ENERGIE – Transition au gaz annoncée pour 2021 par le Pm : Bargny refuse des années de pollution au charbon

En marge d’un forum communautaire organisé ce week-end à Bargny, pour la célébration de la journée africaine du 25 mai contre le charbon et les énergies fossiles, des organisations de la Société civile ont déchiré le schéma du Premier ministre, Mahammed Boun Abdallah Dionne, relatif à une transition de la centrale à charbon au gaz à partir de 2021.
Le schéma du premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne sur une transition au gaz à partir de 2021 n’agrée plus à Bargny. «Une centrale qui pollue plus de cinq ans aura des effets de plus de 25 ans par rapport à la pollution que cela crée. Cela veut dire que ce sera trop tard. On ne peut pas attendre jusqu’en 2021 pour une transition vers le gaz (…).Il n’est même pas évident qu’en 2021 ils vont le faire. Nous sommes debout comme une seule personne pour dire non au charbon», a posé vendredi Daouda Guèye, directeur exécutif de Bargny coast water keeper. «Présentement, nous ne parlons plus de transition, mais de substitution. Nous voulons immédiatement que l’on puisse changer le charbon en gaz», a ainsi décliné M. Guèye. Même s’il a reconnu des effets néfastes au gaz, le directeur est d’avis que les impacts seront moindres. «Le gaz diminue de 30 % la pollution. Le gaz est un élément fossile qui pollue certes, mais moins que le charbon», a-t-il noté à ce sujet. Il s’exprimait en marge d’un forum communautaire organisé pour la célébration de la Journée africaine du 25 mai contre le charbon et les énergies fossiles. Plusieurs organisations dont Action solidaire international, réseau des associations pour la protection de l’environnement (Rapen), la fondation Rosa Luxembourg, le comité pour la campagne «decoalonise» (néologisme conçu avec le mot anglais coal voulant dire charbon) Sénégal s’étaient donné rendez-vous à Bargny pour porter le combat contre le charbon et les énergies fossiles. «Nous avons décidé de lancer la campagne decoalonise Sénégal pour mettre fin à l’ère des énergies fossiles et du charbon. Le Sénéga,l qui est signataire de l’accord de Paris qui milite pour la réduction des gaz à effet de serre, s’est engagé dans un rythme d’énergie fossile, mais surtout de charbon», a ainsi déploré Mamadou Barry de l’organisation 350.
La centrale à charbon va émettre 1 million de tonnes de Co2 par an pour une capacité de production de 925 Gwh d’électricité par an. Sa mise en service est programmée cette année. Elle va ainsi déverser des quantités importantes d’eaux chaudes dans la mer sans compter la pollution de l’air. «A Bargny, nous savons que 80% de l’économie découle de la pêche. Quand la centrale va commencer à produire, nos femmes qui sont dans la zone tampon risquent de quitter. Avec le rejet des eaux chaudes et polluantes, les pêcheurs seront aussi gravement impactés», a prédit M. Guèye, avec la conviction que Bargny, Sendou et Miname risquent tout bonnement de disparaitre.
«En l’an 2021, le Sénégal va exporter du gaz. Laissez la centrale s’achever pour qu’on la convertisse ensuite en centrale à gaz. Le président de la République a dit que les turbines qui sont présentement installées vont être transformées en turbines à gaz», avait promis le Premier ministre aux populations de Bargny, lors d’un meeting tenu en juillet 2017 à l’entrée de la commune.
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