En République du Sénégal : Est-il possible de préserver la source du journaliste ?

En effet, ladite source peut déclencher un climat de tension ; faire jaillir la lumière dans une affaire troublante ; soulever de fortes tensions ; se traduire par une justice inconstitutionnelle ou par une frustration incommensurable. Un paradoxe !
Néanmoins, qu’est-ce une source journalistique ? Sinon, l’origine d’une information. La source peut-être une personne (témoin d’un fait, un expert dans un domaine précis, un responsable dans l’architecture d’un Etat, au parfum d’une situation grave avec preuve à l’appui, documentée, entre autres). Que la source peut également être un rapport ou une loi transgressée. Que la source peut découler d’une organisation, d’une association, d’une entreprise ou d’une donnée précise. Le tout permet au journaliste de rédiger un article ou un papier [une appellation bien définie], dans le jargon dudit milieu. Ainsi, ledit papier ou article découle d’une enquête approfondie ou d’un reportage. Cependant, l’auteur de l’écrit doit véritablement vérifier sa source, [mais surtout] pouvoir protéger son informateur ou ses informateurs, dans le cadre du secret professionnel qui l’engage.
Sous ce rapport, l’origine peut induire une fausse information du journaliste, parce que n’ayant pas pris sur lui toutes les précautions utiles ou les soins nécessaires qu’il faut en termes de fiabilité, causant alors une désinformation ou un désagrément à quelqu’un.
En effet, la source peut-être : primaire, secondaire ou tertiaire. Et c’est selon l’appréciation du professionnel de l’écriture. Or, dans un contexte de difficultés [diffamation ou plainte], il est important que le professionnel de l’information puisse préserver sa ou ses sources. Le pourra-t-il dans un environnement politique de dictature, de pression ou de violation des institutions de la République portant sur la Constitution ou/et sur le Code de la presse ? Et comment le corriger ?
Attendu pourtant que les dispositions de la Constitution sénégalaise, comme d’ailleurs, le Code de la presse, ont bien établi des règles de conduite dans l’exercice de la fonction du journaliste, aux fins de protéger la confidentialité de sa ou ses sources. Parce que le journaliste reste une personne humaine et morale. Son occupation est de collecter des informations, à rédiger ou à produire au quotidien, selon des faits à travers les médias. C’est indispensable pour tout un Peuple. Celui-ci en a besoin.
Attendu que dans le cadre juridique des médias [Atelier 2 dont le président fut Souleymane Niang et le rapporteur Mouhamadou Bamba Niang], il a été question : «Conformément aux recommandations du séminaire tenu en décembre 2005 au Centre de formation judiciaire (qui avait regroupé des acteurs du secteur, des magistrats, entre autres), d’inclure dans le Code des médias, les délits de diffamation, d’injure, de diffusion de fausses nouvelles, d’offense au chef de l’Etat.»
Mais attendu de manière positive que «les infractions retenues ne relèveront plus du Code pénal lorsqu’un journaliste sera en cause. Elles seront régies, tant dans l’incrimination que la sanction, par le Code des médias». Une visibilité, toute une pédagogie et une énorme reconnaissance quant à la profession de journaliste qui prend en compte que «les sanctions seront pécuniaires (amendes supportées, dans un prorata à définir, par le journaliste et l’organe de communication) et administratives pénales (interdiction, suspension, retrait de la carte de journaliste, entre autres)».
En raison que la Constitution sénégalaise énonce : «La République du Sénégal garantit à tous les citoyens, les libertés individuelles fondamentales, les droits économiques et sociaux, ainsi que les droits collectifs. Ces libertés et droits sont notamment : les libertés civiles et politiques ; la liberté d’opinion, la liberté d’expression, la liberté de presse, la liberté d’association, la liberté de réunion ; la liberté de déplacement, la liberté de manifestation ; les libertés culturelles, les libertés religieuses, les libertés philosophiques, les libertés syndicales, la liberté d’entreprendre ; le droit à l’éducation, le droit de savoir lire et écrire, le droit de propriété, le droit au travail, le droit à la santé, le droit à un environnement sain ; [et enfin] le droit à l’information plurielle.»
Autrement dit, il y a bien lieu que les institutions de la République au plan juridique prennent en compte : la protection des sources du journaliste, plus particulièrement le principe déontologique, dans tous ses fondamentaux. Il en est de même quant à son application concrète et à la suppression des pressions, sans raison. Parce que «le Code de la presse de 2017 intègre des dispositions relatives à la protection des sources d’information des professionnels des médias, reconnaissant l’importance de ce droit pour l’exercice indépendant du journalisme».
Ibrahima Khalil MENDY
Sg Syntips/Cnts et Président
du Mouvement des Permanents

