Une enquête menée par Povvado, une structure américaine, démontre que si les gens font confiance à la science pour faire avancer les progrès dans les domaines de la santé et de la technologie, ils sont rendus sceptiques du fait de la difficulté d’accéder à l’information la plus correcte.Par Mohamed GUEYE

– L’information est capitale pour prendre de bonnes décisions, ainsi que pour convaincre les gens à accepter des innovations, aussi utiles qu’elles puissent être pour eux. Une personne, une population bien informée, est en mesure de prendre des mesures, et d’accepter des décisions, qui visent à améliorer son bien-être global et lui éviter des situations difficiles. Le paradoxe est que c’est au moment où l’accès à l’information semble le plus facile que les gens semblent avoir le plus de peine à être les mieux informés. De partout dans le monde, l’abondance des sources d’information ne rend que plus intense la soif de l’information la plus correcte, mais également difficile la nécessité de faire accepter des décisions justes. Car les idées les plus farfelues circulent en même temps, et parfois dans les mêmes canaux, que l’information vérifiée.
La pandémie à Covid-19 a donné une bonne illustration de cette situation. Les scientifiques, ainsi que les dirigeants politiques, ont été en butte à une forte suspicion, et même parfois à une franche hostilité dans certains pays, pour faire accepter les gestes barrières à certaines parties de la population. La vaccination également n’a pas été facile à faire accepter à tout le monde dans certains pays. Pourtant, ce ne sont pas les campagnes d’information et de sensibilisation qui ont fait défaut. Les mêmes difficultés se posent également dans d’autres domaines de la science. Des progrès ont été réalisés dans les domaines comme la lutte contre le tabac, où des entreprises ont pu mettre en service des produits de substitution à la cigarette, qui permettent de réduire la nocivité de ce produit et n’ont pas son caractère létal. Mais le manque d’information empêche beaucoup de consommateurs de par le monde de pouvoir en bénéficier. Cela, parce que l’information concernant ces produits, tout comme celle portant sur les médicaments de lutte contre le Covid-19 par exemple, est devenue sujette à controverse selon la perception des uns et des autres.

L’enquête de Povvado
Ces faits peuvent être bien illustrés par les résultats d’une enquête réalisée dans plus de 20 pays du monde, sur les 5 ­continents, par un organisme de consultance, basé aux Etats-Unis d’Amérique, dénommé Povvado. Les résultats en ont été discutés à Lausanne en Suisse, au mois de juillet ­dernier, et ils sont très éloquents sur la manière dont les opinions publiques de par le monde ­perçoivent le travail de leurs dirigeants ainsi que les progrès scientifiques qui influent sur les vies .

L’enquête démontre ainsi que 58% des gens estiment que leur opinion n’est pas prise en compte dans la manière dont les gouvernants font face aux problèmes. Dans le même temps, 71% trouvent que les débats sur la manière dont les pays font face à certaines questions sont devenus trop polarisés et ne semblent audibles que les opinions les plus extrêmes. Cela, dans tous les domaines, même concernant les découvertes scientifiques. Pourtant, 82% de personnes pensent qu’il y a toujours différentes manières d’aborder les questions dans un pays, et que les meilleures solutions résultent des décisions médianes, hors des extrêmes. Mieux encore, 90% des personnes interrogées sont d’avis que les décideurs ont besoin d’écouter les personnes concernées pour résoudre les problèmes auxquels ces personnes font face. Elles sont à peine moins nombreuses (88%) à souhaiter que les lois et règlements soient votés à la suite des éléments tangibles issus des avancées de la technologie.

Par conséquent, un nombre à peu près équivalent estime que les dirigeants et les décideurs devraient faire en sorte que les populations disposent des meilleurs instruments d’information, ainsi que des outils leur permettant de prendre les meilleures décisions, aussi bien sur le plan individuel que pour la société en général.

William Stewart, le Pdg de Povvado, qui était présent lors de la publication de ces résultats, a d’abord tenu à dire que cette enquête n’était qu’une partie d’une longue série d’enquêtes, portant les unes et les autres sur des questions d’intérêt général de la société. L’enquête en discussion, qui a été menée dans 22 pays de par le monde, et sur tous les continents, a pu interroger plus de 44 mille personnes équitablement réparties selon les âges et les sexes. Ont été également équitablement interrogés, des fumeurs et des non-fumeurs, sur leurs perceptions sur les avancées scientifiques et les prises de décision.
Stewart a souligné que de manière générale, l’enquête a révélé que les gens faisaient confiance à la science pour trouver des solutions aux maux qui affectent la société. Mais dans le même temps, un grand nombre à des difficultés à accepter certains résultats des découvertes scientifiques. D’où une forte attente envers les gouvernements, pour qu’ils prennent des décisions qui puissent garantir aux populations de disposer de tous les éléments d’information pour préserver sa santé. Comme pour illustrer ces propos, une participante au panel, Mme Lindsay Stroud, qui dirige une Ong américaine chargée de la protection des consommateurs, dénommée Taxpayer Protection Alliance Consumer Center, a déclaré que la mise à disposition des consommateurs japonais de bonnes informations sur leur santé, a permis en quelques années, une chute de 44% du nombre de fumeurs.
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