En Allemagne, campagne des Législatives rime avec racisme. Et ce n’est pas le premier député noir, le Germano-sénégalais Karamba Diaby, qui dira le contraire. Se battant pour sa réélection à la Bundestag, il a porté plainte contre le parti néo-nazi Npd qu’il accuse d’être à la base de la campagne raciste dont il est victime.

La phrase est révélatrice pour renseigner sur ce que vit le député Karamba Diaby : «A tous les racistes : I’m not your negro !» («Je ne suis pas votre nègre !»). Une phrase lancée sur Facebook par le premier député noir de l’Allemagne élu dans une circonscription de l’ex-République démocratique allemande (Rda). D’origine sénégalaise et âgé de 55 ans, Karamba Diaby se bat pour sa réélection à la Bundestag, la Parlement allemand. Candidat social-démocrate de la ville de Halle, il fustige l’attitude de ceux qui le taxent de «singe noir». Conséquence : Diaby a porté plainte contre le parti néo-nazi Npd qu’il accuse d’être à la base de cette campagne raciste.
«C’est un devoir de toute la société» de se dresser contre les personnes véhiculant ces messages de haine, fait remarquer le député Karamba Diaby, interrogé par l’Afp et repris par Jeune Afrique. Elu député pour la première fois il y a quatre ans, M. Diaby n’en pense pas moins qu’«il n’y a pas de liberté d’opinion quand on insulte quelqu’un». Ce dernier n’est, d’ailleurs, pas loin de considérer que «les commentaires sont devenus très, très agressifs» sur les réseaux sociaux.
«La dignité d’une personne est inscrite dans notre Constitution. Je ne me laisse pas intimider par qui que ce soit. Si le fait que quelqu’un qui vit ici depuis plus de 31 ans, qui a étudié ici, qui a sa famille ici (…) pose sa candidature au Parlement est un événement extraordinaire et une sensation, c’est très dommage», tient à dire avec force ce docteur en chimie qui parle parfaitement l’allemand, le français et le mandinka.
«Je dis toujours aux étrangers que quand tu es en Allemagne, tu dois la considérer comme ton pays. L’Allemagne est un pays ouvert», se convainc Karamba Diaby qui est devenu naturalisé allemand en 2001.
Débarquant un jour d’octobre 1985 en Rda communiste, le jeune Sénégalais Diaby ne disposait pour seul bagage, rappelle-t-on, que d’une bourse d’études décrochée grâce à ses activités dans une organisation estudiantine de gauche au Sénégal. «Je savais seulement deux mots, ‘’Bundesliga’’ et ‘’Bmw’’» en arrivant, se plaît à se souvenir Karamba Diaby qui a fréquenté au lycée l’actuel Président sénégalais, Macky Sall, renseigne-t-on. Et «les conditions n’étaient pas faciles» dans ce régime dictatorial.
Descendant d’un bus un soir de 1991, bien après la chute du mur de Berlin, le jeune doctorant Karamba Diaby est victime d’une agression physique. Un souvenir qu’il n’aime guère évoquer, soutient-on.
mdiatta@lequotidien.sn