Emprisonnement de Farba Ngom : Ses avocats dénoncent «une entreprise de liquidation familiale»

Les avocats de Farba Ngom dénoncent la procédure à l’origine de l’arrestation du député dont, soulignent-ils, les droits sont violés.Par Amadou MBODJI –
Les avocats de Farba Ngom dénoncent la procédure ayant conduit leur client en prison en violation de ses droits. Ils fustigent la saisie «illégale» de ses biens avant même son inculpation.
«Je voudrais que l’opinion comprenne que les droits de Farba Ngom sont en train d’être violés, et de façon très grave. Des saisies ont été opérées alors que Farba n’était même pas encore inculpé. Alors que la loi est on ne peut plus claire, le juge d’instruction ne peut prendre des mesures conservatoires que sur les biens de l’inculpé», s’emporte Me Abdou Dialy Kane, membre du pool d’avocats de Farba Ngom, qui tenait hier une conférence de presse au Café de Rome. L’avocat clame l’innocence de son client qui, dit-il, est une victime.
«Farba Ngom est complètement innocent. Mais la manipulation des concepts juridiques par le Ministère public montre à quel point ce Parquet dispose d’un pouvoir exorbitant. Et ce pouvoir exorbitant du Ministère public a été décrié par les tenants actuels du pouvoir quand ils étaient dans l’opposition. Mais depuis qu’ils ont accédé au pouvoir, personne n’a entendu l’un d’eux décrier les pouvoirs du Parquet», a-t-il dénoncé.
Pour Me El Hadj Amadou Sall, Farba Ngom est en prison sans connaître les motifs pour lesquels il est arrêté.
«Ni le Parquet, ni le juge d’instruction n’ont pu dire avec précision à Tahirou Sarr ou à Farba Ngom, les éléments qui ont motivé leur inculpation. Et sur la base de cette ignorance de la part de la Centif, ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs et blanchiment de capitaux, avant d’être placés sous mandat de dépôt», s’indigne Me El Hadj Amadou Sall.
Me Baboucar Cissé, un autre conseil de Farba Ngom, dénonce une instrumentalisation politique de la Justice à la suite des Législatives anticipées du 17 novembre 2024. La robe noire pointe des «irrégularités majeures» dans la procédure.
Me Cissé a lié l’affaire à une déclaration du président du parti Pastef, Ousmane Sonko, qui, pendant la campagne électorale, avait affirmé que «c’est la dernière campagne de Farba». Selon l’avocat, cette déclaration s’est traduite par des actions ciblées contre l’élu des Agnam. «On a levé son immunité, saisi un juge d’instruction pour plusieurs infractions, et il a été inculpé sans savoir précisément ce qui lui est reproché», s’est indigné Me Cissé. Initialement, l’affaire portait sur un montant de 31 milliards de F Cfa, selon les accusations d’escroquerie et de blanchiment de capitaux. Farba Ngom avait proposé une caution, rejetée sur la base de «textes fallacieux», d’après l’avocat.
Selon M. Cissé, dans cette affaire, on est en train de bafouer les droits de Farba Ngom, en cherchant, selon lui, à «humilier toute la famille de ce dernier». Et d’ajouter : «il faudrait que ça s’arrête. On a voulu la tête de Farba Ngom, on l’a eue. On l’a jeté en prison. Mais bon sang, qu’on arrête le processus de destruction ou de démolition d’une famille !», s’exclame-t-il. Avant de poursuivre : «Mais le rouleau compresseur est en train de partir. On prend le frère qui vient de l’extérieur pour rendre visite à son grand-frère, alors que ce frère n’est même pas concerné, ni cité dans le rapport de la Centif, ni dans l’histoire, on le jette en prison.» «On fait appel à d’autres qui, eux, doivent passer le 19 mai. Ils vont se retrouver en prison. Et après, quoi ? On veut décimer toute une famille au nom de quoi ? Il faut que ça s’arrête. Trop, c’est trop !», poursuit Me Cissé.
A l’image des avocats de Lat Diop, le pool d’avocats de Farba Ngom n’exclut pas de saisir la juridiction de la Cedeao pour le compte de leur client.
ambodji@lequotidien.sn