En vue du lancement du Conseil interreligieux : Les initiateurs veulent une reconnaissance des autorités

Le Conseil interreligieux du Sénégal veut avoir une reconnaissance étatique pour consolider son travail dans la promotion de la paix.Par Justin GOMIS –
Deux ans après sa mise sur pied, le Conseil interreligieux, devenu «mature», veut s’affirmer. En fait, cette entité, qui regroupe les khalifes généraux, les évêques, les pasteurs, les chefs traditionnels et coutumiers, veut être reconnue de manière formelle par les autorités étatiques (le ministère de l’Intérieur) et celles religieuses. «Nous voulons être reconnus officiellement par l’Etat du Sénégal comme toute autre organisation qui œuvre pour la paix, comme au Burkina et au Mali», a fait savoir Denis Ndour, coordonnateur du Comité ad hoc du Conseil interreligieux du Sénégal.
Une idée que le conseil compte matérialiser le 8 juin prochain, jour du lancement officiel de cette structure qui a fini de tisser sa toile dans l’ombre. Le Conseil interreligieux a pour mission d’œuvrer pour la paix dans le pays et de contribuer au développement économique et social du Sénégal. D’ailleurs, pour ce dernier point, des actes concrets sont déjà posés avec l’initiation d’un projet visant à consolider les liens et à rassembler toutes les communautés religieuses. Il s’agit, indique Denis Ndour, «d’un forage en vue d’une culture maraîchère pour montrer aux Sénégalais que ceux qui s’activent dans les dahiras, les associations catholiques ne se limitent pas seulement à se regrouper pour chanter des Zikr, des louanges et prier, mais pour œuvrer au développement du pays à travers des activités concrètes».
«Le Conseil interreligieux veut ainsi montrer, à travers ce projet, comment renforcer les capacités des membres pour qu’ils puissent participer au développement du pays. A l’image de ce qui se fait dans les pays du Sahel, le Conseil interreligieux veut aussi former les jeunes dans le reboisement. Les missions essentielles du conseil vont dans le sens de la médiation dans la gestion des conflits et dans le sens de la prévention des conflits», a dit Denis Ndour. Selon lui, «il faut promouvoir la paix sur plusieurs facettes à travers des activités, des rencontres et la mise en relation avec les autorités religieuses que sont les khalifes généraux, les évêques du Sénégal». «Sans la paix, rien n’est possible», a déclaré imam Mass Dièye. Et c’est pour cette raison que le Comité interreligieux n’entend pas dormir sur ses lauriers, même si la cohabitation sociale entre musulmans et chrétiens ne souffre d’aucun malentendu. «On ne traite pas de quelque chose qui n’existe pas. On a mis en place un Comité de dialogue interreligieux avec les prêtres, les protestants, les imams, mais pas de façon formelle. Le besoin est nécessaire. On ne va pas dormir sur nos lauriers. Ce conseil vient à son heure. C’est important de le formaliser parce que nous sommes dans un réseau international où nous œuvrons ensemble pour nous aider entre pays afin de participer à la gestion des conflits», a dit Denis Ndour.
Avant de revenir sur les raisons qui ont motivé la mise sur pied de cette structure. «Pour l’idée de créer ce conseil, il faut remonter à la création de l’association Réseau des anciens jécistes d’Afrique (Raja) qui avait créé une plateforme en ligne pour promouvoir le dialogue islamo-chrétien. Cela a fait un peu tache d’huile dehors. Et certains du Conseil interreligieux au niveau continental se sont rapprochés de nous pour nous dire de lancer un conseil comme cela se fait dans les autres pays. Quand on a reçu l’annonce, nous avons démarché ceux qui étaient là pour voir s’il n’y a pas quelque chose d’existant. C’est ainsi que nous avons appris que Serigne Mansour Sy Djamil était coprésident au niveau international de religion pour la paix. Quand nous l’avons contacté, il a dit qu’il nous soutient dans la démarche. Ainsi, il nous a demandé de démarcher toutes les familles religieuses afin de pouvoir mettre sur pied une telle structure. Pendant deux ans, nous avons sillonné les familles religieuses pour discuter et mettre sur pied un petit projet afin de consolider les liens, et qui rassemble toutes les communautés religieuses. C’est ainsi que ce projet a été lancé à Mboro», a-t-il expliqué.
Une démarche que magnifie Paul Dominique Corréa. Estimant que les religieux jouent un rôle très important dans la promotion de la paix, le président de Présence chrétienne trouve que le Sénégal a beaucoup de chance. «Il est cité en exemple pour le dialogue interreligieux», a-t-il soutenu. Selon l’abbé Alphonse Birame Ndour, qui est intervenu via WhatsApp, «nous avons quelque chose de très précieux, à savoir la cohésion sociale». Selon l’ancien Curé de la Paroisse de Saint-Paul de Grand-Yoff, «c’est un legs que nous devons préserver», en ce sens que chrétiens et musulmans ont les mêmes descendants en Adam et en Abraham.
Dans le souci de préserver cette paix dans le pays, Ivette Dionne a lancé un appel à l’endroit des femmes en vue de faire régner cette paix. D’après Khadidiatou Mbaye, qui représentait la communauté tidiane et les jeunes, chacun doit faire de la paix son combat personnel. Et c’est dans ce sens qu’elle a appelé les jeunes à rejoindre le Conseil interreligieux qui va démarrer ses activités le 8 juin.
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