L’état de santé de l’écrivain menacé de mort depuis la fin des années 1980 pour son livre «Les Versets sataniques», n’est pas connu mais la Gouverneure de New York a indiqué qu’il était «vivant».

Il s’apprêtait à donner une conférence à Chautauqua, dans l’Ouest de l’Etat de New York, quand un homme l’a attaqué avec un couteau. L’auteur britannique, Salman Rushdie, a été poignardé vendredi, a confirmé à l’Afp, la police du comté de Chautauqua. Celle-ci a publié un communiqué dans lequel elle précise que l’écrivain a été, semble-t-il, poignardé au cou et transporté par hélicoptère vers un hôpital. L’intervieweur qui l’accompagnait sur scène a été blessé légèrement à la tête. L’agresseur présumé a, lui, été arrêté. Les médecins n’ont pas encore communiqué sur son état de santé, mais la Gouverneure de l’Etat de New York, Kathy Hochul, a indiqué lors d’une conférence qu’il était «vivant». Plusieurs centaines de personnes étaient réunies dans ce centre de conférence où Rushdie était déjà intervenu par le passé. Elles ont été évacuées de la salle. «L’événement le plus terrible vient d’arriver à la Chautauqua institution. Salman Rushdie a été attaqué sur scène. L’amphithéâtre est évacué», a écrit un témoin sur les réseaux sociaux. Des images vidéo diffusées sur les réseaux sociaux montrent des spectateurs d’une salle de spectacle se précipiter sur scène pour porter secours à quelqu’un qu’on aperçoit au sol.

Tête mise à prix
En publiant l’ouvrage controversé Les versets sataniques, Rushdie était devenu la cible d’une fatwa de l’ayatollah iranien, Rouhollah Khomeiny, en 1989. Une prime de 3 millions de dollars était alors offerte à quiconque tuait l’écrivain. Pourtant l’auteur, né en 1947 à Bombay en Inde deux mois avant son indépendance de l’empire britannique, essaie de ne pas être réduit au scandale provoqué par la publication de cet ouvrage qui avait embrasé le monde musulman et conduit, en 1989, à une «fatwa» demandant son assassinat. «Mon problème, c’est que les gens continuent de me percevoir sous l’unique prisme de la fatwa», avait dit, il y a quelques années, ce libre-penseur qui se veut écrivain, pas symbole. Contraint dès lors de vivre dans la clandestinité et sous protection policière, allant de cachette en cachette, il se fait appeler Joseph Anton, en hommage à ses auteurs favoris, Joseph Conrad et Anton Tchekhov. Il doit affronter une immense solitude, accrue encore par la rupture avec sa femme, la romancière américaine Marianne Wiggins, à qui «Les versets…» sont dédiés. Installé à New York depuis quelques années, Salman Rushdie, sourcils arqués, paupières lourdes, crâne dégarni, lunettes et barbe, avait repris une vie à peu près normale tout en continuant de défendre, dans ses livres, la satire et l’irrévérence.

Réactions multiples
La présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, Aurore Bergé, a décrit dans un tweet, Rushdie comme «l’expression même de la liberté, il en est le visage, la voix, l’interprète», malgré «les menaces incessantes». L’eurodéputée Renaissance, Nathalie Loiseau, a adressé son «soutien sans réserve» à «la cible permanente de l’intolérance, talentueux et courageux défenseur de la liberté d’opinion». «C’est un symbole de résistance face au totalitarisme islamiste, qui a été attaqué», a réagi sur Twitter le président du Rassemblement national, Jordan Bardella. «Cette attaque prouve que les islamistes ne désarmeront jamais», a abondé le maire de Perpignan, Louis Aliot, candidat à la tête du Rassemblement national. «Les fanatiques religieux, qui ont lancé une fatwa contre lui, en portent sans doute la responsabilité», a vilipendé le député Insoumis, Alexis Corbière. «Poignardé par la haine islamiste», a fustigé le leader communiste, Fabien Roussel. Boris Vallaud, chef des députés socialistes, a condamné une attaque «grave et intolérable». «C’est la liberté qui est attaquée», a fustigé le président du groupe écologiste à l’Assemblée, Julien Bayou, parlant d’une «ignoble fatwa». Pour l’ancienne candidate de Droite à la Présidentielle, Valérie Pécresse, Salman Rushdie «incarne la liberté d’expression face aux totalitaristes islamistes».

Le Premier ministre britannique, Boris Johnson, s’est quant à lui dit «atterré» par l’agression dont a été victime vendredi son compatriote, l’écrivain Salman Rushdie, aux Etats-Unis. Je suis «atterré que Sir Salman Rushdie ait été poignardé alors qu’il exerçait un droit que nous ne devrions jamais cesser de défendre», a réagi Johnson dans un tweet, en allusion à la liberté d’expression. «Je pense à ses proches. Nous espérons tous qu’il va bien», a ajouté le chef du gouvernement.
Avec 20minutes.fr