Diéwo Ndiaye est revenu sur le calvaire des inondations que vit la population de la commune de Wakhinane Nimzatt que dirige le maire Racine Talla. Il s’est également prononcé sur le limogeage de Me Moussa Diop et le livre de TAS, avant d’interpeller le leader du Grand parti, Malick Gakou, pour qu’il revienne en banlieue pour re-préparer son avenir politique avant de viser le niveau national.

M. Ndiaye, vous dirigez un mouvement politique. Quelles sont ses ambitions ?
Je me nomme Diéwo Ndiaye. Je suis conseiller municipal, adjoint au maire de Wakhinane Nimzatt, responsable politique du Mouvement pour la grande banlieue (Mgb). Ce mouvement polarise Guédiawaye, Pikine et Rufisque. Et au niveau de ces grandes villes, nous avons des représentants. Le mouvement a pour objectif d’instaurer une approche participative des populations dans la sauvegarde des ouvrages publics et l’amélioration du cadre de vie au niveau des trois départements. Il ambitionne de devenir un des acteurs principaux des projets de développement pour la banlieue et ses initiateurs demandent aux citoyens de les rejoindre massivement dans ce cadre pour lever le défi de l’aménagement de leur vie pour mieux lutter contre la pauvreté.

Les populations vivent le calvaire des inondations, particulièrement votre commune. Quelle lecture faites-vous de la situation ?
Les inondations au niveau de ma commune sont le fait de la population. La commune ne devrait pas connaître des inondations. C’est parce que les populations ont déversé des ordures dans les canaux à ciel ouvert que cela est arrivé. Et le plus souvent, ce sont des produits imperméables et d’autres matières qui bouchent les égouts. Et les eaux de pluie ne coulent pas normalement. Il faut qu’il y ait un suivi pour que ces ouvrages puissent être surveillés. Nous avons une population inconsciente et ce sont elles qui crient dès que les gouttes de pluie commencent à tomber. Et je profite aussi de cette occasion pour dire que ces mouvements associatifs que sont les Asc et autres structures ne sont d’aucune utilité pour les populations. Nous avons une localité inondée et parmi les Asc, personne n’intervient. Elles ne sont actives qu’en période de navétanes, avant d’encaisser les subventions.

La question du troisième mandat du chef de l’Etat a conduit au limogeage de plusieurs responsables Apr. Le dernier en date est celui de Me Moussa Diop, ex-Dg de Ddd. Cette question est-elle tabou ?
Un chef de parti, s’il demande à ses responsables de ne pas se prononcer sur un éventuel troisième mandat, si une personne s’aventure à en parler, c’est un manque de respect à son leader. Macky Sall a été très clair, en disant, je n’aurai jamais un troisième mandat. Donc, Me Moussa Diop a voulu peut-être se donner de l’importance, et le bâton est tombé sur lui. Il n’a qu’à assumer.

Thierno Alassane Sall vient de sortir un livre dévoilant plusieurs secrets sur le pouvoir. Il s’en est suivi des débats. Des res­ponsables du pouvoir d’ail­leurs ont condamné l’ouvrage, le qualifiant de trahison. Votre point de vue ?
Je ne suis pas d’accord avec lui sur son ouvrage. Il ne peut pas attendre qu’on l’exclue du gouvernement pour sortir un livre. C’est injuste ! Il devait mener le combat à l’interne. Il a gardé des secrets pour après les utiliser comme arme. Soit on crée un parti comme a eu à le faire Ndéné Ndiaye ou Abdoul Mbaye, parce qu’ils ne voulaient pas mourir politiquement. Et cela montre encore que le pays ne les intéresse pas. Ils sont là pour leurs propres affaires.

Est-ce que le Sénégal a une opposition digne de ce nom pour défendre les intérêts des populations ?
Tout le monde sait que l’opposition n’existe plus au Sénégal. Ceux-là qui se réclament comme opposants ne croient même pas en eux-mêmes. Et le chef de l’Etat sait qu’il a en face de lui des farceurs. Aujourd’hui les Sénégalais ont un problème parce que si dans un pays comme le Sénégal il n’y a pas d’opposition, c’est grave et inquiétant. En tout cas, ceux qui sont là et qui se réclament de l’opposition manquent de respect aux populations.

Aliou Sall est le coordonnateur départemental Apr et maire de Guédiawaye. Quelle lecture faites-vous de sa gestion depuis qu’il est installé à la tête de la mairie ?
Guédiawaye est en marche et tout le monde le sait. Beaucoup de projets ont été réalisés et ça aussi il faut le lui reconnaître. Nous ne nous sommes parlé qu’au téléphone. Je n’ai jamais cherché une audience avec lui. Il y a des responsables de Bby qui décrient sa façon de gérer le département. Certains disent que Aliou Sall n’a pas de considération envers les membres de la structure. Si tel est le cas, il devrait alors changer de méthode. Parce qu’un responsable de parti doit être ouvert à tout le monde, et surtout que vous êtes tous unis dans un parti.

Un mot sur une grande figure politique qu’est Malick Gakou. Quelle analyse faites-vous de son avenir politique, surtout au niveau départemental ?
Je le salue au passage, c’est un ami. Sur son avenir en politique, je lui ai conseillé de retourner en banlieue, surtout à Guédiawaye. Il faut qu’il puisse avoir la banlieue en main avant de parler au niveau national. La politique de médiatisation est bien belle. Mais si l’élection arrive, tu sens nettement que tu es passé à côté.

Il a décidé de tourner le dos au département pour militer au niveau national. Est-ce qu’il ne s’est pas senti humilié par le fait qu’il a été toujours battu dans son bureau de vote ?
Il m’a clairement dit : «Diéwo, j’ai tout fait pour la banlieue. J’ai tout fait pour les lutteurs, les Asc, les groupements de femmes et d’autres structures. Mais à chaque fois, je suis trahi.» Et c’est pour cela qu’il s’est découragé au niveau de la banlieue. Je lui ai dit de ne pas se décourager, car il a misé sur des gens à qui il ne devait pas avoir confiance. Que ce soit les lutteurs, les Asc et griots, tu ne gagneras jamais avec eux. Ce ne sont pas ceux-là qui détiennent l’électorat. Il faut aller voir les groupements de femmes, les personnes ressources qui sont chez elles. Malick Gakou, politiquement sa force est en train de diminuer. Je lui lance encore un appel, en tant que frère, pour qu’il revienne à Guédiawaye.

On sait que beaucoup des gens contestent la gestion du maire Racine Talla. En tant que conseiller municipal, adjoint au maire, sa méthode de gestion à distance de la mairie est-elle positive ou négative ?
Ce que je peux dire de lui, c’est que c’est un travailleur. Il a beaucoup fait pour le département de Guédiawaye, particulièrement sa commune. Au début, il avait impliqué tout le monde dans la gestion de la cité. Mais il y avait des gens qui étaient là juste pour saboter les programmes et projets. Heureusement qu’il s’est débarrassé d’eux. Il y avait des gens qui étaient là uniquement pour bloquer les courriers destinés au maire. C’était juste pour le mettre en mal avec la population. Mme Talla a joué un rôle extraordinaire par rapport à la gestion de la commune. Elle ne veut pas voir son mari échouer dans sa commune. Certes l’Apr est un parti clanique, mais seul Racine Talla associe tout le monde, à savoir l’ensemble de Bby. Sur ce plan, il est mieux que Aliou Sall par le fait d’associer la coalition Bby dans tout ce qu’il fait.

Par rapport au Covid-19, quel a été le travail mené pour la lutte ?
Il a donné des dotations à tous les établissements scolaires, privés comme publics. Gels, masques, savons ont été distribués dans 52 quartiers. Et tout le monde le reconnaît. Même au niveau des autres communes, il y en a qui ont été dotés. Il a fait un travail que tout le monde salue.

Serez-vous candidat aux prochains élections locales ou allez-vous soutenir le maire Racine Talla ?
Si Racine Talla se présente, je vais le soutenir pour qu’il puisse être réélu. Je suis prêt à travailler pour lui, parce que c’est une personne qui convient à la commune. Et le réélire ne fera que le bonheur des populations. Il n’a qu’à travailler avec ceux qui ont un électorat. Et je soutiendrai sa candidature.