué Mme Yang Baozhen. Avant de pointer le problème des personnes du 3e âge. Selon elle, en 2024, plus de 300 millions de personnes ont plus de 60 ans. D’où l’urgence d’améliorer les infrastructures et les soins à cette importante frange de la population chinoise estimée à 1, 4 milliard d’habitants.
15 millions d’emplois à créer annuellement
Le problème de l’emploi est également une équation à résoudre. «Chaque année, il faut créer 15 millions d’emplois. Les universités produisent plus de 11 millions de diplômés, demandeurs d’emplois, sans compter la main-d’œuvre agricole à caser. C’est pourquoi le gouvernement ne ménage aucun effort pour accompagner les entreprises, pour faciliter la création d’emplois. Des foires de recrutement sont souvent organisées, afin de mettre en relation les demandeurs d’emplois et les patrons d’entreprises. Il y a des étudiants qui parviennent à décrocher leur premier contrat de travail avant même de terminer leurs études, grâce à ces foires», assure l’ancienne consule reconvertie en coach des Pme/Pmi.
Elle rappelle que les progrès de la Chine dans la nouvelle ère sont liés aux politiques de réformes, mais également à l’ouverture. «Nous devons approfondir les réformes et l’ouverture pour réaliser la modernisation socialiste et construire une Chine modérément développée. Nous sommes confiants pour atteindre ces objectifs, parce que nous avons un engagement fort du Parti communiste chinois et du gouvernement, ainsi qu’un environnement favorable et une bonne gouvernance», déclare la conférencière.
Auparavant, Mme Yang a mis en lumière l’évolution de l’économie chinoise entre 1978 et 2024. «La position de la Chine dans l’économie mondiale en 1978 ne représentait que 1, 8%. En 2024, elle représente 18, 7%. Le Pib/habitant est de 13 400 dollars Us, et parmi les Top 500 des entreprises mondiales, les 133 sont des entreprises chinoises… C’est un changement historique», s’exclame-t-elle. Dans le secteur de l’industrialisation, la Chine a aussi fait des progrès. «Dans la production de voitures électriques par exemple, la Chine a enregistré, en 2025, 31, 55 millions de voitures, soit une croissance de 3, 7%.
Dans la construction d’infrastructures routières, 183 600 km d’autoroutes ont été construites. Depuis 1998, ce sont plus de 5000 km qui sont réalisés annuellement. En 2009, un record de 60 000 km a été réalisé.
Toutes les villes ayant une population de plus de 500 000 habitants sont reliées par des autoroutes. Il y a une forte intensification de la construction d’infrastructures du système de transport et de communication, de chemin de fer pour les trains à grande vitesse. En 2016, la Chine ne disposait que 10 000 km de rails. Cette année, en 2025, elle dispose de 50 000 km de chemin de fer pour les trains à grande vitesse», liste la Chinoise. Avant de faire part aussi, aux séminaristes sénégalais, qu’aujourd’hui, la haute technologie a changé la vie des Chinois.
Pour une durée de deux semaines, ce séminaire entre dans le cadre du partenariat entre la République populaire de Chine et le Sénégal. Il vise à mettre en œuvre les résultats du dernier Forum sur la coopération sino-africaine (Focac) tenu en septembre 2024 à Beijing, mais également à mobiliser la sagesse et la force des médias pour approfondir le partenariat stratégique global sino-sénégalais, d’après M. Li Hengtian, directeur adjoint de l’Institut des études internationales et de la formation avancée du Groupe de communication internationale de Chine (Cicg), qui a présidé la cérémonie d’ouverture du séminaire.
A son avis, ce Focac, qui a été coprésidé par les présidents Xi Jinping et Bassirou Diomaye Diakhar Faye, marque l’entrée des relations sino-africaines dans une nouvelle phase : celle de la construction d’une communauté de destin à toute épreuve.
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