Un dernier au revoir à une légende. La chanteuse irlandaise Sinéad O’Connor, retrouvée morte fin juillet à son domicile londonien, a été enterrée ce mardi au sud de Dublin. Son pays natal a choisi de la célébrer lors d’une procession funéraire le long du front de mer à Bray, une petite ville proche de la capitale irlandaise. C’est ici que la chanteuse a vécu pendant 15 ans. «Sinéad, merci de nous avoir entendus et d’avoir répondu. Désolés de t’avoir brisé le cœur», pouvait-on lire sur un hommage laissé à la porte de la maison. «Sinéad a adoré vivre à Bray», ont écrit ses proches. Avec cette procession, sa famille voudrait reconnaître «l’élan d’amour des habitants» de la région et d’ailleurs, depuis l’annonce de sa mort, une gigantesque inscription «Eire loves Sinéad» («L’Irlande aime Sinéad») est apparue dimanche en lettres blanches de neuf mètres de haut sur une colline près de Bray.

Un cortège devant son ancienne maison
Avant cette marche dans toute la ville, une cérémonie funèbre privée a tout d’abord eu lieu, en présence du Président irlandais Michael D. Higgins et son épouse, Sabina, ainsi que le Premier ministre Leo Varadkar. «La vague de chagrin et d’appréciation de la vie et de l’œuvre de Sinéad O’Connor témoigne de l’impact profond qu’elle a eu sur le Peuple irlandais», a réagi Michael D. Higgins, cité par la télévision publique irlan­daise RTE. Umar Al-Qadri, imam en chef du Centre islamique d’Irlande, était en charge de mener un service de prières lors de la cérémonie, puisque la chanteuse s’était convertie à l’islam en 2018, et portait le nom de Shuhada Sadaqat. A l’issue de la cérémonie, le cortège de fans est notamment passé devant l’ancienne maison de la chanteuse, où avaient été déposées des gerbes de fleurs depuis l’annonce de sa mort le 26 juillet. Une centaine d’admirateurs étaient déjà sur le front de mer ce matin. Le parcours s’étendait du Harbour Bar, à l’extrémité de Strand Road au nord de la ville, et rejoignait l’autre extrémité du front de mer sur un peu plus d’un kilomètre. L’enterrement a ensuite eu lieu en privé. La disparition à 56 ans de Sinéad O’Connor, devenue une star mondiale en 1990 avec le tube Nothing Compares 2 U, écrit par Prince, avait suscité une avalanche d’hommages en Irlande et dans le monde. La chanteuse terminait un nouvel album, préparait une tournée et avait même pour projet de porter à l’écran son autobiographie publiée en 2021 et intitulée Rememberings, selon ses agents.

«Le courage de parler»
Mais elle était aussi connue pour son combat contre les abus sexuels dans l’Eglise catholique, qu’elle accusait de ne pas avoir suffisamment protégé les enfants. Elle avait déchiré en 1992 une image du Pape Jean-Paul II à la télévision aux Etats-Unis. «Elle avait le courage de parler quand tous les autres restaient prudemment silencieux», avait souligné sur son site Internet Morrissey, le chanteur des Smiths. Les causes de sa mort n’ont fait l’objet d’aucune communication. La police avait déclaré que son «décès n’est pas considéré comme suspect». Mais ces dernières années, la chanteuse déversait ses états d’âme sur les réseaux sociaux : elle menaçait ses anciens associés de poursuites judiciaires, s’épanchait sur ses problèmes de santé physiques et mentaux, partageait ses pensées suicidaires et ses relations compliquées avec sa famille. En 2022, son fils Shane, 17 ans, avait mis fin à ses jours. Sinéad O’Connor avait alors été hospitalisée après avoir indiqué qu’elle songeait, elle aussi, au suicide.
Le Parisien