Pour apologie du terrorisme, le jeune étudiant en Mathématiques et sciences physiques de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), Ousseynou Diop, croupit depuis 3 ans à la prison du Cap Manuel. La jeunesse de son quartier natal, Médina Fall, et sa famille se sont retrouvées autour d’un collectif pour plaider sa cause afin qu’il puisse bénéficier d’un procès ou soit libéré.
Le Collectif de soutien pour la libération de Ousseynou Diop au quartier Médina Fall de Thiès, au cours d’un point de presse, demande que le jeune étudiant du département Mathématiques, physiques et informatique (Mpi), arrêté en 2015 pour apologie du terrorisme, en prédisant un attentat par la voie de commentaires sur les réseaux sociaux, puisse bénéficier d’un procès ou qu’il soit purement et simplement libéré, après plus de 3 ans de détention préventive. Ousseynou Diop, âgé de 24 ans et détenu à la prison du Cap Manuel, a proféré des menaces à l’endroit de la France après les évènements de Charlie Hebdo. Il avait posté sur sa page Facebook ceci : «La France, vous n’avez encore rien vu. Pour des attentats, il y en aura d’autres.» Sa maman Aminata Sall ne demande que la «clémence». Pour Mme Diop, «nous avons la certitude qu’il n’est pas mêlé à ces histoires. C’est pourquoi ce que nous voulons, c’est qu’il soit jugé après plus de trois ans de détention ou qu’il soit purement et simplement libéré». Elle dit : «Ousseynou Diop a eu à adresser des correspondances à toutes les autorités pour demander le pardon, après avoir commis une erreur de jeunesse et pour qu’il puisse reprendre ses études à l’Université, mais en vain. Il a aussi eu à émettre le souhait d’être doté d’un brassard électronique pour pouvoir poursuivre ses études. Et là encore aucune suite favorable n’a été accordée à sa requête.» Il pense qu’«il ne s’agit pourtant que d’une erreur de jeunesse qui peut arriver à tout le monde, car personne n’ignore cette relation étroite qui existe entre les réseaux sociaux et la jeunesse qui s’amuse à poster tout sur son mur». Selon la jeunesse de Médina Fall, «Ousseynou Diop n’a jamais eu un quelconque contact avec les fossoyeurs de la paix. Il s’y ajoute que son casier judiciaire est vide et il ne détient même pas de passeport». Et de confier que «Médina Fall a besoin de son fils». Selon la mère du jeune étudiant, ayant craqué avant de fondre en larmes, «jamais mon fils n’a posé un acte pouvant être assimilé au terrorisme et il a demandé pardon». Elle s’en est remise à Dieu, non sans demander la clémence de la justice.
Au moment de son arrestation, Ousseynou Diop, de père commerçant et issu d’une famille modeste, qui fut un brillant élève qui était toujours premier de sa classe, promu, selon ses amis d’enfance et de l’élémentaire jusqu’à l’Université, à un «bel avenir», était étudiant en première année Mathématiques, physiques, informatique (Mpi) à la Faculté des sciences et techniques de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad). Après des études élémentaires à l’école Cheikh Ibra Fall où il a décroché son entrée en sixième, il a obtenu le Baccalauréat avec mention au lycée de Médina Fall. Et à l’Ucad en première année, il était parmi les 40 meilleurs étudiants de l’Université et parmi les 15 meilleurs de toute sa filière Mpi. Au moment de son arrestation en 2015 à Médina Fall, il était en train de donner des cours de renforcement gratuits à des élèves de Médina Fall. Pour dire, selon les habitants de Madina Fall, «le cas du jeune Ousseynou Diop est très douloureux. Il s’agit d’un jeune étudiant, promu à bel avenir, mais en jouant avec son ordinateur sur Facebook s’est retrouvé en prison. C’est un cas extrêmement difficile. Il est victime d’un jeu d’enfant et s’il savait qu’envoyer un commentaire allait l’envoyer en prison, jamais il ne le ferait». Ainsi, sa maman interpelle le président de la République sur le cas de son fils, «un enfant modèle. Je peux assurer que mon fils n’est mêlé ni de près ni de loin à cette affaire». El Hadji Khar Sène, président du Collectif pour la libération de Ousseynou Diop, signale que dans cette affaire, «il y a la main de la France». Pour lui, «on a vu un cas similaire en France où un jeune avait tenu les mêmes propos, mais on l’a condamné à 6 mois de prison seulement. Et les défenseurs des droits de l’Homme de la France avaient jugé la condamnation trop sévère».
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