C’est un communiqué laconique qui annonce la libération de six acteurs routiers sénégalais au Mali : «L’Union des routiers du Sénégal informe l’opinion de la libération des six acteurs routiers sénégalais enlevés au Mali. Nous remercions vivement les autorités, l’ensemble des acteurs routiers pour leur soutien, ainsi que notre Secrétaire général Gora Khouma pour son engagement constant.» C’est la même Urs qui avait annoncé l’enlèvement de ces compatriotes après l’attaque terroriste de Kayes, ce jeudi, qui revient pour partager la bonne nouvelle.

Dans un communiqué lunaire, le ministère de l’Intégration africaine et des affaires étrangères a répondu à celui publié par l’Urs plusieurs heures plus tard, assurant qu’il «a pris note d’un communiqué de presse de l’Union des routiers du Sénégal faisant état de l’enlèvement présumé de six ressortissants sénégalais par des groupes armés terroristes opérant au Mali». Les services de Yassine Fall, en partance pour le ministère de la Justice après le réaménagement opéré dans la nuit du samedi, montraient qu’ils étaient dans l’ignorance totale : «D’après les informations relayées, ces faits seraient liés à des attaques survenues les 3 et 4 septembre 2025 dans la commune de Diéma, dans un contexte marqué par les restrictions imposées par ces groupes sur le transport de certaines marchandises. A ce stade, aucun élément vérifiable ne permet de confirmer l’enlèvement signalé, ni d’établir avec certitude l’identité des personnes supposément concernées.

Le ministère tient à rassurer que, par l’entremise de l’ambassade du Sénégal à Bamako, il demeure en étroite concertation avec les autorités compétentes maliennes. Toute évolution pertinente relative à cette situation fera l’objet d’une communication officielle ultérieure.»

Malgré les doutes qui ont entouré cette information, Gora Khouma a confirmé l’enlèvement de ces 6 chauffeurs et apprentis relâchés 24 heures plus tard. «J’ai informé l’ambassade du Sénégal (à Bamako), le ministre des Transports, et le syndicat a fait un communiqué pour annoncer leur enlèvement. C’est une affaire qui a fait mal à tous les acteurs», dit le chef des routiers.

«J’ai pensé que nous allions être égorgés ou fusillés»
Enlevé par des éléments armés qui appartiendraient au Jnim, Birane Ndiaye, chauffeur de profession, revient de «l’enfer» : «Celui qui dit que cet enlèvement n’existe pas, n’a pas été à notre place. J’ai été enlevé en même temps que mon apprenti. On a incendié mon camion. Tout le container est parti en fumée. Ce fut une expérience douloureuse, parce que j’ai tout perdu : de l’argent et mes papiers. Nous avons passé la nuit sous la pluie, assis sur des nattes en plastique. J’ai pensé que nous allions être égorgés ou fusillés. Cela fait 24 ans que je suis dans le transport, je n’ai jamais vécu ça. On remercie tout le monde.»

Aujourd’hui, les 6 personnes sont rentrées saines et sauves chez elles, laissant derrière elles des souvenirs de cet épisode «douloureux».
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