Un an après la mort de Mahsa Amini, arrêtée en Iran pour ne pas avoir porté son voile correctement, et le soulèvement de la population iranienne qui a suivi, le mouvement «Femme, Vie, Liberté» était dans tous les esprits. «Donnez le Prix Nobel de la paix aux femmes iraniennes», plaidait Per Olav Ødegård, éditorialiste du journal populaire norvégien VG. Le nom de Narges Mohammadi, journaliste et militante iranienne des droits humains, détenue à la prison d’Evin à Téhéran, semblait faire consensus. Narges Mohammadi, actuellement dans une geôle de la République islamique, est bien évidemment attendue à Oslo pour la remise de son prix. «Si les autorités iraniennes prennent la bonne décision, ils la libéreront. Elle pourra ainsi être présente pour recevoir cet honneur, ce que nous espérons avant tout», a déclaré la présidente Berit Reiss-Andersen du Comité Nobel norvégien, à Oslo. Dans la foulée, l’Onu a réclamé sa libération. Interrogée en juillet dernier sur Rfi, Narges Mohammadi se voulait rassurante : «je vais bien. Je suis vraiment confiante et je reste active», et disait poursuivre ses investigations à propos de «la torture blanche» et des «cellules d’isolement». «Une partie de mes efforts en ce qui concerne les droits humains est consacrée à la question «du viol, l’agression et la violence à caractère sexuel» contre les femmes contestataires et opposées au régime, commis par des agents de l’Etat.»

Sa famille a très vite réagi, soulignant le moment historique pour la liberté en Iran : «Nous dédions ce prix à l’ensemble des Iraniens, en particulier aux femmes et filles iraniennes qui ont inspiré le monde entier par leur courage et leur combat pour la liberté et l’égalité.» Le mari de Narges, Taghi Rahmani, réfugié depuis 2012 en France avec leurs jumeaux âgés de 17 ans, dit d’elle qu’elle est «la personne la plus déterminée» qu’il connaisse. Arrêtée de nombreuses fois depuis 1998, Narges Mohammadi a été condamnée à plusieurs peines de prison et doit encore être jugée pour de nouveaux chefs d’inculpation. Dans son discours d’annonce, le Comité Nobel a tenu à souligner le courage des femmes iraniennes, victimes de répressions de la part du régime iranien, sources d’inspiration pour le monde entier et distinguées aussi à travers ce prix. Iran Human Rights, une organisation de défense des droits de l’Homme basée en Norvège, s’est félicitée du prix décerné à Narges Mohammadi et espère que cela attirera l’attention de la Communauté internationale sur la lutte du Peuple iranien pour ses droits humains fondamentaux. (…)

L’Iran condamne
En Iran, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a condamné l’attribution du Prix Nobel de la paix à Narges Mohammadi, en qualifiant cette décision de politique, en faveur d’une personne condamnée à plusieurs reprises pour violation des lois iraniennes. Plusieurs sites d’informations proches des conservateurs ont affirmé que ce prix visait à créer des troubles dans le pays. Les médias conservateurs ont estimé que l’attribution de ce prix, après l’échec des groupes d’opposition, visait à relancer le mouvement de protestation dans le pays.
Rfi