«Ndéné avait demandé qu’on fusille les transhumants» «Bass Kébé est un personnage flottant»

Même s’il n’est plus ministre de l’Intérieur, Cheikh Sadibou Fall garde sa hargne de «premier flic» du pays. Sa cible : les transhumants du Pds qui ont rejoint le pouvoir, ces «petits ruminants, sans conviction et sans dignité» ou «des rats, premiers à sauter dès que le navire coule». Dans cet entretien, le responsable libéral évoque le retour de Karim Wade et les appels au dialogue du président de la République.

Comment se porte le Pds à moins de 10 mois de la Présidentielle ?
Le Pds se porte très bien. On a perdu le pouvoir en 2000, mais lorsque le navire coule, ce sont toujours les rats qui sautent en premier en se jetant à l’eau. Nous avons connu une certaine saignée au sommet, au sein des cadres et autres, mais au Pds, quand vous coupez une tête, une autre beaucoup plus importante pousse. Cette saignée a fait qu’à un moment donné, les gens ont cru à un Pds affaibli. Certains avaient poussé le bouchon jusqu’à dire que le parti allait voler en éclats et disparaître. Or, la réalité montre que le Pds est le premier parti de l’opposition. Actuellement, on fait des tournées pour la vente des cartes et ça se passe bien.

Une vente des cartes sans le porte-parole Babacar Gaye et Mamadou Bassirou Kébé qui dénoncent les modalités d’organisation de cette activité…
Babacar Gaye a démissionné de ce comité chargé de la vente des cartes. C’est son droit le plus absolu et il l’a justifié par convenances personnelles. Il demeure toujours le porte-parole du Secrétaire général national et défend le parti. Il participe à toutes les activités du parti. Peut-être qu’il n’est pas disponible pour faire ce travail. Quant à Bass Kébé, on ne comprend pas ses positions. Il doit dire aux Sénégalais de quel bord il se situe. Tantôt il est avec Fada, tantôt il est avec le Pds. C’est un personnage flottant qui veut faire croire que le parti n’existe pas. Vous avez vu ce qu’on a subi comme saignée avec les Awa Ndiaye, Souleymane Ndéné Ndiaye, Sada Ndiaye et une douzaine de cadres qui ont transhumé vers le pouvoir. Cela n’ébranle en rien notre attachement à Me Abdoulaye Wade et notre conviction de faire de Karim Wade le prochain président de la République en 2019.

Justement, Bass Kébé déclare dans L’Observateur que c’est bien Karim Wade le problème du Pds…
C’est Bass Kébé qui est un problème pour le Pds. S’il arrivait à stabiliser son appartenance politique, peut-être qu’il aurait pu avoir une voix beaucoup plus crédible pour faire avancer ou changer les choses. Karim Wade est la solution du Pds et celle du Sénégal. Il est allé lui-même s’inscrire sur les listes électorales au Koweït en toute liberté. Certains l’avaient présenté comme un prisonnier au Qatar. En plus, il y a des obstacles que le pouvoir est en train de mettre pour l’empêcher de revenir.

Quels types d’obstacles ?
L’obsession de Macky Sall, c’est de faire en sorte que Karim Wade ne puisse pas se présenter. Il mettra tous les obstacles possibles avec ses juristes-maison et en manipulant la justice. L’objectif sera d’invalider la candidature de Karim. Mais nous avons, nous aussi, nos moyens juridiques pour faire en sorte que Karim puisse se présenter. Ce pays est sous haute surveillance policière. On l’a vu le 19 avril dernier. Personne ne peut plus bouger. Il y a des patrouilles partout parce que le pouvoir a peur. Karim Wade travaille au Qatar et il se prépare pour 2019.

Son retour dépend du Pds ou du Président Macky Sall ?
Il ne dépend que de Karim Wade qui a les moyens de revenir. Il était au Qatar par la volonté du régime de Macky Sall. Mais dans toutes les prisons, on peut arriver à se libérer. Il a les moyens de quitter le Qatar, ce qu’il fera bientôt.

Quand exactement ?
Je ne peux pas vous le dire. Ce sera certainement après le ramadan. Pour battre Macky Sall, il faut 2 ou 3 pôles de l’opposition pour pouvoir soutenir le meilleur candidat de l’opposition au second tour. L’essentiel, c’est de faire partir ce régime finissant. On voit aujourd’hui les problèmes au sein de l’Apr avec les cas Moustapha Cissé Lô et Alioune Badara Cissé. Le problème de l’Apr, c’est Macky Sall. Ceux qui se sont battus avec lui se retrouvent complètement marginalisés à cause de ces transhumants qui viennent du Pds. Je les appelle les petits ruminants.

Ah bon ? Avez-vous le même point de vue pour les Jules Ndéné, Awa Ndiaye, Sada Ndiaye ?
Tous ces transhumants qui ont quitté le Pds pour Macky Sall sont de petits ruminants. Ce sont des gens sans conviction et qui manquent de dignité. A quelques mois des élections, ils se font appâter et migrent dans un parti qui risque de perdre les élections. Macky Sall, lui-même, avait qualifié ces transhumants de rats. L’un des transhumants, Souleymane Ndéné Ndiaye, avait même proposé qu’on fusille les adeptes de ce type de comportements.

Que répondez-vous à l’appel du président de la République pour un dialogue après le vote de la loi sur le parrainage ?
Le Pds a toujours été un parti disponible pour le dialogue, mais nous sommes en face d’un président de la République et chef de l’Apr qui a un problème avec sa parole et ses offres de dialogue. Chaque fois qu’il nous appelle, c’est pour amuser la galerie et après prendre des décisions à sa guise. On l’a vu sur le parrainage et avant les élections législatives. Toutes les propositions que nous avions faites, comme sur le bulletin unique, ont été rejetées. Il s’est dédit sur sa promesse de réduire son mandat de 7 à 5 ans. L’opposition a un problème de confiance avec Macky Sall qui est un homme qui ne respecte jamais sa parole. Mais le Pds attend des offres pour discuter du Code électoral si c’est quelque chose de sérieux, d’inclusif et que les résultats de ces concertations seront pris en compte afin de rendre plus démocratique et plus crédible l’organisation des élections.

Quelle est également la position du Pds par rapport à l’appel du président de la République pour un dialogue sur le pétrole et le gaz ?
Lorsque l’opposition avait agité les contrats avec Pétro Tim, Macky Sall avait dit qu’il n’y avait pas de problème sur le pétrole et le gaz. S’il dit aujourd’hui que les textes qui régissent la gestion de ce pétrole ne sont pas conformes aux intérêts du pays, c’est contradictoire. Cela veut dire que Macky accepte que tout ce qui a été fait ne correspond pas aux intérêts du Sénégal, y compris les récents accords conclus avec la Mauri­tanie. C’est un aveu de taille. Si le Président devait partir en 2019, il aurait beaucoup de comptes à rendre sur cette question relative à nos ressources naturelles parce que sa famille y est lourdement impliquée, notamment dans le dossier Pétro Tim.