Employabilité et autonomisation : Les femmes plombées par les pesanteurs sociales

En dépit des avancées, l’employabilité des femmes et des jeunes reste toujours un sérieux problème. Avec les programmes d’autonomisation des femmes, il y a évidemment des progrès, mais il reste encore tant de choses à accomplir, notamment dans la formation et l’éducation. Co-auteur d’un rapport d’étude sur le modèle d’engagement politique du Centre africain pour la transformation (Acet), réalisé au Sénégal et au Ghana, Dr Ndèye Sira Mbodji confirme une vieille préoccupation : l’inadéquation de la demande des entreprises et les compétences des jeunes. «Donc il faut aider à spécifier les formations, à sensibiliser les parents et les informer sur les nouveaux métiers qui sont là avec la technologie pour en fait qu’on ne continue pas à s’insérer dans les parcours traditionnels», a-t-elle dit lors d’un atelier de dissémination et d’engagement politique. Dr Ndèye Sira Mbodji, à la tête d’une équipe de recherches de l’Acet, une institution panafricaine de politiques économiques, reconnait les efforts consentis par l’Etat pour soutenir les femmes et renforcer leur intégration dans le monde du travail. Mais, l’autonomisation économique des femmes reste encore un défi en raison de la complexité de l’environnement socio-culturel et professionnel. «Même si le processus de déconstruction des mentalités est bien engagé, les relations entre les sexes sont façonnées par des normes et coutumes socioculturelles de longue date qui établissent des relations hiérarchiques dans lesquelles les hommes sont dominants et les femmes subordonnées», pointe-t-elle. Ces normes se traduisent, précise-telle, par un accès privilégié des hommes aux opportunités de leadership dans les postes officiels des secteurs public et privé.
Dans le même sillage, Hélène Rama Niang Diagne, présidente du Conseil d’administration de la Cosydep, insiste sur la formation et l’éducation des jeunes femmes, car beaucoup d’entre elles ne sont pas allées jusqu’au cycle secondaire ou ne l’ont pas achevé. Que faire ? L’étude recommande d’améliorer la scolarisation et le maintien des jeunes femmes et des mères adolescentes à l’école, d’assurer un environnement et des conditions d’apprentissage adaptés aux jeunes filles pour leurs futurs emplois, de promouvoir et soutenir l’esprit d’entreprise des jeunes femmes. Elle suggère aussi la réduction des inégalités de traitement et des contraintes sur les lieux de travail, l’amélioration de la transition entre l’école et le travail, la promulgation des lois et politiques contre l’inégalité des sexes, la participation des parents au choix d’études et de carrière des enfants.
Il faut noter que l’objectif de l’étude était d’identifier des options politiques innovantes et des pratiques visant à améliorer l’enseignement secondaire, le développement des compétences et les perspectives d’emploi des jeunes femmes au Sénégal.
Par Ousmae SOW