Amadou Mbaye, président des Amateurs authentiques de la lutte, a pris part aux concertations nationales. Avec du recul, il est revenu sur les questions brûlantes qui agitent le «sport de chez nous» dont le conflit Cng-Collectif des lutteurs. Entretien.
CONCERTATIONS SUR LA LUTTE : «Ce genre de rencontre a toujours existé»
«Nous remercions le ministre des Sports qui nous a permis de se retrouver ensemble. Ce genre de rassemblement se faisait sous une autre forme avec le Cng ; soit d’une manière sectorielle ou sous forme de concertations élargies à d’autres segments de la lutte. Donc ce genre de rencontre a toujours existé. A la veille de l’ouverture d’une nouvelle saison, c’est comme cela que ça se passe. Le Cng consulte les acteurs de la lutte pour leur demander d’envoyer leurs suggestions et voir ce qu’ils veulent qu’on change. Disons que ces concertations nationales sur la lutte, c’est un format amélioré.»
CONFLIT CNG-COLLECTIF LUTTEURS : «L’association défend ses intérêts mais pas ceux de la lutte»
«Je pose même la légitimité de cette association de lutteurs. Je n’ai jamais vu une discipline dans le monde qui soit dirigée par des gens partis à la retraite. Cette association défend-elle l’intérêt des lutteurs ? A ce que je sache, ils défendent leurs intérêts personnels. Ils parlent de quoi ? Ils parlent de sanctions financières, de licences… J’ose comprendre qu’ils défendent leurs intérêts mais pas ceux de la lutte. Le rapport financier qu’ils exigent, ils n’ont qu’à le demander à la tutelle. Le Cng ne va jamais donner le rapport financier sans l’autorisation de la tutelle. Parce que ce n’est pas une fédération, c’est une structure d’exception qui ne rend compte qu’à la tutelle qui l’a mise en place. Ça c’est très simple. S’ils étaient imprégnés du règlement, ils n’allaient jamais poser cette question. Ils allaient directement voir le ministre des Sports.»
FEDERATION OU MAINTIEN DU CNG : «On ne peut pas avoir une fédération à l’état actuel»
«Le problème a été posé lors des concertations. Ce qui est ressorti des propositions, c’est qu’on a rejeté la fédération. On ne peut pas avoir une fédération à l’état actuel des choses. Parce que pour avoir une fédération, il y a une pyramide à construire. On ne peut construire une pyramide en commençant par le haut. Il n’y a pas encore de district. Une fédération, c’est dans la durée. C’est très tôt d’en parler même s’il y a une transition de quatre ans qui est fixée pour en arriver là. Il faudra évaluer parce que je ne vois pas l’Etat donner à la fédération 200 ou 300 millions pour les combats de lutte. Je suis dubitatif. C’est aux privés à qui revient la charge d’investir leur argent dans la lutte.»
ARENE NATIONALE : «L’Etat doit revoir l’aspect sécuritaire»
«Il y a des améliorations à faire. Il faudra voir la topographie de l’Arène nationale. Il faudrait que l’Etat prenne ses responsabilités pour voir la spécificité de l’arène pour revoir l’aspect sécuritaire. Dans mes propositions, j’ai émis l’idée qu’on construise là-bas un poste de police ou une brigade de gendarmerie mitoyenne. Et qu’à chaque fois qu’il y a un grand combat qu’on fasse des jalonnements jusqu’aux points les plus sensibles. Pour prévenir la violence dans l’arène, il y a trois étapes : celle primaire, c’est au niveau des écoles et écuries de lutte, là il faudrait organiser des ateliers de sensibilisation. Il faudrait pendant les combats, une présence accrue des Forces de l’ordre. Il faudrait que le ministre des Sports prenne des textes pour responsabiliser davantage les présidents d’écurie. C’est une mesure à prendre en amont.»
DEPART EXIGE DE ALIOUNE SARR : «Il n’est pas question qu’il parte»
«Le débat, il ne doit pas être crypto-personnel. Alioune Sarr, c’est un homme de valeur, c’est un meneur d’hommes. Alioune Sarr, c’est un homme compétent. Je ne vois pas le départ de Alioune Sarr. Pourquoi il partirait ? Je ne vois pas les raisons. Il a ramené la lutte à ce stade-là. C’est à son avènement que les gens se bousculent pour gérer la lutte. Auparavant personne ne voulait de la lutte. Il y a maintenant un engouement autour de la lutte. Il n’est pas question que Alioune Sarr parte pour le moment. Si on doit améliorer les textes, qu’on le fasse et qu’on le laisse travailler jusqu’à ce que l’autorité décide de son départ. Ce n’est pas aux lutteurs de décider qui sera au Cng ou qui n’y sera pas. C’est laissé au pouvoir discrétionnaire de l’autorité.»
VIE DE L’ASSOCIATION : «Nous ne sommes pas dans la super médiatisation»
«Nous sommes à l’ombre. Nous ne sommes pas dans la super médiatisation. Nous sommes des administratifs. Notre action se porte sur les correspondances qu’on fait au Cng, au ministère des Sports, au Cnoss, au président de la République. Notre association va vers une Assemblée générale prévue dans deux mois pour revoir le bureau et élaborer un cahier des charges en vue de la nouvelle saison.»