Soupçonné d’être «de connivence» avec le régime de Macky Sall, le député Cheikh Abdou Bara Dolly Mbacké s’attaque à l’attitude des Libéraux à l’Assemblée nationale. Dans cet entretien réalisé par WhatsApp, le député de Bokk gis gis répond au «show man» Toussaint Manga, à la «comédienne» Mame Diarra Fam, et considère que d’autres députés gèrent leurs intérêts personnels.D’après Toussaint Manga, le groupe Liberté et démocratie n’a pas soutenu votre recours devant le Conseil constitutionnel parce que votre démarche n’a pas été discutée au sein du groupe. Est-ce le cas ?
Toussaint Manga raconte des contrevérités. Il n’était même pas présent lors des travaux de commission, car il était en voyage. Il a attendu la plénière pour venir faire son show. C’est un show man. J’ai parlé avec le président du groupe parlementaire Liberté et démocratie. J’ai eu 11 signatures et c’est le Pds qui a bloqué la requête. Actuellement, le Pds est en session de rattrapage auprès de l’opinion pour se laver. Moi, je ne me reproche rien. J’ai fait tout ce que j’avais à faire en adoptant la posture d’un député engagé aux côtés de ses concitoyens et qui défend leurs intérêts. Je n’ai pas peur d’être seul dans ce combat. Je considère que la modification de la loi sur l’Etat d’urgence est anticonstitutionnelle. On a réduit les pouvoirs de l’Assemblée nationale au profit des préfets, gouverneurs et ministères.
La députée libérale Mame Diarra Fam vous demande de dire ceux qui ont signé votre requête et Pape Diop, votre leader, s’est démarqué de votre démarche. Finalement, qui a signé pour vous ?
Je ne répondrai pas à Mame Diarra Fam que je considère comme une comédienne à l’Assemblée nationale. Elle s’est filmée lors de sa prise de parole et l’a publiée pour montrer qu’elle se bat pour le Peuple. Mais ce sont ces mêmes populations qui veulent la fin du couvre-feu, le rejet de la modification de la loi sur l’Etat d’urgence. Je l’ai appelée pour lui dire mon intention de saisir le Conseil constitutionnel. Mame Diarra Fam a salué ma démarche, mais a ajouté que lorsqu’elle fut exclue du Conseil d’administration de l’Aibd, personne ne l’a soutenue. Ça c’est un combat personnel et c’est différent d’un combat pour le Peuple. Deuxièmement, Mame Diarra Fam se dit députée de l’opposition et Macky Sall amène à l’Assemblée nationale le projet de loi 45/2020 portant sur le taux d’intérêt et le taux légal, elle a appelé tous les députés à voter ce projet de loi sans débat, juste pour plaire au ministre Abdoulaye Daouda Diallo. Abdoulaye Wade ne sait pas que les députés du Pds gèrent leurs intérêts. Ensuite, je ne fais rien sans aviser le président Pape Diop. Je défie quiconque de sortir une déclaration de Pape Diop remettant en cause ma démarche. Dans les rangs de mon parti, le député Nango Seck m’avait donné sa parole pour signer. En ce moment, il était en Italie. Kiné Mbaye n’était pas au courant. Yaye Mané Albis m’a dit qu’elle va en parler à Pape Diop. Elle n’est pas revenue vers moi. Mais pour cette dame, elle vote le budget de Matar Ba, ministre des Sports, parce qu’elle dit être de Fatick. On ne l’a jamais entendue fustiger dans un plateau de télévision, à la radio ou dans un journal la politique de Macky Sall et défendre le parti. Yaye Mané Albis explique souvent que la vie n’en vaut pas la peine. Elle gère une agence de voyage et donc vote systématiquement le budget du ministère des Affaires étrangères parce qu’elle dit ne pas vouloir perdre des marchés. Donc il y a beaucoup de députés qui ne sont à l’Assemblée nationale que pour gérer leurs intérêts.
Pourquoi avez-vous décidé de faire fi de la directive du groupe Liberté et démocratie de ne pas aller au Palais pour remettre le rapport au président de la République sur la Mission d’information ouverte sur la gestion des inondations ?
Dans notre groupe, on a choisi 3 personnes, en l’occurrence Marie Sow Ndiaye pour le Pds, Mamadou Lamine Diallo pour Tekki et moi au nom de Bokk gis gis. La Mission d’information était composée de 13 députés. J’avais dirigé la zone de Touba et Mbacké, en compagnie de la présidente Awa Guèye et Ibrahima Abou Nguette. Marie Sow Ndiaye était du côté de Ziguinchor et Mamadou Lamine Diallo était quelque part. Chaque député avait reçu 1 million 200 mille francs Cfa comme frais de mission. Personne n’a dit au groupe avoir reçu cette somme. On fait le travail et on organise un séminaire à Saly pour partager les conclusions du rapport. Marie Sow Ndiaye était rapporteur. Donc, elle fait partie des rédacteurs du rapport qui a été validé par tout le monde. Lorsqu’il s’est agi de le présenter au bureau de l’Assemblée nationale, la représentante du Pds a dit qu’elle était en voyage. Mamadou Lamine Diallo a décidé de ne pas y aller. Moi, j’ai fait mes constats sur les montants qui devaient aller à Touba et qui ne l’ont pas été. J’avais mis en exergue les infrastructures qu’on disait avoir réalisé alors que ce n’était pas le cas. Ces manquements ont aujourd’hui conduit au limogeage de Lansana Gagny Sakho de la tête de l’Onas. Je suis un démocrate et un républicain. Ils disent attendre le feu vert de Wade. C’est un faux prétexte. Pourquoi lorsqu’ils allaient participer à cette Mission d’information ils n’ont pas informé Abdoulaye Wade ? Pourquoi ils ont décidé de prendre ces frais de mission ? Quand j’en ai parlé au président Pape Diop, il m’a dit qu’en tant qu’ancien président de l’Assemblée nationale, il reste un républicain et m’a conseillé d’y aller.
Etes-vous de «connivence avec le régime en place», comme le soutiennent les membres du Pds ?
C’est une accusation sans fondement. Si je travaillais pour Macky, j’allais le dire à haute voix. Je ne suis pas de ceux qui se disent députés de l’opposition, mais portent des propositions pour voter un projet de loi de Macky Sall sans débat. Je vote le budget du ministère des Finances et celui du ministère des Forces armées. D’ailleurs pour ce dernier ministère, tout le monde vote son budget. Je considère qu’au ministère des Finances il y a des techniciens. La Douane, la direction des Impôts et domaines, le Trésor, le directeur de Cabinet du ministre des Finances, le directeur du Budget, ce sont des fonctionnaires qui étaient là sous Abdoulaye Wade. Ce sont des cadres qui servent l’Administration. J’ai toujours voté le budget du ministère des Finances. C’est par principe.