La main d’œuvre agricole du département de Vélingara est vieillissante, malgré les énormes gisements de richesses et d’emplois que renferme le secteur de l’agriculture pour les jeunes, très affectés par le chômage. C’est pour attirer la jeunesse de la localité vers la terre que le conseil départemental de la jeunesse de Vélingara a initié un panel sur le thè­me : «Agriculture et emplois des jeunes : quelles stratégies pour une politique agricole pourvoyeuse d’emplois ?»
Moins de 10% des jeunes du département de Vélingara pratiquent la culture du coton, l’une des plus importantes cultures de rente de cette localité au Sud du Sénégal. Le responsable du pôle de sécurisation des approvisionnements en produits agricoles de la région de Kolda de la Sodefitex (Société de développement et des fibres textiles), Ibrahima Ciss, a indiqué que dans le secteur de Linkéring (Vé­lingara), seuls 13% des jeunes s’investissent dans la cotonculture, dans la zone de Pakour 9%, dans la zone périurbaine de Vélingara 7% et à peu près le même chiffre pour la zone de Kounkané, toujours dans le département de Vélingara. Dans toutes ces localités, les personnes âgées qui collaborent avec la Sodefitex sont de l’ordre de 70 à 80%. L’ingénieur des travaux agricoles a donné ces chiffres, samedi passé, au cours d’un panel sur le thème : «Agriculture et emplois de jeunes : quelles stratégies pour une politique agricole pourvoyeuse d’emplois ?» Il a poursuivi pour noter que le vieillissement de la main d’œuvre agricole est responsable, en partie, de la baisse, année après année, de la production cotonnière.
Cette remarque du technicien est valable pour toutes les spéculations. Les jeunes désertent de plus en plus les champs. Et pourtant «Vélingara est une zone à vocation agro-sylvo-pastorale, qui offre à l’agriculture des potentialités inouïes et aux jeunes des opportunités d’emplois et de création de richesses», selon les propos de Ismaïla Mané, président du conseil départemental de la jeunesse de Vélingara. Il a ajouté : «Au même moment, les jeunes font face à un chômage chronique. Ceux qui ont des diplômes de l’enseignement supérieur croient qu’il est dévalorisant de travailler la terre. Alors que, de notre point de vue, c’est l’auto emploi à travers l’agriculture, l’élevage, l’artisanat et les services qui pourront aider à résorber le taux de chômage des jeunes.»
Confirmant que les jeunes ont abandonné la culture de la terre, le jeune Samba Baldé en a donné les raisons. Il a informé : «Les jeunes accèdent difficilement aux matériels agricoles lourds comme légers, ce qui rend le travail lent et pénible,  les intrants sont aussi difficiles à acquérir du fait d’un manque de crédit, alors les terres ne sont plus aussi fertiles qu’elles l’étaient.»
Dans leur communication, Ibrahima Ciss, responsable des approvisionnements agricoles à la Sodefitex, et Moussa Diarra du service départemental du développement rural, ont formulé des recommandations relatives à l’employabilité des jeunes dans le secteur de l’agriculture. Entre autres propositions, citent-ils, «l’octroi de crédit adapté aux jeunes, l’accélération de  la mécanisation de l’agriculture, l’information des jeunes pour une plus grande connaissance du secteur et des potentialités du département, l’orientation des jeunes vers l’arboriculture et le maraîchage, la formation dans les métiers de la transformation des produits, de la conduite d’engins, de la fabrication, de l’entretien et de la maintenance du matériel agricole, dans la prestation de services de travail du sol, de récolte, de battage et de stockage… ».
Au terme de la rencontre, Ismaïla Mané a exprimé sa satisfaction et promis de compiler les recommandations issues du panel dans un document qui sera remis aux autorités administratives et techniques compétentes.
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