A la suite de la visite guidée qu’on vient d’effectuer sur le Dac d’Itato, qu’est-ce qu’on peut retenir ?

Il faut dire qu’on est en fin de campagne. Comme vous l’avez constaté sur le terrain, nous sommes dans les travaux d’égrainage du maïs. Dieu merci, la production est bonne, contrairement à l’année dernière où elle était de 42 tonnes. Plus de 300 t de maïs sont attendues cette année. De même pour l’aquaculture, notamment la pisciculture, on a 19 tonnes de poissons disponibles au niveau du Dac d’Itato. D’ailleurs, d’ici fin janvier 2018, on mettra sur le marché 4 t de poissons frais. La production va s’accélérer les mois qui suivent. Il faut aussi dire que dans la production de poissons, nous sommes dans la diversification avec l’introduction du poisson chat. On ambitionne d’introduire d’autres espèces les années à venir pour répondre à la demande des populations.

La fabrique d’aliments pour les poissons sera fonctionnelle au courant de janvier à février. Cela va beaucoup aider à l’accroissement de notre capacité de production et à l’atteinte de nos objectifs. C’est pour vous dire que les choses sont en train de bouger au niveau du Dac d’Itato. Il me plaît à cet effet de vous annoncer qu’on a récemment reçu 180 ruches pour démarrer la production de miel. Chaque ruche à une capacité de production de 30 litres. Ce qui va nous faire plus de 5 t de miel qu’on va récolter au courant de l’année 2018. On prépare actuellement la contre-saison chaude et des groupements d’entrepreneurs agricoles (Gea) sont financés par le Crédit national agricole du Sénégal à hauteur de 3 millions 800 mille francs Cfa.
En plus de cela, il y a d’autres structures comme l’Anpej qui se sont signalées pour accompagner d’autres jeunes qui vont s’investir dans le Dac. Parallèlement à cela, il y a d’autres Gea qui sont en train d’être accompagnés et encadrés par nos services. Il y a par exemple le Gea des détenus de la Mac de Kédougou qui ont fait une bonne production de maïs cette année. A ce stade, les activités ont vraiment bien décollé au niveau du Dac d’Itato dans quasiment tous les secteurs. Les acquis seront maintenus en 2018 et nous passerons à la phase d’accélération de la cadence. Cette année, on a fait 223 ha de maïs et d’arachide. La saison à venir, on fera 500 h au minimum pour booster davantage la production.

Est-ce à dire que vous êtes dans une phase d’intensification de la production ?
Oui ! Tout à fait. Nous sommes à la fois dans une phase de pérennisation et d’intensification de la production. Il y a beaucoup de producteurs de la région qui ont émis le souhait d’être enrôlés dans nos activités cette année. C’est ce qui justifie d’ailleurs la prévision de 500 h à emblaver pour la saison prochaine. On envisage même de sortir du Dac en appuyant les zones périphériques qui gravitent à son tour. Pour la pisciculture, on se frotte les mains. Tous les bassins sont fonctionnels. Le travail se fait correctement. Il nous reste l’introduction de nouvelles espèces parce que les bassins ont été dimensionnés pour 4 espèces de poissons. Deux espèces sont introduites pour le moment et les deux autres seront introduites au courant de l’année 2018.

Une production de plus de 300 t de maïs est attendue pour cette année. Sachant que l’écoulement a toujours constitué un problème, est-ce que cela a été réglé en amont ?
Cette question a été réglée avant même les activités. C’est pour dire qu’on accorde une importance capitale à l’écoulement de la production. Pour cette année, on a déjà des acheteurs et des commandes, mais on est dans des pourparlers avec ces derniers pour fixer le prix de vente d’un commun accord. Juste le temps de finir l’égrainage qu’on est en train de faire et on va s’atteler à l’écoulement de la production. De la même manière pour le poisson, notre ambition est d’inonder le marché de Kédougou. Il me plaît d’annoncer qu’il y aura chaque mois une commercialisation de poissons durant les 6 mois à venir et au-delà, on devrait pouvoir commercialiser toutes les deux semaines. On a une quantité suffisante de poissons à Itato.
L’aliment est disponible. En dehors de l’aliment importé, on a une fabrique d’aliments. Un système est déjà mis en place avec le comité de gestion qu’on vient de redynamiser. Durant l’année 2018, on va produire des centaines des tonnes de poissons au grand bonheur des populations. En outre, il faut dire que pour la commercialisation de l’arachide, on a trouvé un accord avec la Sonacos qui va implanter deux points de collecte à Kédougou sous la supervision et l’implication du comité de gestion du Dac. Cette disposition va non seulement nous permettre de récupérer nos graines, mais permettre les autres producteurs et opérateurs de pouvoir écouler leur production.
En plus de la spéculation arachide, nous sommes encore dans la production de bananes. Beaucoup de gens consomment les bananes made in Itato à Kédougou sans se rendre compte. Il y a de cela trois semaines, on a mis sur le marché plus de 2 t de bananes. Et d’ici 3 semaines, 500 kg seront mis sur le marché. C’est dire donc que la filière banane est aussi en progression en même temps que nos produits maraîchers. L’année dernière, on a mis sur le marché 4 t de produits maraîchers. Cette année, plus de 10 Gea vont s’activer dans la production maraîchère. Au minimum 10 t de produits maraîchers sont attendues en 2018 sur le marché avec différentes spéculations.

Les activités bougent au niveau du Dac, mais l’engagement de la jeunesse laisse à désirer. Quelles sont les stratégies mises en œuvre pour inciter ces derniers à s’intéresser davantage au Dac ?
C’est vrai. C’est un constat et une réalité qui sont là, mais il faut relativiser, car ils viennent. Même si ce n’est pas comme on l’aurait souhaité. Néanmoins, on est en train d’y travailler pour les amener à s’approprier du Dac. Déjà, il y a des jeunes modèles à Itato et même des jeunes revenus de l’émigration qui y travaillent. C’est dire qu’on ne désespère pas. En plus du travail de communication et de sensibilisation que nous mettons en œuvre, les jeunes vont venir massivement travailler au Dac pour participer au développement de leur terroir. On va aussi les accompagner dans le sens de l’encadrement et de la formation. Il y a beaucoup de jeunes qui souffrent du manque de qualification. C’est d’ailleurs l’occasion pour moi de magnifier la collaboration qui existe entre le Lycée technique industriel et minier de Kédougou avec le Prodac. A travers cette collaboration, 10 ha vont être aménagés au niveau du Dac. Ils serviront de cadre de formation pratique au lycée qui s’en servira pour la mise en œuvre de sa nouvelle filière dédiée à l’agriculture.

Relance : Le Comité de gestion du Dac réactivé

Jusque-là en veilleuse, le comité de gestion du Dac d’Itato a commencé à fonctionner avec l’arrivée du nouveau coordonnateur. Abdoul Laobé Diallo, président de ce comité, explique : «Depuis que le comité a été mis en place, il n’a pas fonctionné. Il est arrivé à un moment où les producteurs avaient un problème de commercialisation. Il a pu le gérer sans tambour ni trompette à un bon prix.»