Il est venu à l’Apr après son élection à la tête de la mairie de Ngor en 2014. Cependant, Amadou Guèye, dit Ati, ne veut pas jouer les porteurs d’eau ni pour Mame Mbaye Niang ni pour Abdoulaye Diouf Sarr. L’édile préfère laisser les populations de Ngor trancher le cas de Mame Mbaye Niang qui a déclaré son ambition de briguer la mairie. Dans cet entretien réalisé au sortir du vote du budget de la commune, Amadou Guèye peint un tableau sombre de sa commune, où «tout manque».
Mame Mbaye Niang a décidé d’être candidat à la mairie de Ngor. Allez-vous le battre ?
Il n’a pas dit qu’il sera candidat contre moi, mais qu’il sera candidat. Il est libre de le faire. On est là, on essaie d’aider le Président dans son programme. Est-ce que je serai candidat ? Nous n’en sommes pas encore là parce que la date des élections n’est pas encore connue.
Il y a 3 camps de l’Apr à Ngor. Au-delà de votre camp, il y a ceux de l’ancien Dg de l’Aser Antou Guèye Samb et Mame Mbaye Niang. Tout cela ne risque-t-il pas de semer les germes de sa défaite ?
Je ne suis pas défaitiste. Seuls, nous avons gagné cette commune en 2014. Si notre groupe ira aux élections, je pense que nous allons gagner cette commune.
Mais vos camps ne travaillent pas ensemble…
Si, nous travaillons ensemble. Disons que chacun a ses ambitions ! C’est tout à fait normal. A un moment donné, si nous sommes tous animés par cette volonté d’aider le président de la République, nous allons nous retrouver.
Que Mame Mbaye Niang qui n’est pas originaire de Ngor veuille briguer la mairie ne vous pose pas problème ?
Je laisse la population apprécier cette donne. Pour les élections à venir, ce sera Mame Mbaye Niang contre les populations de Ngor.
Vous êtes réputé pro-Diouf Sarr qui aurait facilité votre entrée à l’Apr. Est-ce vrai ?
Je ne suis pro-personne. Je m’entends avec tout le monde. Je ne suis pas ministre, mais je peux me targuer d’avoir autant de militants dans l’axe Ngor-Ouakam-Yoff.
Quel est votre bilan à la tête de la commune de Ngor depuis votre élection en 2014 ?
C’est un bilan positif puisque nous avons trouvé la commune à un endroit X et que nous l’avons menée à un endroit Y. Aussi bien à propos de l’investissement, des infrastructures ou du social, nous avons bien avancé.
Quelles sont vos réalisations ?
Sur le plan sportif, le stade municipal est en phase de finition par rapport au gazonnage. Nous sommes en train de discuter avec des partenaires pour créer une école de formation. Nous avons commencé à faire des pavages dans les zones de Ngor. Nous avons créé des écoles et modernisé celles qui étaient en place. Nous avons l’un des meilleurs centres de santé de Dakar.
Sur le plan de l’éducation, Ngor traîne encore l’absence d’un lycée…
C’est indépendamment de notre volonté. C’est notre grand regret pour le moment puisque je viens juste d’écrire au président de la République pour lui rappeler sa promesse. Le seul maillon qui manque à nos réalisations, c’est ce fameux lycée dont le monde parle et à juste titre. Ngor doit avoir un lycée et c’est tout à fait normal et légitime. On se bat pour ça et nous n’avons pas encore dit notre dernier mot. Je pense que nous aurons ce lycée très bientôt, s’il plaît à Dieu.
Ngor n’a pas de Cem non plus…
Là, on n’attend pas l’Etat. Si l’Etat ne nous vient pas en aide, nous allons nous débrouiller avec nos partenaires pour pouvoir au moins monter un Cem en attendant un lycée. Nous travaillons là-dessus et pas plus tard qu’avant-hier (dimanche), nous avons tenu une réunion allant en ce sens. Nous avons commencé à faire les plans et nous allons voir dans quelle mesure nous allons accompagner les populations, en attendant d’avoir le lycée.
Au même moment, il est construit à Yoff un deuxième lycée. La commune de Ngor est-elle laissée en rade par l’Etat ?
Je suis tout à fait d’accord avec vous. Le président de la République en est conscient et sait que le problème qui me tient à cœur, c’est le lycée de Ngor. Nous avons grandi ici et connaissons ce que les populations endurent pour aller étudier à Yoff et Ouakam. Nous devons trouver une solution à ce problème.
Ngor est très sale. Que fait la mairie en ce sens ?
L’insalubrité est un problème national. J’allais dire que c’est notre sport national. Nous qui avons vécu autre part savons de quoi nous parlons. Nous dépensons beaucoup d’argent dans l’assainissement, le nettoyage. Nous allons faire des investissements cette année pour que les eaux de pluie qui circulent puissent être réglées. On l’a prévu dans le budget que nous avons voté ce matin. Il y a le problème des canaux. On est en train de construire l’autre canal d’eau pluviale. Le grand problème de Ngor, c’est le canal, et il n’est pas de notre ressort. C’est l’Onas qui gère. Il y a des branchements clandestins qui viennent de Liberté 6, de Ouakam… Le canal vient de Liberté 6 et tout se déverse chez nous. Même nos zones de ponte de poisson sont dans une situation déplorable. Ce canal qui vient de Liberté 6 nous pose un préjudice énorme. On a interpellé l’Onas. Vous vous rendez compte que s’il pleut, on ne peut entrer dans la mairie.
Quel est le montant de votre budget ?
Nous avons un budget de 3 milliards 400 millions. C’est un budget assez conséquent. Nous voulons redimensionner notre système de collecte des impôts pour pouvoir faire en sorte qu’il soit beaucoup plus réaliste par rapport à ce que nous voulons faire.
Ngor est une zone économique avec de grands hôtels, des bars, des restaurants… N’est-il pas paradoxal de voir cette commune dans cette situation ?
Tout manque à Ngor. Sur le plan des infrastructures, il n’y a pas grand-chose dans cette commune. C’est vrai qu’il y a beaucoup d’ambassades, des bars-restaurants… Ngor est une commune très attractive, mais qui manque de beaucoup de choses. Nous avons un problème d’espace. Tout est habité par les gens. Les gens n’ont même pas un lieu pour s’épanouir. Le stade municipal est le seul lieu de sport dans la commune. Ce n’est pas normal. L’Olympique de Ngor reçoit depuis que je suis là 50 millions de francs par an en guise de subvention. Si elle a des mauvais résultats aujourd’hui, il faut poser la question aux encadreurs. Nous avons pris l’option de discuter avec des Français pour construire un centre de formation pour que les jeunes soient formés à la base.