Des responsables de l’Alliance pour la République (Apr) de Saint-Louis, du Nord, de tout le pays, et des partis alliés ont marché pacifiquement samedi, dans les principales artères de la vieille ville, pour réclamer la libération de leur camarade Mansour Faye, ex-ministre sous l’ère du Président Macky Sall, et de leurs autres camarades, emprisonnés dans le cadre de la traque des biens mal acquis au Parquet judiciaire et financier. Très en colère contre l’actuel régime ces opposants, qui ont battu leur record de mobilisation depuis plusieurs mois, promettent de maintenir la mobilisation jusqu’à la satisfaction de leurs revendications.Par Cheikh Ndiongue – 

Ils étaient très nombreux à participer à cette grande marche dite de résistance au Nord, autorisée par le Préfet du département de Saint-Louis : des responsables de l’Alliance pour la République de la commune, du département et de toute la région de Saint-Louis, et leurs militants à la base, mais aussi de hauts responsables venus de tous les coins du pays pratiquement, parmi lesquels Amadou Mame Diop, député à l’Assemblée nationale et maire de Richard-Toll, Abdoulaye Saydou Sow, maire de Kaffrine, l’ancien ministre Mor Ngom, la députée Adji Mbergane Kanouté, Aïssatou Ndiaye, maire de Ndiaffate (Kaolack), Augustin Tine, maire de Fandène, Mamadou Lamine Massaly de Thiès et des délégations de Moustapha Diop, maire de Louga, et du Fouta. Tout ce beau monde fortement mobilisé, pancarte à la main et arborant des bandeaux rouges, a marché suivant l’itinéraire avenue des grands hommes-avenue Moustaphe Malick Guèye-rond point Commissariat central-Avenue Macky Sall-Pont Faidherbe, avec comme point de chute la Place Baya Ndar. Sur place, les partisans du maire de Saint-Louis ont profité de cette belle tribune qui leur a été offerte pour défendre leur camarade, ainsi que tout autre détenu de l’opposition, mais aussi pour faire le procès du pouvoir en place. Les premières flèches ont été décrochées par le responsable apériste de Saint-Louis, Lamine Ndiaye, adjoint au maire et un des plus fidèles lieutenants de Mansour Faye, qui a expliqué dans son intervention que «cette marche pacifique est une mobilisation de droit, mais aussi une bataille contre l’injustice et l’arbitraire au Sénégal». Le compagnon du beau-frère de Macky Sall a promis de combattre, lui et ses camarades, cette injustice avec la dernière énergie. «Vous savez tous que ce qui s’est passé est une véritable prise d’otage. Mansour Faye a été pris en otage et nous allons barrer la route à cette prise d’otage par tous les moyens. Nous continuerons de déployer les stratégies que nous utilisons depuis sa capture», promet-il, tout en faisant savoir qu’aucun des responsables emprisonnés ne sera laissé en rade dans ce combat. Lamine Ndiaye ne s’en est pas arrêté là, car il a jeté par ailleurs de grosses pierres dans le jardin des vérificateurs de la Cour des comptes dont l’un d’entre eux en a eu pour son grade. «Je m’adresse à ce vérificateur corrompu de la Cour des comptes du nom de MD, le manitou de Ousmane Sonko, qui exécute les sales besognes du Premier ministre. Nous allons lui barrer la route par tous les moyens, parce que la place de Mansour Faye n’est pas la prison», martèle Lamine Ndiaye qui, dans la foulée, a posé trois questions au dit vérificateur : qu’est-ce que la surfacturation ? Qui a surfacturé ? Et comment a-t-on surfacturé ?
L’ex-députée Aminata Guèye a, de son côté, pris le relais pour réclamer la libération sans condition de Mansour Faye, ainsi que de tous les autres détenus dont Assane Diouf et Abdou Nger. Elle a dans la foulée interpellé l’actuel régime et ses tenants qui avaient promis, selon elle, qu’il n’y aurait plus de délit d’opinion au Sénégal une fois qu’ils accédaient au pouvoir, et d’abroger les articles 80 et 254. Mieux, renchérit-elle, «le pays est à l’arrêt et tous les secteurs comme l’économie, la pêche, les transports, etc., sont à terre».  Aminata Guèye, dans son procès, a accusé le régime du Président Diomaye Faye de préparer un autre dossier fondé sur le blanchiment d’argent par épingler leur leader, faute de n’avoir pu trouver des arguments valables pour le condamner dans le premier dossier pour lequel il a été arrêté. Amadou Mame Diop, maire de Richard-Toll et ancien président de l’Assemblée nationale, lui, explique leur présence à cette marche non seulement par leur volonté de soutenir leur camarade Mansour Faye dans son épreuve, mais aussi de soutenir tous les autres responsables de l’Alliance pour la République emprisonnés présentement de «manière injuste et illégale». Il a cité parmi ces derniers, Farba Ngom, membre du Secrétariat exécutif de l’Apr, Lat Diop, Moustapha Diakhaté, Sophie Gladima, Abdou Nger, Ablaye Ndiaye, Moustapha Diop, ainsi que tous les autres responsables en détention en ce moment. Pour Amadou Mame Diop, c’est le pays qui est à ce stade où on emprisonne les opposants à tout bout de champ. «C’est le pays lui-même qui a sombré dans les ténèbres, ce n’est pas seulement la Justice. Car cette pénombre dans laquelle le nouveau régime nous a plongés, touche aussi notre économie qui est en train de s’écrouler. Ne parlons pas du social, car le social aussi est à terre, la bonne gouvernance également. Et pire, nos autorités confondent justice et autoritarisme et usage abusif de la force. C’est ça qui règne en ce moment au Sénégal», a en effet martelé l’ex-président de l’Assemblée nationale, qui a invité ses camarades à maintenir cette mobilisation qui avait déjà commencé, selon lui, à Agnam et s’est poursuivie à Saint-Louis avec cette marche, pour ainsi barrer la route aux tenants de l’actuel régime. Pour Mame Diop, l’actuel régime a «perdu le nord» et ne sait plus comment et où conduire le pays. «Quand on se met à servir aux Sénégalais des contre-vérités pendant 10 ans pour diriger le pays, on ne peut que continuer à servir aux Sénégalais des contre-vérités pour les diriger», martèle le député-maire de Richard-Toll, qui a demandé avec insistance à ses camarades de rester mobilisés pour continuer à lutter pour défendre aussi bien Mansour Faye, Farba Ngom que les autres. Mame Diop n’a pas manqué de saluer la mobilisation à leurs côtés des responsables et autres militants des partis alliés lors de cette marche.
Pour Aïssatou Ndiaye, maire de Ndiaffate, personne ne doit accepter que Mansour Faye soit pris en otage à cause d’un dossier qu’elle a qualifié de vide, et les arrestations de Tahirou Sarr, Farba Ngom, Moustapha Diakhaté, Abdou Nguer et autres sont contraires aux principes de la Justice, dans un pays où, selon elle, «le Peuple est fatigué, l’agriculture en déclin, le social initié par le Président Macky Sall dans le monde rural, les Bourses familiales et la Couverture maladie universelle n’existent plus». Le jeune Ady Ba, responsable de la Cojer, a invité la jeunesse à continuer à faire face, tandis que Augustin Tine, maire de la commune de Fandène, qui a qualifié l’arrestation de Mansour Faye de politique, promet le maintien de la mobilisation jusqu’à la libération de tous leurs camarades arrêtés. L’ancien ministre de la Jeunesse, Pape Malick Ndour, qui a appelé à plus d’équité dans le traitement des dossiers judiciaires, a également pris la parole lors de cette marche qui s’est déroulée dans le calme, sans aucun débordement et sans heurts. Cet état de fait a d’ailleurs été salué par l’ensemble des parties prenantes et des observateurs neutres qui se sont félicités de l’attitude très positive du Préfet du département de Saint-Louis, Abou Sow, qui, en autorisant cette marche, avait mis au défi les responsables de l’Alliance pour la République en leur demandant de tout faire pour éviter des débordements susceptibles d’occasionner des troubles à l’ordre public. Un défi bien relevé par les organisateurs.
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