La Chambre d’accusation de la Cour d’appel de Ziguinchor a statué, ce mercredi, sur l’affaire de la tuerie de Boffa-Bayotte suite à l’interjection d’appel de la défense qui a demandé une liberté provisoire pour les 26 détenus ainsi que l’audition de témoins. Me Clédor ciré Ly, qui a en outre saisi d’ailleurs l’opportunité de cette audience pour dénoncer, face à la presse, les impairs notés dans l’enquête préliminaire et la manière dont le juge d’instruction a mené les auditions.

Justifiant face à la presse la pertinence de son appel, Me Clédore Ciré Ly, qui assure la défense de 26 détenus de l’affaire dite de Boffa-Bayotte, est d’avis que les actes d’investigation qui siéent à cette affaire n’ont pas été faits correctement et convenablement. C’est pourquoi, outre la demande de liberté provisoire des 26 détenus, Me Clédor Ciré Ly a demandé, et cela participait dit-il de l’exigence d’un procès équitable, l’audition de témoins, la confrontation de certains co-inculpés et éventuellement la confrontation avec des témoins désignés par la défense et qui peuvent aujourd’hui apporter la contre-vérité de la vérité supposée établie par l’enquête de gendarmerie, note-t-il. L’avocat de la défense qui, face à la presse en marge de l’audience de la Chambre de cassation, a pris la responsabilité de dire que cette enquête de gendarmerie est une véritable arnaque. «Elle s’est contentée de ramasser des innocents, des membres d’une même famille et même des personnes qui n’étaient pas à Ziguinchor au moment des faits pour les impliquer dans une tuerie», a-t-il indiqué. On a établi le mensonge, tous les mensonges trouvés dans le procès-verbal d’enquête de la gendarmerie ; et apporter la preuve avec des alibis, poursuit-il, de la non-participation de ces personnes à ces événements. «Mais le juge d’instruction a tout bonnement refusé d’écouter des témoins qui constituaient des alibis, d’écouter des personnes ou des autorités qui pouvaient apporter la preuve que telle ou telle personne ne pouvait pas faire partie de ces tueries», se désole-t-il. Occasion de formuler formellement une seconde fois une exigence. «Nous prenons la responsabilité de demander à ce que publiquement le juge d’instruction entende Bachir, à l’époque directeur de la Rts, ainsi que le chef d’Etat-major actuel de l’Armée sénégalaise qui, à l’époque, pouvait connaître des faits précis pouvant innocenter des personnes qui sont aujourd’hui injustement emprisonnées», dixit Me Clédor Cré Ly.
L’avocat des détenus de Boffa-Bayotte qui dit avoir sollicité également des expertises qui allaient établir que l’enquête de gendarmerie participait d’une arnaque et non d’une enquête judiciaire ou policière. «Ce que le juge d’instruction a également rejeté», argue-t-il. Et le pire, selon l’avocat de la défense, est qu’aucun acte d’investigation n’a été fait en dehors des auditions. «Même la reconstitution des faits n’a pas été faite, ce qui est une exigence là aussi d’un procès équitable ; et ce pour que des éléments qu’il considère comme étant des éléments de preuve puissent être confortés ou pas par cette reconstitution des faits», assène-t-il. Suffisant pour sensibiliser l’opinion publique nationale et internationale par rapport à l’histoire de la Casamance qui ne saurait être, selon lui, résumée au Mfdc.
«On a tendance à dire que tout ce qui se passe ici c’est le Mfdc, et beaucoup d’innocents ont effectivement fait les frais de ces errements, ces confusions et de ces mensonges», soutient-il. Une manière de dire formellement que 25 personnes sur les 26 accusées et qu’il défend ne savent même pas ce que c’est le Mfdc. «Il est temps que notre police judiciaire ou en tout cas les enquêtes de police et de gendarmerie fassent l’objet effectivement de vérification par les juges d’instruction», plaide Me Ly. Pour la robe noire, l’article 72 du Code de procédure pénale stipule d’ailleurs que les éléments de l’information recueillis par les officiers de police judiciaire doivent être vérifiés par les juges d’instruction. «Mais ces derniers ne vérifient aucun élément. Donc, les actes d’investigation que nous avons demandés pour la manifestation de la vérité ne peuvent pas être refusés par le juge d’instruction», souligne-t-il. Et pour Me Clédor ciré Ly, c’est là toute la pertinence de la saisine de la Chambre d’accusation par rapport à l’affaire Boffa-Bayotte, une juridiction qui n’a malheureusement pas joint, regrette-t-il, toutes les procédures. «Et nous avons demandé qu’on renvoie la date d’expertise, d’audition et de confrontation de témoins à une date afin de permettre à la défense de renforcer son dossier afin de convaincre la Chambre d’accusation sur le fait qu’il n’y a pas d’enquête réelle et qu’il faudrait que tout soit fait dans les règles de l’art et que l’on parte résolument vers des investigations pour la manifestation de la vérité», a-t-il justifié par rapport au nouveau renvoi de cette affaire. Quid du rejet de la liberté provisoire décidé par la Chambre d’accusation suite à cette audience ? Me Clédor Ciré Ly, qui a pris acte de cette décision, dit s’accorder un délai d’un mois pour étoffer davantage son dossier.