Energie solaire : L’accès des ménages jugé problématique

Si le Sénégal a accompli d’importantes avancées ces dernières années en termes d’édification de centrales solaires, tout reste à faire en ce qui concerne l’accès des ménages les plus pauvres à une énergie durable. C’est ce que souligne Mme Fatima Dia, présidente du comité de pilotage de la plateforme Initiative d’écosystème des entreprises du secteur de l’énergie solaire au Sénégal (Ieeies).
Ces dernières années, le Sénégal s’est fortement engagé dans la diversification de son mix énergétique. Aujourd’hui, près de 7 centrales solaires fournissent une énergie durable. Seulement, l’accès des ménages à ces énergies reste encore très problématique. Selon Mme Fatima Dia qui dirige le comité de pilotage de la plateforme Initiative d’écosystème des entreprises du secteur de l’énergie solaire au Sénégal (Ieeies), plusieurs facteurs expliquent encore le faible niveau de vulgarisation des énergies solaires auprès des ménages sénégalais. «La plateforme a identifié 10 contraintes liées à l’utilisation de l’énergie solaire», souligne Mme Dia qui s’exprimait hier, à l’occasion de la cérémonie de remise des prix du concours d’innovation pour l’accès à l’énergie. Il s’agit, entre autres, de l’absence de compétences en termes de formation, mais aussi de norme de qualité pour l’importation et la production. En outre, la plateforme note une absence de politique de distribution appropriée d’équipements solaires dans le pays et la nécessité de la réadaptation des politiques fiscales et douanières.
Devant toutes ces contraintes, les réflexions menées par la plateforme Ieeies ont permis d’identifier des pistes de solutions. Par exemple, indique Mme Dia, la plateforme va proposer 9 normes de qualité à mettre en application pour l’importation de matériels solaires dans le pays. Coordonnateur de cette plateforme, El Hadji Diop explique que le problème de financement est tout aussi réel. «On s’est rendu compte que quand quelqu’un veut un prêt pour acheter du solaire, la banque lui dit que c’est un produit de consommation courante qui se détruit vite. Raison pour laquelle les banques appliquent des taux d’intérêt très élevés de 10 à 15% avec une durée de remboursement très courte. On s’est dit qu’il faut développer des mécanismes de financement adaptés et les banques qui sont dans la plateforme ont accepté de les développer», souligne-t-il, en se référant à la Caisse nationale de crédit agricole (Cncas) qui a enclenché un processus pour se faire accréditer au Fonds vert climat. Selon Mme Dia, même si la volonté politique est bien là, il y a tout un travail à faire. «Il faut changer de paradigme. Dans les universités, il faut qu’il y ait des formations en la matière et des centres de formation professionnelle. Même les commerçants et les installateurs doivent être formés», souligne-t-elle.
23 millions à chaque entreprise
C’est pour renforcer la présence de ces entreprises du secteur de l’énergie solaire et leur permettre de passer à l’échelle que le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) a mis sur la table des subventions pour les cinq entreprises retenues à l’issue d’un concours d’innovation. «Vous avez beaucoup entendu parler du dernier km. Donc on cherchait des solutions qui permettent d’atteindre les populations les plus laissées pour compte», explique Mme Priya Gajraj, représentante résidente du Pnud à Dakar. A l’issue du concours, 5 entreprises ont reçu chacune un chèque de 40 mille dollars, soit environ 23 millions de francs Cfa. «On a donc décidé de sélectionner 5 entreprises à qui on donne 40 mille dollars, soit près de 23 millions de francs Cfa et ça leur permettra de passer à l’échelle et de mobiliser d’autres financements», explique M. Diop.
Ces entreprises primées proposent essentiellement des solutions en direction du monde rural. Des lampes, des congélateurs, mais aussi des solutions plus élaborées, permettant l’usage de fours solaires ou de moulins à mil. Voilà les innovations qui ont valu à Suntaeg, Palette des femmes émergentes, Little sun, Nadji bi et Bonergie d’être primées.
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