«Le service de la dette totale rapporté aux recettes budgétaires était de 46,8% en 2012 alors qu’il se situe à 33,7% en 2017.» Cette phrase contenue dans la réponse du ministère des Fi­nances aurait pu clore le débat sur le surendettement supposé du Sénégal clamé par le Président Abdoulaye Wade à Touba. En clair, le Sénégal, même avec un stock plus important, court moins de risque lié à la dette en 2017 qu’en 2012 parce que son économie présente plus de vitalité. Nous avions eu modestement l’occasion de répondre à l’honorable député Mamadou Lamine Diallo sur la même question pour dire en définitive que depuis 2014, le nouveau référentiel des politiques économiques et sociales du pays (le Plan Sénégal Emergent) fait de l’endettement un additif intelligent à la correction du gap en matière d’infrastructures et de ressources humaines. L’endettement public, tel que conçu par le Président Macky Sall, est pour donner à notre économie le plus tôt possible des capacités de création de richesse dans une optique de résilience face aux chocs à la fois endogènes et exogènes. Il ne s’agit pas d’un endettement pour financer par exemple le Fesman (cherchez mon regard !), mais pour bâtir le Sénégal que le Président Wade a sans doute vu en chantier du haut de l’hélicoptère prêté par le chef suprême des armées en l’occurrence Son Excellence Monsieur le Prési­dent Macky Sall.
Ce que le Président Wade semble perdre de vue, c’est que depuis 2012, le Sénégal est en marche avec une croissance soutenue titillant les 7% depuis 2014, avec une maîtrise du déficit budgétaire qui, de 6,7% (8% selon certains) en 2011 est à 4,2% en 2016 pour aller à 3,7% du Pib en 2017 avant d’atteindre incha Allah les 3% (critère de convergence de l’Uemoa) en 2018. Depuis 2014, il y a une hausse des exportations. Il y a aussi des projets structurants pour aller dans le sens de l’Emergence. Ces deux facteurs combinés donnent des ratios de solvabilité et de liquidité rassurant sur la capacité de l’Etat à faire face à sa dette. On ne peut pas dire que nous sommes surendettés alors que nous sommes à 10 points de moins que les 70% du Pib retenus par les critères de convergence de l’Uemoa. On ne saurait dire que nous sommes endettés alors que depuis dé­cem­bre 2015, le Sénégal peut librement emprunter sans passer par le Conseil d’Administration du Fmi. On ne doit pas crier au surendettement alors que la capacité de remboursement des emprunts, évaluée par l’agence de notation financière Standard & Poor’s, a confirmé la note «B+/B» du Sénégal pour sa dette souveraine à long et à court termes. Cette dette souveraine, précisons-le, est d’au moins à 60% de nature concessionnelle. On ne peut pas dire que nous sommes endettés au moment où l’encours de la dette publique extérieure est largement couvert et représente 7,9% des recettes budgétaires et 6,1% des exportations de biens et services.
Le Sénégal ne s’endette pas pour danser et manger. Il s’endette pour compléter les ressources nécessaires à la consolidation des bases de son développement. L’exemple type de cet endettement adjuvant ou complément du développement est là devant nous, à Diamniadio, laboratoire de l’audace, et la vision du Président Macky. Notre endettement est productif et non festif comme c’était le cas avec le Fesman. Il est dynamique et non figé sur de la simple théorie économique.
Notre endettement et notre richesse ne sont pas dilapidés dans le festif. Ils sont dans les 1525 villages de plus électrifiés soit 92% d’augmentation par rapport à l’année 2011. Ils sont dans le Pudc qui est en train de faire la révolution dans l’hydraulique rurale avec des records dépassant largement les 30 à 70 forages par an de moyenne de 1948 à 2012. Rien qu’en 2017, le Pudc est en train de réaliser 251 forages, sans compter les projets structurants du Président Macky à travers l’Usine de dessalement d’eau de mer pour Dakar, la 3ème usine de Keur Momar Sarr. Notre endettement et notre richesse sont dans les 1295 km de routes revêtues soit 259 km par an, contre 131 km de 2000 à 2011. Ils sont aussi dans les 36 km d’autoroute (Diamniadio-Sindia) contre 32 km de 2000 à 2012. Ils sont dans les 24 km d’autoroute Sindia-Mbour, les 113 km d’Ila Touba et les 28 km Thiès-Tivaouane à réceptionner en 2018. Notre endettement et notre richesse sont dans le Train express régional qui sera opérationnel début 2019. Ils sont dans les 1150 bus de transport urbain soit 230 bus par an contre 76 par an durant les 12 années précédentes. Ils sont dans les 710 bus supplémentaires reçus par Dakar Dem Dikk contre 409 en 12 ans de règne du Président Wade qui ignore sans doute que Sénégal Dem Dikk aussi est en marche avec des bus climatisés en lignes régionales régulières. Notre endettement et notre richesse ont permis d’avoir 951 000 tonnes de riz en 2016 soit une progression de 102% par rapport à 2012. En 2016, l’arachide est à 998 000 tonnes soit une hausse de 42% par rapport à 2012. L’oignon avec 393 000 tonnes en 2016 a progressé de 71% par rapport à 2012. La pomme de terre avec ses 52 000 tonnes en 2016 a connu une hausse de 333% par rapport à 2012. Les Ics, la Sonacos, la Nsts, la Sotexka ont été relancées. Mieux, le parc industriel de Diamniadio va bientôt être réceptionné. Notre endettement et notre richesse sont dans ce que le Président Wade n’a pas voulu voir depuis l’hélicoptère d’un jour.
En fin politicien, le Président Wade, pour faire oublier le «remplacement tacite» du numéro 2 de son parti Oumar Sarr par Me Madické Niang, a voulu servir un os à croquer à l’opinion. Le faux débat sur l’endettement du Sénégal est juste une question politicienne posée pour détourner les regards.
En vérité, le Président Wade sait plus que quiconque qu’après l’annulation de près de 60% en 2004-2006, la dette du Sénégal avait augmenté de 13% entre 2007 et 2006 (sic. Ndlr), puis de 20% entre 2007 et 2008 avant de progresser de 22% entre 2008 et 2009. On voit bien que le chantre actuel d’un niveau d’endettement optimal de 17% du Pib n’avait pas cette conviction quand il était aux affaires. Les 17% sortis du chapeau magique ne signifient rien en termes de pertinence. Le Président Wade, libéral travailliste, sait qu’en matière d’endettement, les notions de seuils en dehors des critères de convergences entre les Etats, ne se justifient qu’en rapport avec la vitalité d’une économie. Les prêteurs ne prêtent qu’aux riches ou à ceux qui ont du potentiel. La preuve, les Usa, avec plus de 20 000 milliards de dollars, sont à 103% de leur Pib !
Le Président Wade doit comprendre que la nouvelle trajectoire du Sénégal, sous la vision du Président Macky Sall, a déjà permis de faire des choses importantes aux plans économique et social. Les Sénégalais, majoritairement, voient la transformation du pays vers l’Emer­gence. C’est important. Le Président Wade doit comprendre que son successeur a fait largement plus que lui en si peu de temps. Ce n’est pas une attaque sur l’endettement qui effacera le bilan qui, comme le nez, est clairement fixé au visage du Sénégal.
Mamadou NDIONE
Economiste Ecrivain
Conseiller départemental à Mbour
Responsable politique Apr Diass