La Plateforme Aar li nu bokk/Noo lank/Doy na maintient sa manifestation prévue ce vendredi. Le chargé du recrutement et déploiement du Frapp, Bentaleb Sow, refuse que le Président Macky Sall «confine les libertés de manifester».

Allez-vous organiser votre marche avec ou sans autorisation du préfet ?
Nous avons déposé notre lettre d’information conformément à la loi et, en plus, nous avons déjà subi l’enquête de routine à la police. Alors, c’est au préfet d’appliquer la loi, c’est tout ! Ce que nous n’avons jamais accepté et n’accepterons jamais, c’est de se soumettre à la décision du préfet quand elle est illégale.

Beaucoup ne comprennent pas pourquoi vous tenez à la marche au moment où l’autorité a interdit tout rassemblement à cause du Covid-19…
Vous savez, même en temps normal, nous ne voulons pas manifester. Nous aurions tellement aimé que dès lors que nous posons sur la table une revendication légitime, l’autorité concernée la prenne en charge comme il se doit. Donc, on n’en arriverait jamais à des manifestations. Pourtant ils nous ont montré que c’est possible. Avant notre dernière manifestation, beaucoup de dossiers de la plateforme revendicative ont connu une avancée remarquable ou ont même été satisfaits. Par exemple, les 189 ex-travailleurs de la Senelec ont été réintégrés après 3 ans de lutte, les habitants de Guéreo, de Gadaye, les travailleurs de King Fahd, les étudiants de l’Uvs ont été reçus par des autorités compétentes, pour résoudre ces conflits. Il faut savoir que les problèmes de ces milliers de Sénégalais ne connaissent ni de jour férié ni de week-end. Ce n’est pas quelque chose qu’on peut cacher sous un lit ou ranger dans un tiroir. Ce sont des questions de survie comme le sont d’ailleurs les questions sanitaires. Si les autorités sont assez responsables, qu’elles prennent en considération les revendications.

Quels sont les motifs de la manifestation et espérez-vous une mobilisation dans un tel contexte ?
La marche a pour objet d’exiger le paiement des 14 mois d’arriérés que le centre d’appel Pcci et la Sonatel doivent aux travailleurs de Pcci, le paiement par l’Etat de 49 mois dus aux travailleurs de Abs Sénégal. Nous réclamons que Afup Canada paie à chacun des 200 étudiants victimes de son escroquerie les dommages et intérêts qui s’élèvent à 1 million de francs Cfa conformément à la décision de justice, l’arrêt de la spoliation foncière à Ballabougou (Nguènienne), un audit foncier, la restitution des terres aux paysans et pasteurs de la localité, l’arrêt de la spoliation foncière à Kignabour, un audit foncier, la restitution des terres aux paysans, pasteurs et habitants de la localité, l’arrêt de l’accaparement des terres à Guéréo par le Groupe Decameron, un audit foncier, la restitution des terres aux paysans, pasteurs et habitants de la localité, exiger des mairies de Oréfondé, Agnam, Dabia, Thilogne, la transparence envers la population et la lumière dans la signature d’un financement de 700 milliards. Il faut également ajouter la protection de la bande de filaos et la sauvegarde et la promotion de l’emploi des jeunes sur cette bande, le respect des droits des licenciés des autoroutes à péage Ila Touba et Aibsd-Mbour, le recrutement immédiat de tous les animateurs culturels au chômage, la restitution définitive des terres de Djilakh et de Ndingler, la protection de la forêt classée de Mbao. Nous voulons manifester aussi contre la vie chère, la protection des consommateurs, l’annulation des derniers forfaits de Orange, la suspension de toute attribution de terres, un audit foncier national, une gestion démocratique des ressources naturelles. La liste est loin d’être exhaustive. Bref, que les autorités prêtent une oreille attentive à toutes ces revendications. Jusqu’ici, ce que je peux vous dire, c’est que nous organiserons notre manifestation ce vendredi inchaAllah. Nous marcherons du rond-point Ucad au ministère de la Culture, en respectant les mesures barrières bien-sûr. Toutes les organisations victimes d’injustice qui sont dans la plateforme multi-luttes Doyna, Aar li nu bokk et Noo lànk seront bien représentées comme d’habitude. Le coronavirus est dangereux. Nous luttons contre ce virus. Mais les virus de la spoliation foncière, de l’agression de l’environnement, le virus du piétinement des droits des travailleurs et de l’exclusion du droit des étudiants, le virus de la privatisation de l’hydraulique rurale…, sont aussi dangereux, voire plus dangereux même que le coronavirus. Le Président Macky Sall ne peut pas vouloir confiner les libertés de manifester alors qu’il ne confine pas les injustices faites au monde rural, au monde du travail, aux étudiants, entre autres. Certains parmi nos membres préfèrent être atteints du coronavirus plutôt que d’être victimes de népotisme et de clientélisme dans les recrutements dans la fonction publique ou de ne pas recevoir leur machine comme ce qui arrive aux étudiants de l’Uvs. Nous appelons tous les Sénégalais épris de justice à nous rejoindre. Nous ne devons pas attendre d’être victimes d’oppression pour pouvoir rejoindre ces manifestations. Il faut tuer le monstre avant qu’il ne nous avale tous !