Le maire de la commune de Ninéfesha a décidé de sortir de sa réserve pour apporter toute la lumière sur les reproches à lui faits par rapport à sa gestion, accusée de «nébuleuse» par Sory Cissé qu’il qualifie de politicien en «perte de vitesse». Dondo Keïta revient dans cet entretien sur l’affaire du bus de l’ancien hôpital de Ninéfesha, le matériel de l’hôpital en décrépitude et la gestion des fonds alloués à la santé.

Il y a eu une marche des jeunes pour protester contre votre gestion qu’ils jugent de «nébuleuse». Qu’en est-il ?
C’est l’œuvre d’un adversaire politique en perte de vitesse, en l’occurrence Sory Cissé. Il avait fait avant un point de presse à Thiokoye où les populations ne sont pas sorties. C’est le même qui est venu perturber la quiétude des populations à travers cette soi-disant marche parce que, il faut le dire, les gens n’étaient pas sortis. C’est un adversaire politique, un opposant que j’ai gagné en 2014 lors des élections locales. Et pourtant, curieusement, il se réclame de l’Apr alors que c’est totalement faux. J’ai une preuve de ce que j’avance. Voici un bulletin de vote de Mbolo Wade des dernières élections législatives. Voici son nom qui y est inscrit : Sory Cissé, enseignant. Son leader national était Farba Senghor. S’il veut massifier son parti, ça ne se passe pas comme ça. Etre opposant ne veut pas dire qu’il a droit de faire tout ce qu’il veut. Ensuite, nous ne nous immisçons même pas dans ce qu’il fait. Pourtant, on pouvait agir comme lui, mais on ne le fait pas parce que justement nous sommes des responsables et nous n’avons pas peur. Il ne nous ébranle pas. Quand on utilise la violence, le dénigrement et autre en politique, c’est parce qu’on est faible et qu’on n’a pas d’arguments à faire valoir. La preuve, s’il n’était pas faible, il n’allait pas demander à des jeunes innocents de s’armer de gourdins pour empêcher à des femmes de se rendre à une activité. C’est quelqu’un qui ne sait absolument rien de la commune. Alors quand quelqu’un de ce genre se met à raconter des contrevérités sur ma gestion, cela me fait rire. Pour preuve, quand il dit que j’ai donné les fournitures scolaires au mois de janvier ou février, c’est totalement faux. Voici une lettre (il montre la lettre) que le directeur de l’école de Soucouta m’a adressée en guise de remerciements par rapport à notre diligence dans la distribution des fournitures scolaires. Le village de Soucouta est l’un des plus reculés de la commune, à plus d’une vingtaine de kilomètres. La lettre du directeur date du 7 novembre 2017. Vous pouvez vous-mêmes la lire. Si lui se met à dire autre chose, il ne raconte que ce qui l’engage et ce n’est pas une réalité. Ensuite, quand il parle de mécontentement dans la gestion du bus, il n’y en a pas. Au cas où il y en aurait, ce serait entre lui et l’Infirmière chef de poste (Icp). Cette dernière aussi n’a rien compris. Parce que depuis le départ, j’ai écrit pour demander la rétrocession du bus au nom du comité de santé. J’ai joint à la lettre le procès-verbal d’installation du comité de santé. La lettre a été envoyée à Dakar auprès de l’ancien ministre de la Santé Awa Marie Coll Seck. Lorsqu’on a commencé à faire rouler le véhicule, après 4 jours de circulation, il a été immobilisé sur ordre du gouverneur. Il est resté pendant six mois sans circuler. J’ai beau négocier, on m’a fait comprendre qu’un poste de santé ne peut pas faire rouler un véhicule de transport en commun. La commune peut le faire. J’ai réécrit une deuxième fois au nom de la commune pour permettre aux populations de pouvoir se déplacer. Je me suis déplacé jusqu’à Dakar où j’ai rencontré le directeur de Cabinet du ministre de la Santé, le directeur du Matériel et de la maintenance. Ce dernier m’a même dit qu’il faudrait mettre en place un Comité de gestion tripartite où il y aura le bus, le poste de santé et la mairie. De telle sorte que chaque partie puisse avoir un pourcentage. A mon retour, j’ai intéressé l’infirmière chef de poste parce qu’elle voulait qu’on lui remette l’argent que fait entrer le bus. J’ai refusé pour éviter que le bus s’arrête. En tant que maire, je lui ai fait comprendre que le bus revient aux populations. Elle n’a pas voulu comprendre. Elle s’est opposée à la mise en place du comité de gestion du bus qu’on a voulu mettre sur place. Sous prétexte que c’est le sous-préfet qui l’a installée et c’est à ce dernier de venir pour assister à la mise en place dudit comité. J’ai demandé à mes conseillers de s’occuper de la gestion du bus. Elle est là pour son poste. Nous, nous sommes élus par et pour les populations. Par conséquent, nous privilégions leurs intérêts. Il leur fallait débourser 6 000 francs pour se rendre à Kédougou alors qu’avec le bus c’est seulement 2 000 F pour l’aller et le retour. C’est plus bénéfique pour les populations. Mon objectif c’est que le bus facilite le déplacement de mes populations et que l’accès à Ninéfesha soit facile. Ensuite si le bus appartenait au poste et que c’est une continuité, et ils le prétendent, je me demande pourquoi on va écrire au ministre pour une rétrocession de ce matériel ? Si c’est une continuité, un poste de santé est diamétralement opposé à un hôpital. Il y a des césariennes qui se faisaient, des analyses, le laboratoire qui fonctionnait. Il y avait tout cela. Pourquoi alors ça ne fonctionne pas maintenant alors que le matériel est sur place ? Où est donc la continuité ?
Au sujet du matériel, on vous reproche d’être source de blocage par rapport à sa délocalisation ?
Ceux qui le disent racontent ce qu’ils veulent. Personnellement, il n’y a pas une personne qui m’a officiellement saisi pour dire qu’ils veulent délocaliser le matériel. S’il y a des gens qui veulent mettre la main sur le matériel par un vol, je ne vais pas laisser faire. Je vais m’interposer. Ce que le Dr. Diokhané (il est l’ancien médecin-chef du district sanitaire de Kédougou) faisait était inadmissible. Il remettait une note à l’Icp seulement et venait prendre le matériel comme il veut, alors qu’il y a un inventaire de tout le matériel qui a été fait en présence des autorités administratives. Parce qu’il faut le dire, il a pris du matériel à Ninéfesha. J’en ai pour preuve l’écho-mobile qui n’est plus là. Je ne sais même pas où il l’a amené. Au moins, si c’était pour délocaliser, ne ce est-ce qu’une seringue, je pense que le sous-préfet qui est représentant légal de l’Etat devait être saisi de même que moi qui suis là. Je suis politicien c’est vrai, mais je suis maire et je représente aussi l’Etat. Quand j’ai su ces pratiques, j’ai informé le ministère de tutelle qui n’a pas tardé à réagir pour que cela cesse parce que le médecin-chef de région à l’époque a été directement saisi par la tutelle. C’est ce qui fait qu’on dise que c’est moi qui bloque. Mais personne n’a écrit légalement pour demander un matériel pour le bien des populations de Kédougou ou autres et que je dise non. S’ils veulent prendre le matériel en coulisse, ça ne passera pas. Parce que si je suis informé, je bloque. C’est mon rôle de préserver ce bien de la communauté. Je suis le garant du matériel qui est là, car je suis le premier responsable. Il ne faut pas que les gens se trompent aussi.

Où se trouve présentement ce matériel ?
Ah ! Il avait dit qu’il l’a amené à Kédougou. Mais sincèrement, je n’en sais pas grand-chose. Ce sont les responsables sanitaires de Kédougou qui savent si le matériel est là-bas ou pas. A notre niveau, on dispose d’une liste de tout le lot de matériels qu’il (le Dr. Diokhané) a enlevé à l’hôpital de Ninéfesha.

L’hôpital de Ninéfesha dispose d’un matériel haut de gamme. Après sa réouverture comme centre de santé secondaire, est-ce que vous avez demandé à ce qu’on vous affecte un médecin pour la prise en charge des malades et éviter que le matériel ne se gâte comme c’est le cas actuellement ?
Je réponds par l’affirmatif. On avait fait la demande et les démarches. D’ailleurs, cela a été à l’origine de mes différends avec l’ancienne infirmière-chef de poste qui a été affectée ici quand le ministère m’avait dit qu’il allait m’envoyer un médecin. Effectivement, un médecin a été affecté pour Ninéfesha. Il s’agit de Dr. Danfakha qui a été finalement bloqué au centre de santé de Kédougou. C’est vrai. A l’époque, il n’y avait pas de courant pour son logement. N’empêche, il aurait dû venir prendre au moins service et au besoin faire un rapport sur l’état des lieux et expliqué ce qui l’empêche de commencer à travailler au lieu de rester à Kédougou. Il y a des moments, quand l’ambulance de Kédougou tombait en panne, on prenait celle d’ici pour évacuer les patients sur Tambacounda. Pour­tant, je n’ai jamais refusé. Parce que quiconque est malade à Kédougou, c’est nous tous qui devons y mettre notre contribution.

On vous interpelle sur la gestion des fonds alloués à la santé. Pouvez-vous nous en dire plus sur la manière dont ces fonds sont répartis ?
Ce qui se passe à ce niveau, c’est que les gens confondent la carte sanitaire et le découpage administratif. Je le dis parce qu’au niveau du Code général des collectivités locales, il est dit que le maire est responsable des populations dans toute l’étendue de sa commune. A cet effet, il peut y avoir des villages qui dépendent d’un poste de santé qui n’est pas celui de Ninéfesha comme ce qui s’est passé. Nous avons des cases de santé qui travaillent avec l’Icp de Thiabédji, dans la commune de Bandafassi. On a une autre case de santé qui travaille avec l’Icp de Dindéfélo. Et les professionnels de santé nous disent que lorsqu’il faut faire quelque chose, il faut s’adresser au technicien, c’est l’Icp et des fois le médecin. Mais comme les cases de santé doivent être dotées de médicaments, on est obligé de se rapprocher des infirmiers-chefs de poste de santé de Thiabédji et de Dindéfélo. En fonction de ce qui m’a été dit, j’ai donné à chacun de ces postes un appui en médicaments pour la prise en charge sanitaire des populations de ma commune qui sont dans leur zone d’intervention. Ainsi, Thiabédji qui gère 11 villages abritant les populations de ma commune a eu un appui en médicaments d’une valeur de 500 mille F Cfa et Dindéfélo, 2 villages de ma commune, 200 mille F Cfa. Alors, s’ils veulent me dire que je ne dois pas appuyer ces structures de santé pour soigner mes populations, ils perdent leur temps. Je vais veiller et j’ai l’obligation de veiller sur mes populations afin qu’elles aient accès à des soins de santé de qualité. Dans la commune de Bandafassi, je n’ai pas de cases où se soignent mes populations. Je n’ai rien fait parce qu’effectivement je ne dois rien faire. C’est pourquoi ils parlent de gestion nébuleuse ou que je gère mal en relevant les plateaux techniques de Thiabédji et de Dindéfélo. C’est parce qu’ils n’ont rien compris. Si ces cases de santé dépendaient des autres communes, je n’allais pas les soutenir. Mais ce sont mes cases de santé et mes populations. Ces personnes qui s’agitent sont de mauvaise foi. Elles ne veulent pas que les populations bénéficient des retombées de la commune.