Cheikh Bakhoum milite pour une structuration de l’Apr même s’il ne partage pas la démarche de Moustapha Diakhaté. Le responsable apériste de Grand Yoff juge «regrettable» la situation agitée que vit le parti au pouvoir.
Etes-vous d’accord avec l’exclusion de Moustapha Diakhaté ?
Je suis tout à fait en phase avec la décision du parti. Moustapha Diakhaté est un camarade qui était là depuis la création de l’Alliance pour la République. Il fait partie des premières personnes que j’ai connues dans le parti. La situation que nous connaissons au sein du parti est extrêmement regrettable. Tout ça est dû au fait que l’Apr est un très grand parti. C’est normal que les gens donnent leurs avis. Il est par contre très regrettable que ces avis soient donnés sur la place publique, dans la presse. Nous pouvons poser nos idées, nos divergences dans le cadre des instances du parti. J’espère que Moustapha Diakhaté pourra revenir à de meilleurs sentiments et réintégrer le parti. Mais je dénonce vigoureusement ses attaques contre le parti et, parfois même, contre son président. Cela a conduit naturellement à son exclusion. Si j’avais posé ces actes, je ne pourrais qu’attendre une exclusion. Quand on est responsable de l’Apr, on se doit de défendre ce parti et sa direction.
L’Apr est-elle scindée en deux avec la création du mouvement de Moustapha Diakhaté ?
Son mouvement ne peut pas prospérer au sein du parti. Soit on est membre de l’Apr ou on ne l’est pas. Les statuts de l’Apr ne prévoient pas la création de mouvements en son sein. Les actes de Moustapha Diakhaté sont désormais posés hors de l’Apr et n’engagent pas le parti.
Mais un organe dénommé conseil de discipline n’existe pas au sein des statuts de l’Apr. Ce conseil n’a-t-il pas violé la loi ?
Dans le cadre des statuts, le président du parti peut désigner une commission pour évaluer n’importe quelle situation. Dans le cadre de l’exclusion, il est prévu la création d’une commission qu’on peut appeler conseil de discipline ou autre chose. Moustapha Diakhaté est un cas de flagrant délit. Quand quelqu’un a la prétention de créer au sein du parti un mouvement sans l’aval des instances, la résultante ne doit être qu’une exclusion.
L’opposition et les non-alignés vont au dialogue national en rangs dispersés. Ces concertations ne constituent-elles pas un piège pour ces segments de la classe politique ?
Chacun est responsable de ses actes. Au niveau de l’Apr, le Président Macky Sall a pris l’option, après sa réélection, de dialoguer avec toutes les forces vives de la Nation sur les questions à enjeu national. Certains ont pris l’option de ne pas répondre, on l’accepte. Demain, ils devront se justifier devant le Peuple. Est-ce que c’est un piège ? On n’a contraint personne à venir dialoguer. Les parties sont là pour donner leurs avis. Il n’y a pas de piège. Je pense que les Sénégalais doivent évaluer ceux qui veulent diriger le Sénégal à partir de leurs capacités à absorber les divergences, les contradictions.
Etes-vous pour la restructuration de l’Apr ?
Le débat est posé depuis longtemps. L’Apr a été créée en 2008. En 2009, on a gagné une dizaine de collectivités territoriales. En 2012, on accède au pouvoir et une réélection en 2019. Maintenant, on a ce défaut de structuration classique à partir de la base. Au niveau de la Convergence des cadres républicains avec le coordonnateur Abdoulaye Diouf Sarr, nous sommes en train de réfléchir sur des propositions de structuration. Il est important au sein de l’Apr de nommer des responsables au niveau de la base, au niveau national pour avoir une meilleure animation au-delà des structures officielles comme la Cojer, le Meer, le Mouvement des femmes, la Convergence des cadres… On s’achemine vers des Locales et je pense que la réflexion pourrait être approfondie pour que l’Apr soit mieux structurée et demeure ce parti fort, capable d’incarner l’espoir des Sénégalais pendant plusieurs décennies.
La majorité a gagné à Grand Yoff lors de la dernière Présidentielle. Avec la sortie de prison de Khalifa Sall, ne craignez-vous pas de perdre cette commune, fief de l’ex-maire de Dakar ?
Vous avez bien fait de rappeler que Benno bokk yaakaar a gagné à Grand Yoff lors de la réélection du Président Macky Sall. D’élection en élection, les populations nous montrent leur attachement à notre projet. Grand Yoff ne dispose plus de maternité, c’est grave. Nos structures de santé sont dans un état extrêmement inquiétant. La gestion des marchés est une calamité. Grand Yoff mérite mieux que sa situation actuelle. Maintenant, nous ne faisons pas de fixation sur des personnes. Nous allons présenter une offre politique aux Grand Yoffois et l’avenir que nous voulons leur donner. C’est sur ça que nous sommes en train de travailler.